"Pouvoir situer Luxembourg sur la carte". Interview avec le ministre de la Culture, François Biltgen

Le Quotidien : Beaucoup sont surpris de vous voir à ce poste.

François Biltgen : Oui, je sais. Mais, c'est oublier que, si je ne pratique pas un art moi-même, j'en suis un grand amateur. Mon arrière-arrière-grandpère était le compositeur Laurent Ménager, mon frère est acteur professionnel en Autriche et j'assiste toujours avec beaucoup de plaisir à des concerts et à des pièces de théâtre. Je visite aussi beaucoup de musées quand je suis à l'étranger.

Quels sont, selon vous, les grands chantiers de la culture?

François Biltgen : Il faut continuer sur la voie de la création et du dynamisme. Il faut toujours produire beaucoup pour faire émerger la qualité. Je crois aussi que nous ne coordonnons pas assez nos efforts entre les différentes institutions. Enfin, il faut assurer une bonne visibilité des artistes à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.

Cela demande des moyens. Certes, la culture a toujours besoin de moyens. Mais, je crois que la culture a surtout besoin de liberté et de diversité.

Le développement du secteur audiovisuel en est un exemple?

François Biltgen : Le cinéma au Luxembourg est un domaine encore jeune. Mais, nous avons réussi à développer une industrie locale assez pérenne qui emploie 600 personnes et qui s'affirme sur la scène internationale. Nous avions deux films à la Mostra de Venise, The Girl with a Pearl Earring a été nommé pour les oscars et à Toronto, il y a 4 coproductions luxembourgeoises (Thé Merchant of Venice, La Femme de Gilles, Calvaire et Der Neunte Tag)...

Quels sont les points forts du cinéma luxembourgeois?

François Biltgen : Le Luxembourg a développé de nombreuses coproductions qui ont formé des techniciens à leurs métiers respectifs. Ils sont maintenant reconnus et plusieurs projets se font grâce à leurs qualités.

Ses points faibles?

François Biltgen : Je parlerais plutôt de limites. Nous n'avons pas les moyens de produire des blockbusters. Il nous faut plutôt développer des projets qui soient européens. Le caractère purement luxembourgeois d'un film risque vite de tourner à l'anecdote. Les films les plus intéressants sont ceux où tout le monde peut se reconnaître. Les films qui vont sortir dans les prochaines semaines ou qui sont en préparation (House of Boys, Pearl oder Pica...) sont de ceux-là. Reste à réfléchir à la formation, sans doute au niveau de la Grande Région.

Finalement, quels sont les enjeux de la culture?

François Biltgen : Il faut miser sur un développement pérenne de la culture qui aide à la création d'emplois et qui stimule la créativité nationale. Le cinéma sert déjà une certaine image de marque. Il aide à situer Luxembourg pour qu'il ne soit pas seulement un coffre-fort sur la carte. Lorsqu'on dit "artiste luxembourgeois" on ne doit pas faire hausser les épaules ni à l'intérieur ni à l'extérieur du pays.

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