Jeannot Krecké au sujet du résultat du référendum français sur le traité constitutionnel

Fabrice Lundy: En direct ce matin du Grand-Duché du Luxembourg, Jeannot Krecké. Bonjour.

Jeannot Krecké: Oui, bonjour.

Fabrice Lundy: Vous êtes ministre de l’Économie et du Commerce extérieur. Quel regard vous portez ce matin sur les Français ?

Jeannot Krecké: J’ai compris un cri d’alarme de tous les citoyens et citoyennes français, mais avec un message qui est difficile à comprendre. Est-ce que le problème est venu de la Constitution européenne ? Est-ce que la politique communautaire ne leur plaît pas ? Est-ce que c’est un problème, et là, j’ai de grands doutes, de politique intérieure ? Donc une réponse à ce cri d’alarme va être très difficile, car le message n’est pas très clair.

Fabrice Lundy: Est-ce qu’on est toujours Européens, nous Français ?

Jeannot Krecké: Vous êtes toujours Européens en tant que France, mais le problème que je vois, c’est que la position de la France au sein des instances communautaires a été affaiblie par ce vote. La France était le moteur. Voilà que je pense que les gens qui la représentent vont être remis en question. Ce qui n’est pas bon, car nous sommes au début d’une initiative de croissance et d’emploi qui est nécessaire. Et voilà que ce problème du "non" français vient effectivement mettre un frein à ce développement. Et je vois difficilement maintenant comment la France pourra jouer le rôle de moteur qui lui était attribué.

Fabrice Lundy: Oui, et ça veut dire quoi, que la France va être reléguée au second rang aussi à terme, Jeannot Krecké ?

Jeannot Krecké: Je ne veux pas dire reléguée au deuxième rang, mais cela affaiblit sa position, c’est sûr. Car tout le monde sait que le processus de ratification doit continuer et qu’il n’y aura donc pas immédiatement de renégociation. Je ne vois d’ailleurs pas quel texte la France pourrait proposer suite à ce "non". Si je vois Philippe de Villiers courtiser les altermondialistes, alors je ne vois pas très bien quel texte on pourrait proposer pour illustrer le "non" qui a été prononcé.

Fabrice Lundy: Mais est-ce que ce matin, on peut dire qu’il y a une crise politique majeure durable ?

Jeannot Krecké: C’est une crise politique majeure. J’espère qu’elle n’est pas durable.

Fabrice Lundy: Jeannot Krecké, vous nous expliquez que le processus doit continuer. Vous, le Grand-Duché du Luxembourg, vous allez voter dans un mois, par voie référendaire comme nous. Alors, est-ce qu’il faut maintenir la consultation ? Est-ce que le vote va être modifié par le choix français ? Que donnent pour l’instant les sondages au Luxembourg ?

Jeannot Krecké: Les sondages, pour la première fois, ont donné le « non » en progression, ont donné le « oui » seulement à 46 %. Le problème, c’est que on voit dans tous les pays où il y a un référendum, que la population est en train de lancer un message. Le Luxembourg a toujours été européen, peut-être celui qui a été les plus ouvert à cette idée, mais on voit que dès qu’on demande aux concitoyens d’exprimer un vote sur une Constitution européenne, que ça diffère totalement de ce que vont dire au niveau des adoptions parlementaires les professionnels de la politique. Est-ce donc qu’on s’est tellement éloignés de l’opinion générale, au Luxembourg en tout cas, on commence à se faire des soucis également sur l’issue du référendum.

Fabrice Lundy: Voilà un référendum dans un mois, et les Néerlandais vont voter après-demain un des pays fondateurs de l’Union. Merci à vous, Jeannot Krecké, ministre de l’Economie et du Commerce extérieur du Grand-Duché du Luxembourg.

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