La Voix du Luxembourg: A la suite du dernier conseil de gouvernement vendredi dernier, le Premier ministre, Jean-Claude Juncker, avait fait remarquer que les capacités d'absorption du Luxembourg en matière d'accueil de réfugiés sont épuisées. De ce fait, l'option de construire des centres de rassemblement serait discutée par le gouvernement. Depuis les affirmations de M. Juncker, le projet de construire de tels centres a suscité quelques critiques. (...). M. Frieden, que répondez-vous à ces critiques? Quels sont, selon vous, les avantages des centres de rassemblement?
Luc Frieden: Tout d'abord, contrairement à ce que certains prétendent, de tels centres ne constituent en aucun cas des mesures inhumaines. Il s'agit de bâtiments préfabriqués certes, mais qui sont de très bonne qualité. Le principal avantage d'une telle mesure réside dans le fait qu'on pourra faire les procédures habituelles (auditions, etc.) sur place. Ce qui raccourcira sensiblement la durée des procédures en matière de demandes d'asile. Je tiens à souligner que dans le passé, des organisations non gouvernementales avaient souhaité la construction de tels centres de rassemblement: ceci leur permettrait d'assurer un encadrement adéquat des réfugiés sur un même emplacement, ce qui simplifie leur tâche.
La Voix du Luxembourg: Un tel centre, qui, à la demande des associations humanitaires, avait été mis en place à Sangatte, a fermé ses portes en novembre 2002 à cause d'un afflux trop massif de réfugiés. Est-ce que cela ne risque pas de se reproduire également au Grand-Duché?
Luc Frieden: Il est évident que pour pouvoir assurer un encadrement adéquat, le nombre des personnes placées dans ce centre doit rester raisonnable. Je ne pense pas qu'on puisse comparer ce projet au camp de Sangatte, mal organisé et structuré. Dans ce dernier, l'arrivée des réfugiés était gérée de façon plutôt inefficace. D'ailleurs, beaucoup de réfugiés s'y rendaient pour prendre la fuite vers l'Angleterre. Le centre prévu par le gouvernement sera mieux surveillé et encadré.
La Voix du Luxembourg: Où est-ce que ce centre de rassemblement sera construit? Ne craignez-vous pas que les différentes communes s'opposeront à la construction de telles infrastructures sur leur territoire?
Luc Frieden: Nous sommes en train de regarder où l'Etat possède des terrains sur lesquels de telles constructions pourraient être bâties. Mais pour l'instant, rien n'est décidé.