Nicolas Schmit: du sur mesure. Interview avec le ministre délégué aux Affaires étrangères et à l'Immigration

(...) Le Quotidien: Vous n'avez jamais eu de compétences sur le plan communal, pas plus à la Chambre. Est-ce que j'exagère en disant que vous êtes finalement un grand inconnu qu'on commence seulement à découvrir aujourd'hui?

Nicolas Schmit: II est vrai que certains n'ont pas hésité à me qualifier d'homme de l'ombre. De celui qui travaille dans la coulisse et qu'on ne voit jamais ou presque. Originaire de Differdange, je me suis installé à Berdorf suite à un coup de cœur. Mon parcours estudiantin est relativement atypique. Je me considère comme un descendant des manifestants de mai 68. C'est à l'âge de 17 ans que je suis entré au parti socialiste qui était à l'époque un peu plus ouvrier qu'aujourd'hui. Après avoir fait Science Po à Aix-en-Provence, je me-suis tourné vers les lettres. Pendant mon cursus universitaire, je me suis inscrit au Parti socialiste français, ce qui m'a donné l'occasion de rencontrer l'ex-maire de Marseille, Gaston Déferre. J'ai achevé mon parcours en écrivant une thèse sur l'économie internationale. Celle-ci m'a valu de rentrer au ministère d'État à la tête duquel se trouvait alors Gaston Thorn. À partir de 1998, j'ai été l'un des proches collaborateurs de Jacques Poos. J'ai ensuite abouti à la tête de la représentation permanente du Grand-Duché à Bruxelles.

Une représentation auprès de l'Union, concrètement c'est quoi?

C'est comme une sorte d'atelier. Il y a là des comités de chaque État membre qui planchent en commun sur des dossiers. Chacun représente les intérêts de son pays et y défend, en même temps, sa conception qu'il se fait de l'Europe et de son développement. Les relations humaines vont très loin. Tous les participants se connaissent très bien sur le plan personnel. Sur le plan politique, il faut trouver le consensus et mâcher le travail des ministres pour que les dossiers avancent plus vite. Dans la perspective de la présidence de l'année prochaine, les effectifs de la représentation ont été renforcés. Ils sont passés de 25 à 80 employés, ce qui n'est pas de trop puisque, quelle que soit la taille du pays, le volume des dossiers à gérer reste toujours le même.

À propos de dossiers, quels sont les plus épineux auxquels la présidence va devoir se mesurer?

Il y en a plusieurs. Le gros morceau est la relance du processus de Lisbonne. Son coup d'envoi date de 2000 et porte sur la réforme de l'économie. Il s'agit aujourd'hui de le recentrer en tenant compte des trois grands facteurs que sont la solidarité sociale, l'environnement et la compétitivité des entreprises. Liée directement à ce premier volet, la question des finances de l'Europe se pose de manière cruciale et un compromis devra être trouvé en juin de l'année prochaine. L'autre gros dossier, et ce n'est pas le moindre, sur lequel il va falloir sérieusement plancher, est celui de l'immigration. C'est un problème extrêmement délicat, politiquement et humainement très sensible. Il est bien entendu que l'Europe ne peut pas accueillir tous les réfugiés économiques du monde entier. Il y a bien sûr un principe d'accueil et d'hospitalité à respecter mais un État de droit, comme le Luxembourg, se doit aussi de respecter tous les jugements en matière de droit d'asile.

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