Trois Questions à Luc Frieden. Le ministre de la Justice défend le projet de loi sur l'usage paisible du droit de propriété et la liberté de mouvement.

 Le Jeudi: «Ce projet de loi provoque une levée de boucliers dans les rangs de l'opposition, des syndicats et du Forum social. Quelle réponse comptez-vous apporter aux craintes de l'ensemble de ces acteurs sociaux?»

Luc Frieden: «Les craintes auxquelles vous faites référence ne sont pas justifiées. Le projet de loi s'inspire du Code pénal allemand qui prévoit cette infraction («Hausfriedensbruch»), alors que le droit luxembourgeois ne prévoit que l'inviolabilité du domicile. Si, en dehors de l'exercice légitime du droit de grève, des gens occupent au Luxembourg une école, un lieu de culte ou, comme récemment, des stations-service, les autorités judiciaires et la police ne peuvent pas agir, faute de texte de loi. C'est une situation difficilement acceptable puisqu'elle empêche les autres citoyens d'exercer librement leurs activités et de bénéficier de la liberté d'aller et de venir.»

Le Jeudi: «Votre projet ne privilégie-t-il pas trop les entreprises face aux justes revendications des salariés qui voient parfois leurs droits bafoués?»

L F.: «Le projet de loi ne se situe nullement dans le cadre des conflits possibles entre salariés et patrons. Assurer, par exemple, que des commerçants ou des pompistes puissent vendre leurs produits, ou que d'autres personnes puissent librement exercer leurs activités commerciales ou sociales me semble êtft un droit fondamental à garantir. Quelle serait votre réaction si demain une vingtaine d'opposants à votre journal occupait votre rédaction pour vous empêcher de rédiger vos articles? En l'état actuel du droit, la police ne pourrait pas intervenir.»

Le Jeudi: «Pensez-vous qu'une grève ou un appel – voire une conférence de presse – qui ne dérange personne, soit toujours suffisant pour être entendu?»

L. F.: «La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui, dit-on. Si deux libertés sont en contradiction, il appartient à la loi de tracer les limites des différentes libertés. Je crois qu'il y a moyen de se faire entendre efficacement en démocratie sans devoir indûment restreindre, les libertés fondamentales des uns et des autres.» –

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