"L'euro souffle sa première bougie", trois questions au ministre de l'Economie Henri Grethen

L'euro souffle sa première bougie. Et le ministre de l'Economie se dit satisfait de cette année "test" 2002. Le Jeudi: "Depuis la mise en circulation de l'euro en janvier 2002, quel bilan tirez-vous de cette première année?"

Henri Grethen: "Nous pouvons tirer un bilan plus que positif de cette année 2002. L'euro a apporté à l'Union européenne – et continue d'ailleurs de le faire – un équilibre dans un climat d'instabilité politique et économique. Il est en quelque sorte le ciment de l'identité européenne. Un élément concret dans les mains du consommateur et de la population en général."

Le Jeudi: "La devise "Oubliez le franc, pensez en euros" n'est pas encore une réalité. Faudra-t-il plus de temps que prévu pour que la population intègre définitivement la monnaie unique?"

H.G.: "Certainement. Nous avons pensé toute notre vie en francs luxembourgeois. Il est normal d'éprouver des difficultés à modifier notre mode de penser. Il faut donc changer nos habitudes face à l'euro. Cela prendra encore beaucoup de temps. Et cela vaut pour tous les pays de l'Union.

Je pense qu'à partir du moment où vous parvenez à apprécier votra|revenu en euros, il vous est plus facile de maîtriser vos dépenses."

EFFET PSYCHOLOGIQUE

Le Jeudi: "Justement. On parle d'une faible inflation. Pourtant, lorsqu'on interroge les ménages sur leur budget, la plupart s'accordent à dire qu'ils dépensent plus d'argent depuis l'introduction de l'euro. Comment expliquez-vous cela?"

H. G.: "Il faut tenir compte de deux aspects. D'un point de vue de l'inflation, les chiffres correspondent à la réalité. Mais il ne faut pas négliger l'effet psychologique de l'introduction de l'euro. Si une ménagère a l'habitude de connaître le prix d'une vingtaine d'articles, ce n'est pas forcément le cas pour son compagnon. Si celui-ci ne consomme pas moins, il ne connaît pas pour autant le prix des articles. Mis à part peut-être celui de l'essence, du paquet de cigarettes, du journal ou de la bière.

D'autre part, si une personne perçoit un salaire de 2.000 euros et en dépense 200 sans pour autant avoir en tête qu'il s'agit de 10% de son revenu, alors cela pose forcément des problèmes. Prenons un exemple. Avant, vous aviez l'habitude de laisser vingt francs de pourboire dans un café. Aujourd'hui, si vous déposez sur la table cinquante cents, vous avez l'impression de ne pas lisser suffisamment!"

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