Jean-Louis Schiltz: Renforcer le rôle des ONG

Le Quotidien: Vous attendiez-vous à obtenir un poste de ministre? Quelle a été votre réaction?

Jean-Louis Schiltz: C'était plutôt une surprise... une surprise pour la simple et bonne raison que je me suis fait pour principe depuis que je fais de la politique de ne pas faire de plan de carrière. Quand on m'a demandé en 1999 si je voulais être candidat aux élections communales à Luxembourg-Ville, j'ai répondu oui. En 2000, on m'a demandé si je voulais être secrétaire général du Parti chrétien-social, j'ai encore répondu oui. Enfin, on m'a demandé en 2004 de devenir ministre, j'ai dit oui avec plaisir. Par ailleurs, je ne faisais pas partie de ceux qu'on citait pour un poste de ministre...

Recalé par vos pairs sur la liste aux législatives, vous aviez finalement été repêché par le Conseil des sages. Quel enseignement tirez-vous aujourd'hui de cet épisode?

L'enseignement que j'en tire, c'est qu'en politique, il y a des hauts et des bas. L'épisode auquel vous faites allusion ne m'a toutefois pas découragé dans la mesure où je vois quand même que les gens apprécient mon travail. Il faut dire que, quelques mois auparavant, j'avais été réélu secrétaire général avec 88% des voix. En dépit du fait d'avoir été recalé à un moment donné, je ne me suis pas senti désavoué. C'est pour cela que j'ai relevé le défi et que j'ai continué. D'ailleurs, on m'a ensuite confié la responsabilité de l'organisation de la campagne électorale.

À votre avis, pourquoi le Premier ministre vous-a-t-il choisi vous plutôt que d'autres?

C'est à lui qu'il faut poser la question... Au congrès du parti, le Premier ministre a dit, ça a été rapporté par la presse, que j'étais «schrecklech gudd» (terriblement bon). C'est pas à moi de juger. C'est son jugement. C'est à lui qu'il faut poser la question.

Vous allez coiffer la casquette de ministre à la Coopération et de ministre délégué aux Communications. Ou vont aller vos priorités?

Je pense qu'au niveau de la coopération, il est important que le Luxembourg continue sa marche vers le 1% du revenu national brut à consacrer à l'aide au développement. L'accord de coalition prévoit expressément qu'on atteindra ce chiffre dans les prochaines années. Je me réjouis du fait que le Luxembourg fasse partie des pays qui consacrent le plus de leur revenu national brut à la coopération comme les Pays-Bas, la Suède, la Norvège et le Danemark. On fait donc partie du top 5. C'est une politique qui a toujours été défendue par le Parti chrétien-social, même s'il n'avait jamais ce ministère en charge.

Parmi les autres priorités, il y a bien sûr, d'une part, la coopération bilatérale où le Luxembourg a pris le parti depuis un certain nombre d'années de consacrer l'essentiel de ses moyens vers les dix pays cibles. Nous avons commencé à mettre en place des programmes indicatifs de coopération avec ces dix pays. Depuis quelques années nous avons également commencé à ouvrir des représentations sur place. Nous allons ouvrir dans les prochaines années des représentations au Nicaragua et au Burkina Faso. Ça, c'est pour le volet bilatéral.

À côté de cela, il y a le volet ONG qui, pour moi, est un volet extrêmement important puisque dans la politique de coopération le gouvernement a certes un rôle important à jouer, mais la société civile doit également prendre une part active. Il m'importe de renforcer ce rôle, car j'estime que les ONG sont un complément important à l'intervention des pouvoirs publics et vice versa. Nous avons environ 80 ONG agréées. Je serais un interlocuteur dont la porte sera toujours ouverte pour discuter d'un problème ou d'un projet, ou pour mettre en œuvre un projet.

Vos priorités pour le ministère des Communications...

J'aimerais citer quelques exemples. Il y a notamment le paquet télécom qui se trouve à la Chambre des députés et qui a été préparé par mon prédécesseur. Il concerne avant tout le volet technique, c'està-dire le développement des réseaux, les interconnexions, etc. Puis, il y a aussi la loi sur la protection des données votée en 2002. Il y a un consensus aujourd'hui pour dire qu'il faut revoir cette loi en vue d'éliminer un certain nombre d'obstacles administratifs qui compliquent la mise en œuvre de la loi au-delà de ce qui est nécessaire à la protection de la vie privée et la protection d'une liberté individuelle. J'ai connu cela lorsque j'étais avocat. Maintenant que je suis de l'autre côté, je suis en charge de cette simplification.

Autre chantier, la nouvelle loi sur la radio et la TV...

Cette nouvelle loi est en cours. Il faudra régler dans ce contexte l'accès des programmes aux réseaux, aux fréquences. Il faudra définir le service public. Un débat a été mené à la Chambre des députés en 2002, avec une motion qui a été votée. Le travail a été commencé sous mon prédécesseur. Dans les mois à venir, je vais continuer les consultations pour la mise en œuvre de cette loi.

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