Jeannot Krecké: Accentuer la surveillance. Interview du ministre de l'Economie et du Commerce extérieur

Le Jeudi: Notre économie a subi les soubresauts internationaux. En prenant la barre, avez-vous le sentiment que la tempête est derrière nous?

Jeannot Krecké: Il faut savoir qu'après une tempête, il y en aura toujours une autre un jour! Il faut s'y préparer. Or, le monolithisme qui existe chez nous avec le secteur financier, est mauvais. Nous devons donc faire un gros effort de diversification. Cela a déjà été dit, mais ce sera vraiment mon objectif. C'est pour cette raison qu'il y aura trois grandes directions: diversification / développement / innovation, coordination générale / propriété intellectuelle / concurrence, et études macro-économiques.

Plus que jamais la coordination des différentes politiques du gouvernement est essentielle. Comment comptez-vous y parvenir?

Il y aura déjà un acteur en moins puisque, désormais, le Commerce extérieur fait partie de l'Economie. Quant au secteur financier, nous sommes convenus d'une collaboration très étroite avec Luc Frieden, mais avec des prospections spécifiques. Ainsi, notre visibilité sera plus précise.

Vous annoncez une politique proactive et stimulatrice. Que comptez-vous faire qui n'ait pas déjà été fait?

Je ne dis pas que ce qui a été fait était mauvais. Nous allons d'ailleurs œuvrer dans la continuité. Mais, en diversifiant encore plus. Et nos exportations seront l'un des moteurs de cette démarche.

Promouvoir le goût du risque et l'esprit d'entreprise. C'est possible dans "un pays fait d'enfants gâtés", comme l'a dit Jean-Claude Juncker?

C'est peut-être plus difficile que dans d'autres pays, mais il faut le faire. Regardez, il y a de moins en moins d'indépendants au Luxembourg, ce qui n'est pas normal. Il faut faciliter l'accès au capital. Et pour réduire les faillites, il faut essayer de connecter les informations disponibles pour éviter la fraude. Faciliter d'un côté, accentuer la surveillance de l'autre.

Ces mêmes enfants gâtés sont-ils prêts à des sacrifices pour stopper la détérioration de la productivité?

Je ne sais pas, mais ça passe par là! Si les pays qui nous entourent réagissent, nous devons réagir aussi. Les choses ne s'arrêtent pas à notre porte. Mais ce n'est pas pour autant une raison d'abandonner ce qui a contribué à notre paix sociale. Dans de nombreux secteurs nous pouvons faire concurrence à l'étranger, mais il est vrai que nos salaires sont parfois très élevés.

Les consommateurs occupent une bonne place dans votre programme. Que sera ce Code des consommateurs?

Il rassemblera les droits des consommateurs. En outre, il y aura le département de la Concurrence, avec l'inspection, et celui de la Protection des consommateurs. Et ils seront séparés.

Peut-on parler de libre-concurrence quand on refuse les implantations de grands distributeurs étrangers?

Quand on a décrété ce moratoire, j'étais réticent. Mais je pense que, sur une courte période, c'était bénéfique pour que les nôtres se préparent. Peut-être simplement a-t-il duré trop longtemps. De toutes façons, il va maintenant être levé. Il est grand temps! Il ne sert à rien de mettre un cordon et de laisser les grandes enseignes s'implanter tout autour du pays.

Le bourgmestre de la Ville reproche souvent aux commerçants de fermer trop tôt. Qu'en pensez-vous?

Ce n'est pas de ma compétence, mais j'ai tout de même mon idée! Les commerçants sont très souvent réticents à toute nouveauté. Mais ils réagissent aux problèmes. Que ce soit les parkings, les zones piétonnes, les transports ou les implantations de grandes enseignes. Ils ont à chaque fois freiné ces évolutions et cela n'a jamais rien rapporté à la ville même. Il n'ont jamais eu de démarche cohérente, collective, comme les centres commerciaux, pour vendre une image. On n'arrive même pas à avoir un city-manager!

Dernière mise à jour