Octavie Modert: Une femme, trois ressorts.

La Voix du Luxembourg: Mme Modert, vous vous occupez de trois ressorts. N'est-ce pas difficile à gérer, notamment en tant que novice au gouvernement? Y a-t-il un ressort que vous préférez?

Octavie Modert: C'est vrai que je ne peux pas me plaindre d'un manque de travail (rires). Je n'ai pratiquement plus de temps libre. Je n'ai pas de préférence pour tel ou tel ressort, je les aime tous: la culture parce qu'il s'agit de combiner, à travers l'université du Luxembourg, notre passé avec le future. L'agriculture constitue un ressort très important également. Il ne faut pas oublier qu'elle a marqué notre pays et ses habitants pendant de nombreux siècles: elle nous concerne tous.

Pourriez-vous expliquer en quelques mots le rôle d'un secrétaire d'Etat et son influence?

A l'étranger, il existe différentes formes de secrétaire d'Etat, comme le secrétaire parlementaire en Allemagne, par exemple. Au Grand-Duché, un secrétaire d'Etat est un membre du gouvernement à part entière. Il a le même devoir et la même influence qu'un ministre.

Un de vos ressorts constitue les relations avec le Parlement. Pourriez-vous expliquer en quoi consiste votre tâche?

Cette fonction a été introduite en 1999. Il s'agit notamment de participer à la coordination des travaux du gouvernement et de la Chambre des députés. On peut le considérer comme un intermédiaire discret entre le gouvernement et la Chambre.

Quelle a été votre réaction à la suite des élections législatives? Vous attendiez-vous à un tel résultat personnel?

Il faut savoir qu'en politique, on ne peut rien programmer. Avant ces élections, je me suis dite qu'après avoir effectué du bon travail dans ma circonscription, je pourrais théoriquement réaliser un bon résultat au plan national. Mais d'un autre côté, à cause d'un planning bien chargé dû à ma fonction de secrétaire générale du conseil de gouvernement, je n'ai pas pu beaucoup «sortir», me «montrer». Mais je n'ai pas participé à ces élections pour entrer au gouvernement.

Quels sont les sujets les plus importants dont vous devrez vous occuper dans les différents ressorts?

L'université du Luxembourg, l'année de la culture qui se déroulera au Luxembourg et dans la Grande Région en 2007 et le changement structurel de l'agriculture.

A propos de l'agriculture: en janvier 2005 démarre la présidence luxembourgeoise de la Commission européenne. Un des thèmes sensibles sera sans doute l'agriculture. Sachant que ces dernières années, le nombre d'exploitations agricoles n'a cessé de diminuer, quel est l'avenir de l'agriculture au Luxembourg?

C'est vrai que, comme partout en Europe d'ailleurs, le nombre d'exploitations agricoles a diminué. Mais le nombre d'hectares cultivés n'a pas régressé. Ce qui montre que la taille des exploitations agricoles a augmenté. On assiste actuellement à un changement technologique. Ce changement assure la survie des fermes performantes. Notons que les exploitations agricoles luxembourgeoises sont à la pointe du progrès. Au niveau européen, le Grand-Duché figure parmi les meilleurs au niveau de la taille des entreprises. L'élargissement de l'Union européenne continue à faire peur aux agriculteurs luxembourgeois, notamment par une forte concurrence des nouveaux pays membres qui produisent à des prix moins élevés... Cette peur est pourtant plus visible dans les nouveaux pays membres que chez nous. Dans ces pays-là, les entreprises agricoles sont moins performantes. Les agriculteurs y ont beaucoup plus de difficultés d'adaptation que nous. Pour les agriculteurs de l'Europe de l'Ouest, cet élargissement constitue une chance: ils pourront par exemple exporter leurs marchandises dans les nouveaux pays membres.

Le Grand-Duché mise beaucoup sur la qualité de ses produits (produits du terroir...). Comment assurer cette qualité si les prix doivent rester concurrentiels?

Il faut continuer à miser sur cette qualité. Cette relation de confiance entre le consommateur et le producteur luxembourgeois doit continuer à exister. Il faut noter qu'on a besoin de l'agriculture au Luxembourg. Le gouvernement veut assurer la pérennité ce secteur. Je pense que dans l'avenir, les agriculteurs pourront davantage faire connaître leur activité au public. Il sera important également de soutenir ce changement structurel, pour que le secteur de l'agriculture continue à exister.

Ces dernières années, beaucoup a été investi en culture, notamment au niveau des infrastructures. Face à une conjoncture moins favorable, cette tendance va-t-elle continuer?

Non, on ne va pas faire plus d'économies en culture que dans un autre secteur: un pour cent du budget de l'Etat est destiné à la culture. C'est beaucoup, mais il ne faut pas négliger le fait que la culture est bénéfique pour la cohésion sociale des habitants. Lorsque la situation économique était meilleure, on a investi notamment dans de nouvelles infrastructures. Il faut savoir qu'en matière d'infrastructures culturelles, on avait du retard à rattraper. C'est chose faite... ou presque, puisqu'il manque encore la bibliothèque nationale. Maintenant, il faut investir dans la vie à l'intérieur de ces nouveaux bâtiments. A l'avenir, il sera également important de resserrer l'animation culturelle régionale. J'estime que l'année culturelle en 2007, comme c'était déjà le cas en 1995, où une
véritable atmosphère de départ a été constatée, donnera une nouvelle impulsion à la vie culturelle luxembourgeoise.

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