Le Premier ministre Jean-Claude Juncker au sujet du Conseil européen (05-06.11.2004)

Tageblatt: Êtes-vous certains d'avoir en tant que chefs d'Etat et de gouvernement, la bonne approche face à la question turque?

Jean-Claude Juncker: Je pense qu'une 'pédagogie turque' s'impose. Elle devra mettre en évidence les risques inhérents à une adhésion de la Turquie tout en dessinant les chances et les perspectives qu'elle comporterait. Nous devons accepter le reproche collectif de nous laisser octroyer de l'extérieur un débat qui est un faux débat. Dans ce contexte, je rencontrerai le Premier ministre turc à Luxembourg le 17 novembre prochain. Nous parlerons de cela comme du fait que les négociations ne débuteront probablement pas avant la fin 2005 et non pas, comme on le lit partout, début 2005. Le dossier tel qu'il se présente, devrait comporter une clause d 'open end' ce qui signifie en clair que le début des négociations n'est pas conditionné à un automatisme qui conduirait à une finalisation. S'il s'avérait donc que les conditions posées apparaissaient comme insurmontables à la partie turque, il faudrait s'orienter vers un changement de statut.

Avez-vous apprécié le propos de l'Irakien Allawi?

Certainement et nous le lui avons clairement fait comprendre, je n'aime pas le langage statique qui consiste à dire qu'il y aurait d'un côté les bons, c.-à-d. les acteurs de la guerre, et de l'autre les mauvais, à savoir les spectateurs. Car en l'occurrence, nous avons collectivement investi beaucoup d'argent dans le processus de normalisation (300 millions d'euros) et nous en rajoutons (30 mio.) pour la tenue des élections.

Les Vingt-cinq évoquent le rapprochement avec Washington. Est-ce à dire que l'Union renonce à son désir d'Europe politique?

Non. Cela dit, il faut avouer que le statu quo des relations entre les Etats-Unis et l'Union européenne n'est pas une option acceptable. Plutôt que de se tourner vers un horizon lointain, mieux vaut agir sur des dossiers concrets immédiats et coopérer sur ces derniers. Deux constats s'imposent: 1) il faut espérer que Washington tire les conclusions de son action unilatérale, 2) les Européens doivent admettre que la politique européenne de sécurité fait défaut et qu'ils manquent des ressorts indispensables pour la mettre en œuvre. Cette double faiblesse implique qu'il faut agir de part et d'autre.

L'après-Arafat! Qui doit agir?

Si le président Arafat quitte la scène, il en résultera une situation des plus complexes tant en Palestine que dans le reste de la région. Ce qui est certain est que le processus de paix doit reprendre. Or avec le départ d'Arafat, ce frein qu'évoquait systématiquement Israël, aura disparu également. L'Etat israélien devra alors montrer que son refus de négocier avec Arafat n'était pas une simple manœuvre politique, mais une démarche analytique.

Pacte de stabilité: où en êtes-vous?

J'en ai discuté avant-hier soir pendant une heure et demie avec MM. Chirac et Schröder. Nous évoquions les possibilités de l'aménager, sous présidence luxembourgeoise, de sorte à lui donner une plus grande flexibilité conjoncturelle.

Présidence: la priorité des priorités?

Faire en sorte que le modèle européen de politique sociale devienne accessible à tout un chacun.

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