Réorganiser l'ensemble du pays. Interview avec le ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire

Le Quotidien: II y a à peu près un an, à la même époque, vous avez involontairement «démoli» votre collègue Claude Meisch, bourgmestre de Differdange, victime d'une rupture du talon d'Achille alors que vous vous battiez pour une balle de tennis. On est désormais loin des courts. C'est comment, aujourd'hui, quand on est devenu ministre?

Jean-Marie Halsdorf: Pour être honnête, disons que je ne m'attendais pas à être propulsé à ce niveau. Quand on part en campagne pour les législatives, c'est normalement pour arriver au Parlement. Je ne pensais pas obtenir un siège dans le gouvernement dont la composition semble obéir à une recette secrète du formateur. Mais, peut-être Jean-Claude Juncker a-t-il tenu compte de mon parcours. Présent aux communales de 1988, j'ai obtenu un bon résultat qu'on pourrait qualifier de spontané. En 1993, le député-maire m'a mis sur le chemin des législatives. En l'an 2000, je me suis retrouvé bourgmestre avec une majorité absolue. Ce qui n'est pas peu dire dans une commune du Bassin minier!

Vous allez coiffer deux casquettes, celle de ministre de l'lntérieur, celle de l'Aménagement du territoire. Où vont aller vos priorités?

Sur les 93 pages de la déclaration gouvernementale, neuf concernent directement mon administration. J'ai la chance d'avoir connu le revers de la médaille en ayant été bourgmestre. Je suis aujourd'hui de l'autre côté de la barrière donc mieux à même de mesurer la longueur du chemin qui s'étend entre le fonctionnement de l'État et du pouvoir local. Institution indépendante, le commissariat de district obéit à des règles qui datent du XIXe siècle. Il est temps de les replacer dans un contexte contemporain. Je suis pour une réorganisation territoriale du pays. En tant que secrétaire général du Syvicol qui regroupe 118 communes, en tant que membre du Conseil supérieur des finances communales, j'ai eu tout le loisir de profiter d'une vue globale. Mon but est qu'une commune, quelle qu'elle soit, petite ou grande, puisse offrir la même gamme de services à tous les citoyens. Et c'est un dossier que je considère comme prioritaire.

À propos de dossier, celui de I'IVL, le fameux concept intégré est plutôt épineux. Il permet de dire une chose et en même temps son contraire.

Là, vous exagérez! Cette étude doit être considérée comme une base de travail. Elle tient compte de toute une série de plans directeurs sectoriels qui englobent des aspects les plus divers. Comme celui du transport, des logements ou la protection des plans d'ensemblés paysagers. C'est un document fondamental sur lequel il faut continuer à travailler. Et c'est à ce niveau que le ministère de l'lntérieur et celui de l'Aménagement du territoire se rejoignent complètement. C'est une sorte d'articulation autour de laquelle gravitent diverses compétences. La réorganisation du territoire ne doit pas seulement se faire de manière administrative. Mes services planchent sur l'étude de divers schémas à soumettre aux communes. On peut les assimiler à une sorte
de menu. Une fois la commande passée, il faudra établir des contrats qui restent à définir sur mesure et qui concerneront aussi bien le congé politique que les finances. Le ministre de l'lntérieur doit être un chef d'orchestre; celui de l'Aménagement du territoire se doit d'avoir une identité et une image fortes. J'ai d'ailleurs demandé à ce qu'on m'installe un second bureau bien distinct où je serai présent au moins deux fois par semaine.

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