Charles Goerens: "Intervenir en Irak? On nous a rien demandé"

Hier, à l'occasion de la traditionnelle cérémonie des vœux de son administration, le ministre de la Défense, Charles Goerens, a accepté de faire part de la teneur des défis qui l'attendent pour 2003 et de ses sensations devant les menaces de conflits actuelles.

Monsieur le ministre, à titre personnel, que peut-on vous souhaiter pour l'année 2003?

La santé et d'être à la hauteur des défis qui me sont lancés en matière de définition et de contribution à la sécurité extérieure et par conséquent, à la stabilité en Europe et dans le monde.

Quels sont ces défis?

Ils sont quasiment pérennes: contribuer à assurer la crédibilité de notre politique extérieure, faire en sorte que le Luxembourg puisse être perçu comme un partenaire fiable susceptible d'apporter sa contribution pour trouver une solution aux conflits et, plus en amont, tenter de les prévenir avant qu'ils aient lieu en faisant preuve de lucidité et d'intelligence.

On parle beaucoup d'une nouvelle guerre dans le Golfe. Le Luxembourg est-il concerné?

Bien entendu, tout ce qui concerne la communauté internationale nous concerne. Une guerre à la périphérie de l'Europe n'est certainement pas de nature à nous laisser indifférents. J'espère de tout mon cœur que nous sommes à même de régler ce problème diplomatiquement, d'apporter une solution à la problématique des armes de destruction massive en général et de la problématique irakienne en particulier. Mais, de grâce, que l'on ne vienne pas verser des larmes de crocodile sur la dimension multilatéraliste trop faiblement représentée au niveau des Nations unies. Aussi longtemps que l'Europe ne se donne pas les moyens de parler d'une seule voix, elle continuera à ne pas peser aussi lourd qu'elle le devrait sur la scène internationale. Dans ce domaine, nous avons déjà perdu dix ans. Il nous faut absolument trouver une issue à la faiblesse politique de l'Europe qui est inversement proportionnelle à son poids économique.

S'il y a un conflit en Irak, l'armée luxembourgeoise y prendra-t-elle part?

Intervenir en Irak? Non... D'abord, on nous a strictement rien demandé et, en plus, nous ne serions pas en mesure de faire face à une telle demande. Par contre, si nous sommes interpellés par une situation humanitaire difficile à l'issue d'un éventuel conflit en Irak, nous ferions face à nos responsabilités.

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