Trois questions à ... Charles Goerens

Le Jeudi: "Quelles actions humanitaires concrètes avez-vous envisagé pour l'lrak de l'après-guerre?"

Charles Goerens: "Avant de penser à la reconstruction, il me semble que la phase humanitaire pure pourrait durer plus longtemps que prévu, notamment à cause du grave problème de l'eau.

Nous avons donc envisagé un budget de 3,5 millions d'euros dont une première tranche a été débloquée en faveur du CICR. Mais nous pensons aussi au programme alimentaire mondial et aux éventuels réfugiés.

Pour la reconstruction, rien n'a encore été décidé car je pense qu'il conviendrait que cela se passe dans le cadre de I'ONU. Et puis l'lrak n'est pas un pays sans ressources. Il faudrait d'ailleurs que ce pays garde la maîtrise de ses ressources naturelles.

Alors, bien sûr, il y a le problème de la dette. Mais cela devrait avant tout concerner les pays qui ont financé l'lrak de Saddam Hussein à la légère, sans s'occuper de savoir s'il s'agissait d'investissements à long terme, au profit de la population."

Le Jeudi: "L'armée peut-elle être appelée à jouer un rôle, comme dans l'ex-Yougoslavie?"

Charles Goerens: "Cela dépendra du rôle que sera appelée à jouer I'ONU car, pour nous, il n'y a pas d'autre cadre. Tout doit être conforme à l'esprit et à la lettre du droit international. Ceci dit, c'est un scénario qui me semble tout à fait irréaliste pour le moment."

Le Jeudi: "Après l'lrak, l'administration Bush menace la Syrie. Qu'en pensez-vous?"

Charles Goerens: "Encore une fois, tout ce qui se fait doit l'être dans le cadre du droit international. D'ailleurs, toutes les déclarations, et notamment celles de l'Union européenne, vont dans ce sens.

Le sommet Défense qui réunira le Luxembourg, la Belgique, l'Allemagne et la France le 29 avril prochain à Bruxelles va aussi dans ce sens. Nous pensons que l'Europe a un rôle indispensable à jouer, mais qu'il faut qu'elle sache en payer le prix. Il y a une émancipation souhaitable de l'Europe, sans remettre pour autant en question les liens traditionnels qui nous unissent aux Etats-Unis. Mais il est vrai que si l'on a besoin des Américains pour résoudre le moindre petit problème, on ne peut pas être pris au sérieux!

Il faut donc donner à l'Europe une plus grande identité en matière de défense. C'est le signal fort que nous voulons donner à nos partenaires des Quinze et, d'ailleurs, le Premier ministre grec, Kostas Simitis (ndlr. président en exercice de I'UE), et Javier Solana (ndlr. Haut-représentant) seront invités.

Pour le reste, il faut espérer que les Etats-Unis sauront raison garder."

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