"Nouveaux pays: Un millier de travailleurs". Nicolas Schmit au sujet du rapport de la Commisison européenne concernant la libre circulation des travailleurs issus des nouveaux pays de l'UE

Le Quotidien: Depuis l'élargissement de l'Union européenne, le 1er mai 2004, combien de travailleurs issus des nouveaux pays membres faisant l'objet de mesures transitoires sont-ils arrivés au Luxembourg?

Nicolas Schmit: Si je peux me fier aux statistiques, on compte un bon millier de travailleurs arrivés au Luxembourg ces deux dernières années. Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'en 2005, nous avons accordé 400 permis de travail aux ressortissants des huit pays soumis à cette période transitoire, dont plus de la moitié à des travailleurs polonais. Ces chiffres n'incluent pas les fonctionnaires européens ni leurs conjoints. À mon arrivée, j'ai fait prendre des mesures leur donnant libre accès au marché du travail.

Quel est votre sentiment sur le rapport de la Commission européenne publié il y a deux jours laissant entendre que la libre circulation des travailleurs a eu des effets positifs en Europe?

C'est un rapport optimiste qui plaide en faveur de la libre circulation des travailleurs. C'est d'ailleurs compréhensible et cela reste un objectif de l'Union européenne à moyen terme. Cela dit, le nombre relativement élevé de travailleurs ayant immigré vers l'lrlande a créé des problèmes dans certains secteurs. À ma connaissance, il n'y a cependant pas vraiment eu de problèmes dans les deux autres pays. Reste qu'au Luxembourg, le gouvernement n'avait pas renoncé à ces mesures transitoires.

Le Luxembourg doit décider de renoncer à ces mesures transitoires ou non avant le 1er mai et le notifier à la Commission européenne. Quelle est votre position sur la question?

On ne peut pas ignorer qu'il y a certaines frictions sur le marché de l'emploi luxembourgeois. La tendance du chômage est à la hausse et nous avons récemment passé la barre des 10.000 demandeurs d'emploi. Au Luxembourg, le marché du travail est en étroite corrélation avec celui de la Grande Région. Du coup, cette ouverture aux travailleurs des nouveaux États membres doit être décidée avec précaution et tenir compte des décisions prises par nos voisins. J'ai eu l'occasion de discuter de ce sujet, mercredi, avec le ministre adjoint chargé des Affaires européennes, Günter Gloser, lors d'une visite à Berlin. L'Allemagne n'a pas l'intention de renoncer aux dispositions transitoires. Pas plus que la France qui a déjà annoncé qu'elle souhaitait maintenir ces dispositions jusqu'en 2011. Pour finir, il est aussi peu probable que les Belges renoncent à ces dispositions.

De notre côté, nous avons débuté une vaste concertation avec un certain nombre de milieux économiques qui doit s'achever à la fin du mois. Pour l'instant, à l'exception de certains secteurs, il semblerait qu'il n'y ait pas de grands besoins en main-d'œuvre supplémentaire. Cependant, nous laissons la porte ouverte à une certaine flexibilité selon les besoins des entreprises. Telle que je vois la situation, et sans préjuger de la décision du gouvernement, le Luxembourg ne renoncera pas à ces dispositions transitoires. Par contre, nous resterons flexibles selon les secteurs d'activité. En tout cas, c'est dans ce sens que j'interviendrai.

Dernière mise à jour