Claude Wiseler: planifier pour l'avenir. Interview avec le ministre des Travaux publics, ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative

Le Quotidien: On vous connaît comme spécialiste des dossiers de l'éducation et voilà qu'on vous retrouve ministre des Travaux publics et de la Fonction publique. Comment avez-vous accueilli votre nouvelle fonction?

Claude Wiseler: II est vrai que l'Éducation ne m'aurait pas déplu. Mais, comme vous le savez, lors des négociations de coalition, ce portefeuille a été attribué aux socialistes. J'ai obtenu deux ministères très intéressants et je suis vraiment très heureux de pouvoir m'en occuper, même si, à ce stade, je dois peut-être travailler plus intensément sur certains dossiers. En nous y consacrant, nous sommes en mesure de réaliser de grands projets de modernisation pour le pays. En fin de compte, il s'agit de coordonner à long terme le développement du Luxembourg, tant dans le domaine des travaux publics que de l'aménagement du territoire, partie dont s'occupe Jean-Marie Halsdorf. Ce qui m'intéresse, c'est de préparer le pays à l'avenir en le dotant des
infrastructures nécessaires à son développement économique. Le dossier de I'IVL, le fameux concept intégré, est une nouvelle approche de la planification. Mais il ne doit pas se limiter à une réflexion générale. Nous sommes maintenant arrivés à un stade où nous devons réaliser les objectifs énoncés dans I'IVL.

Quels dossiers souhaitez-vous traiter en priorité?

Au niveau des travaux publics, il faut achever les projets entamés. Je souhaite que ces projets soient achevés d'une manière correcte et en respectant les délais. Je pense notamment aux grands projets culturels, comme la salle philharmonique ou le musée Pei. Il faudra absolument respecter l'échéance de l'année culturelle 2007. Parmi les autres priorités, je citerai les infrastructures scolaires, notamment celles visées par le plan sectoriel «Lycées». Ensuite, au niveau des projets européens, le Centre de conférences, la Cour de justice européenne, l'École européenne à Mamer.
Le Grand-Duché a l'ambition de rester une des capitales de l'Europe. Nous avons tout intérêt à consolider le Luxembourg en tant que siège des institutions européennes. Et cela ne sera pas possible sans investissements, sans une certaine planification.

Faut-il construire différemment dans les années à venir?

Deux éléments sont importants pour le ministère des Travaux publics. Il nous faut d'abord construire dans des délais raisonnables, et nous devons donc respecter les procédures. Ensuite, on doit effectuer une analyse du suivi des dossiers. Pour cela, il faut vérifier toutes les procédures mises en place pour la réalisation d'un projet de construction. Et il faudra toujours avoir à l'esprit la recherche d'une conception rationnelle et économiquement viable. Je pense, par exemple, au «project managing» pour le suivi des dossiers de grande envergure. Il faut aussi que le rôle de la commission d'analyse critique ne se limite pas à l'analyse des projets avant leur réalisation, elle doit également posséder des compétences au niveau du suivi des projets. Ensuite, il faut s'inspirer de ce qui a été réalisé au niveau des infrastructures scolaires, où le gouvernement a opté pour une certaine standardisation des bâtiments. Cela permet de gagner du temps pendant la phase de planification, parce qu'on sait exactement où on va et ce qu'on veut. Cela permet de travailler de manière plus rationnelle, sans négliger la qualité.

Dans le futur, pourrons-nous maintenir les investissements à un niveau élevé?

Le grand avantage des travaux publics, c'est que la politique financière qui a été menée au cours de ces dix dernières années a permis de bien doter les fonds d'investissement, de sorte que nous pouvons garantir l'achèvement des projets qui ont été entamés, ou de ceux qui sont encore sur le papier et qui sont en voie de préparation. Nous pouvons donc poursuivre les gros investissements sans aucun problème, ce qui est aussi un gage de sécurité pour notre économie. Un frein au niveau des investissements publics aurait entraîné de graves conséquences. La politique budgétaire qui a été menée ces dernières années a été juste et prudente. Pour ce qui est des investissements à long terme, tout dépend de l'évolution économique du pays. Mais il est clair que si nous voulons poursuivre le développement de notre pays et rester attractifs, de nouvelles infrastructures seront indispensables.

Vos priorités au niveau de la fonction publique et de la réforme administrative?

Une des priorités est certainement l'e-government. Je souhaite accélérer les travaux mis en œuvre dans le domaine de l'informatisation des services publics et de l'administration électronique.
En ce qui concerne la fonction publique, j'ajouterai que l'accord de coalition du gouvernement prévoit de pratiquer une politique salariale modérée. C'est une décision tout à fait juste. Quand on fait une telle politique, il faut l'adapter aux réalités économiques et budgétaires.

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