Nicolas Schmit au sujet de la directive Bolkestein, de la Croatie et de la stratégie de Lisbonne

Tageblatt: L'Union est-elle crédible quand elle refuse de retirer la directive Bolkestein pour tout bonnement élaborer une nouvelle directive sur la libéralisation du marché des services?

Nicolas Schmit: Je pense que cela aurait été la meilleure formule. Il aurait cependant fallu le faire plus tôt, dès que les premières discussions ont surgi. A présent, il est trop tard pour ce faire, car si la directive dite Bolkestein a beaucoup d'ennemis, elle a aussi des adeptes, chez les nouveaux adhérents d'abord, chez d'autres Etats membres également.

La décision prise aujourd'hui et qui consiste à modifier le texte actuel pour en sortir les éléments de dumping social laisse ouvertes toutes les options. La sensibilité sociale qui se reflète clairement dans l'opinion publique européenne doit être prise en compte. Le débat continue. Le signal a été compris. Il en résulte la nécessité d'une refonte totale de la directive.

Tageblatt: La décision de ne pas entamer les négociations d'adhésion avec la Croatie est-elle un signal fort de I'UE?

Nicolas Schmit: Comme cela avait été précisé lors du Conseil européen de décembre 2004, la Croatie se doit de respecter ses engagements et de coopérer pleinement avec le Tribunal pénal international. A défaut, les négociations tarderont à s'ouvrir.

Le Conseil a choisi de vérifier lui-même si Zagreb agit en conséquence. Pour ce faire il a instauré une task force composée de la présidence, des deux présidences à venir et de la Commission (Luxembourg, Londres, Vienne et Bruxelles).

La balle est désormais dans le camp croate.

Oui, il s'agit d'un signal, non seulement aux futurs adhérents que sont la Bulgarie et la Roamanie qui devront se mettre dans certains domaines en conformité d'ici 2007, même si l'avis du PE interviendra le 13 avril et si la signature aura lieu le 25 avril à Luxembourg.

Mais d'autres pays également feraient bien d'écouter le message lancé. Chacun doit respecter ses engagements.

Tageblatt: La nouvelle stratégie de Lisbonne deviendra-t-elle un modèle social?

Nicolas Schmit: Le texte adopté ce mercredi est réellement un succès et la présidence a imposé ses vues. L'élément essentiel à retenir est que la stratégie est devenue plus efficace, mieux définie et que les responsabilités nationales sont parfaitement mises en évidence, ce qui n'enlève rien à la composante européenne.

Des accents concrets ont été posés pour chaque groupe de citoyens et la dimension sociale devient centrale. Preuve s'il en fallut que le progrès social n'est pas en contradiction avec une économie performante et compétitive basée sur les technologies modernes.

Une société qui prépare son avenir doit inclure pleinement les citoyens dans son projet et veiller à la cohésion sociale.

Le nouvel agenda est une invitation à concrétiser cela, y compris au Luxembourg.

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