Erna Hennicot-Schoepges: Le besoin d'un troisième pilier

Le Jeudi: "Une université au Luxembourg, est-ce nécessaire?"

Erna Hennicot-Schoepges: "Le Luxembourg à bâti sa richesse sur l'agriculture, le minerai et les banques, domaines dans lesquels nous avons toujours réussi à exceller en commercialisant des produits développés ailleurs ainsi que sur la mise à disposition de nos droits de souveraineté.

Or, les choses sont en train de changer. Le Luxembourg ne saura échapper à l'évolution vers une société de la connaissance. Nous devons donc devenir autant producteurs de savoir-faire que producteurs de savoir.

L'espace de recherche que nous avons construit autour des CRP et de la recherche privée a besoin d'un troisième pilier: la recherche et l'enseignement universitaires."

Le Jeudi: "Ne craignez-vous pas que les étudiants luxembourgeois perdent le goût d'aller étudier à l'étranger?"

Erna Hennicot-Schoepges: "L'un des principes fondamentaux de l'Université du Luxembourg est la mobilité! Dans tous ses programmes de formation menant au diplôme de bachelor, elle sera tenue d'inclure une période de mobilité durant laquelle l'étudiant accomplira une partie de ses études dans une université partenaire.

Jusqu'à présent tous les Luxembourgeois ne sont pas partis à l'étranger. Pour les étudiants inscrits dans la formation des maîtres à I'ISERP, à part quelques-uns qui ont pu bénéficier d'un échange Erasmus, la formation s'est faite uniquement au Grand-Duché. En incluant cette formation dans l'Université et en la transformant en bachelor professionnel, tous ces étudiants feront une partie de leur cursus à l'étranger.

Et puis, n'oublions pas que l'Université du Luxembourg ne sera pas une université généraliste offrant toutes les formations à tous les niveaux. Comme elle mettra l'accent essentiellement sur la recherche et les programmes de troisième cycle, j'espère, pour ma part, que les Luxembourgeois reviendront au pays pour continuer leurs études de troisième cycle et, pourquoi pas, s'investir dans la recherche."

Le Jeudi: "Sur base des structures logistiques existantes, le projet est-il actuellement viable?"

Erna Hennicot-Schoepges: "L'enseignement supérieur actuel fonctionne sur quatre sites: Limpertsberg avec le Centre universitaire, Kirchberg avec I'IST, Walferdange pour I'ISERP et une partie de Livange pour I'IEES. En attendant la construction de la Cité des sciences, de la recherche et de l'innovation sur le site des friches de Belval/Ouest, nous pensons avoir les infrastructures nécessaires sur les sites existants.

Nous venons d'aménager un amphithéâtre de 200 personnes dans la chapelle de l'ancien Couvent des dominicaines à Limpertsberg et nous avons complètement rénové la partie centrale du château de Walferdange pour y installer le centre de documentation et l'administration de I'ISERP.

Sur le site du Kirchberg, la construction du nouveau bâtiment pour les besoins du CRP Henri Tudor a libéré des espaces que nous pourrons utiliser pour la Faculté des sciences, de la technologie et de la communication."

Le Jeudi: "Qu'en est-il des structures extrascolaires destinées à accueillir les étudiants?"

Erna Hennicot-Schoepges: "Le gouvernement a des projets très concrets en matière de logements pour étudiants. Nous avons acquis l'ancien Couvent des sœurs dominicaines au Limpertsberg, couvent qui va être réaménagé en résidence pour étudiants. Nous allons aussi reprendre l'actuelle maison de retraite de Sanem qui sera transformée en logements pour étudiants une fois que la commune aura construit un nouveau centre intégré pour personnes âgées. Enfin, il est prévu de construire des logements pour étudiants et chercheurs sur le site de Belval/Ouest, à proximité de la Cité des sciences, de la recherche et de l'innovation."

Le Jeudi: "Aux détracteurs qui comparent le projet à une coquille vide, que répondez-vous?"

Erna Hennicot-Schoepges: "Je leur répondrai que la loi sur l'Université du Luxembourg votée à la Chambre ce jeudi 17 juillet est une loi-cadre. J'ai voulu une université autonome, maîtresse de ses choix, en matière de recherche et d'enseignement. La loi lui donne cette autonomie dans les limites possibles de la Constitution luxembourgeoise.

A contrario, si dans le projet de loi, j'avais défini les thèmes de recherche, on m'aurait accusée de mainmise sur l'Université. J'ai préféré opter pour la responsabilisation de tous les acteurs concernés, Université et gouvernement.

Voilà pourquoi j'ai introduit la notion de contrat pluriannuel. Il faut que l'Université puisse à la fois établir son propre profil et réagir de façon flexible aux développements de la recherche."

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