"L'égalité pour tous" Interview avec le ministre des Transports Henri Grethen sur la sécurité routière

Le Quotidien: Les campagnes de répression ont-elles réduit le nombre de tués sur nos routes?

Henri Grethen : Le nombre d'accidents mortels a diminué en 2003 de 14,5 %, alors que le nombre total des accidents recensés a très légèrement augmenté. Malheureusement, nous avons été confrontés à une triste recrudescence des accidents mortels impliquant des motocyclistes.

En effet, 14 d'entre eux ont trouvé la mort sur nos routes entre avril et septembre 2003.

Alors qu'en France, le code de la route devient de plus en plus strict, vous parlez de la suppression du L et de l'abolition des limites de vitesse pour jeunes conducteurs?

Henri Grethen: Il a été démontré que les limites de vitesse ainsi que le port du L n'ont rien apporté pour la sécurité des concernés. Au contraire, mes experts ont confirmé que ces mesures, au lieu de les protéger, ont tendance à exposer les conducteurs novices à des dangers inutiles lorsqu'ils se trouvent coincés entre les poids lourds sur les autoroutes ou «poussés» par des automobilistes plus «chevronnés».

Monsieur le Ministre, jugez-vous utile de n'attribuer que six points aux jeunes conducteurs?

Henri Grethen: Certainement pas. Les statistiques démontrent que les accidents mortels doivent surtout être attribués à la tranche d'âge des conducteurs entre 25 et 40 ans, ce qui justifie ma décision que tous disposeront du même nombre de points.

Le taux d alcool limité à 0,8 mg au Luxembourg sera t-il ramené prochainement a 0,5 mg comme dans d'autres pays européens, voire à 0 mg?

Henri Grethen: Le plus important pour moi est que la norme soit respectée, que la limite soit 0,8, 0,9 ou même 0 mg. Au Luxembourg le 0 mg existe pour certaines catégories de personnes, comme, par exemple, les chauffeurs de bus, pendant l'exercice de leur fonction. Pour les chauffeurs condamnés au Luxembourg, le taux d'alcool se situe normalement à un niveau sensiblement supérieur à 1,2 g et beaucoup moins fréquemment entre 0,8 et 1,2 g. Ceci dit, pour moi, le plus important est que les conducteurs soient conscients des normes qui leur sont imposées. En ce qui concerne une éventuelle harmonisation européenne du taux d'alcool à 0,5 g/1, le Luxembourg ne s'y opposera pas.

Ne faudrait-il pas étendre le contrôle d'alcoolémie à d'autres tests spécifiques comme, par exemple, la drogue ou la surconsommation de médicaments?

Henri Grethen: J'ai déjà agi en ce sens en demandant à la commission de la circulation de l'État de préparer un projet de loi concernant le contrôle de la consommation de drogues par les conducteurs. Je compte engager la procédure pour ce projet de loi au cours des prochaines semaines. Il est évident que pour des conducteurs drogués, il n'y aura aucune tolérance.

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