Jean-Claude Juncker au sujet du résultat du référendum français sur le traité constitutionnel

France 2: Est-ce qu’aujourd’hui, le "non" français marque un coup d’arrêt à la Constitution, au traité ? Est-ce que, autrement dit, le traité meurt ce soir avec le "non" français ?

Jean-Claude Juncker: Le "non" français nous pose un énorme problème. Nous sortons perplexes après avoir écouté les arguments de ceux qui veulent plus d’Europe et de ceux qui veulent arrêter la construction européenne. Il faudra que les autres peuples, que les autres parlements s’expriment et en novembre 2006, le Conseil européen devra se saisir de la question et nous réfléchirons d’ici là à la bonne réponse collective à donner au problème français.

France 2: Quelles sont les hypothèses de cette réponse ? Est-ce qu’on peut imaginer faire revoter les Français ?

Jean-Claude Juncker: Je crois qu’il serait de mauvais goût, après avoir vu le suffrage universel français s’exprimer ce soir comme il s’est exprimé, d’évoquer cette hypothèse qui, pour l’instant, est théorique et qui de toute façon doit recevoir une réponse à la lumière de la prise d’attitude par tous les autres le moment venu. Ce débat n’est pas un débat qu’on peut avoir ce soir.

France 2: Est-ce que vous craignez une contagion pour les autres pays qui doivent voter après nous, par exemple en Hollande dans quelques jours ?

Jean-Claude Juncker: Je crois que le débat français, puisqu’il était français, n’a pas manqué de produire un impact ailleurs. C’est vrai pour les arguments du camp du "oui", c’est vrai pour l’argumentaire plus souvent contradictoire, hétéroclite du camp du "non". Les autres peuples d’Europe devront faire le choix qui leur apparaîtra approprié pour leurs propres besoins. Ils jugeront en fonction de leur intérêt national et en fonction de l’intérêt continental. Et ils auront à l’esprit l’image que l’Europe donnera d’elle-même vers l’extérieur.

France 2: Est-ce que vous êtes en continu au téléphone avec Jacques Chirac ce soir et comment vous sentez les choses, directement dans les jours qui viennent ? Il y a un Conseil européen bientôt au mois de juin.

Jean-Claude Juncker: Je présiderai un Conseil européen les 16 et 17 juin et, bien sûr, nous évoquerons la difficulté et la décision françaises. J’ai parlé ce soir au président de la République, mais il n’est pas d’usage que je rende publics des propos qui ont été privés entre nous deux.

France 2: Merci, Monsieur Juncker, d’avoir été en direct avec nous. Je rappelle donc que vous présidez en ce moment l’Union européenne et que vous êtes bien entendu le Premier ministre du Luxembourg.

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