"Soyons vigilants et préparons-nous". Mars Di Bartolomeo au sujet de la grippe aviaire

Le Jeudi: Faut-il craindre la grippe aviaire?

Mars Di Bartolomeo: Craindre n'est pas le mot. Je parlerai plutôt de prudence à son égard. Le Luxembourg n'est pas une île. Il faut donc se préparer de manière efficace, appropriée et non exagérée, en combattant à la source cette peste aviaire qui ne doit en aucun cas apparaître dans nos élevages afin de limiter le risque potentiel d'une transmission à l'homme.

Le Jeudi: Au cas où le virus H5N1 serait détecté sur le cadavre d'un oiseau au pays, quel serait le modus operandi?

Mars Di Bartolomeo: Le 112 avertirait le centre d'intervention régional le plus proche pour désinfecter le lieu. La coordination serait assurée par une cellule basée à Senningen qui a déjà fait ses preuves lors de l'apparition du SRAS. Cette cellule est constituée de membres de la protection civile, des forces de l'ordre, du service communication et presse, en coordination avec les éleveurs et les vétérinaires.

Nous pourrons aussi jouer la carte de la transparence grâce à cette chaîne de communication que nous avons mise en place entre les différents ministères, l'Inspection vétérinaire, la direction de la Santé et le Haut-Commissariat à la protection nationale, dans le cadre de notre plan d'action destiné à contrer une éventuelle pandémie.

Le Jeudi: Quelle est votre stratégie en matière de vaccination?

Mars Di Bartolomeo: Nous nous y sommes préparés en commandant plusieurs milliers de doses de ce vaccin actuellement en développement et en phase expérimentale. Vaccin qui sera destiné aux personnes se trouvant en contact direct avec la volaille.

Le Jeudi: Rudy Demotte, votre homologue belge, a décidé de lancer une vaste campagne d'information dans les médias afin d'éviter tout vent de panique. Qu'en est-il au Luxembourg?

Mars Di Bartolomeo: Il est clair que nous allons intensifier la communication au moyen d'une campagne de presse destinée à rendre la population attentive aux consignes de précaution et à éviter à tout prix une panique inutile véhiculée par des rumeurs et des fausses informations. Si la grippe aviaire fait son apparition au Luxembourg, nous informerons jour après jour le public de l'évolution de la situation.

Le Jeudi: Croyez-vous au scénario catastrophe d'une pandémie mondiale qui deviendrait rapidement incontrôlable?

Mars Di Bartolomeo: Je me sens obligé, suite aux analyses et aux constats de l'OMS et du Centre européen pour les maladies contagieuses, de reconnaître une évolution de la peste aviaire qui s'est déplacée de l'Asie vers l'Europe. En tant que ministre de la Santé, je dois me préparer à l'éventualité d'une nouvelle pandémie comparable à celles qui ont marqué le siècle précédent à trois reprises. Le plus difficile, c'est de se trouver dans l'incapacité de pouvoir prédire si elle se déclenchera demain ou dans dix ans.

Le Jeudi: Nos hôpitaux sont-ils prêts à affronter le pire?

Mars Di Bartolomeo: Nous avons déjà stocké les 25% d'antiviraux (Tamiflu et Relenza) nécessaires pour soigner les personnes en contact direct avec les animaux. Nos prochaines livraisons nous permettront de dépasser les 30% d'ici la fin de l'année et nous disposons également de plusieurs millions de masques. Les hôpitaux préparent, de leur côté et en synergie, leur plan d'intervention en cas de pandémie.

Nous leur avons d'ores et déjà assuré la mise à disposition du matériel et du financement nécessaires à leur bon fonctionnement. Le Centre national pour les maladies infectieuses, installé au CHL, s'occupera d'éventuels cas isolés. Dans l'hypothèse d'une pandémie, tous les hôpitaux seront alors concernés et prêts à agir.

Le Jeudi: La Grande-Bretagne a élevé le seuil d'alerte de la grippe aviaire au même niveau que le terrorisme. Est-ce la solution?

Mars Di Bartolomeo: Le pire ennemi d'une situation comme celle-ci, c'est la panique, la surréaction. Il ne faut en aucun cas perdre son sang-froid et verser dans le catastrophisme. Il nous faut faire preuve, au contraire, de clairvoyance afin de proposer une réponse adaptée à la situation.

Le public a le droit de savoir et d'être informé, pas d'être paniqué. Et si vous me demandez si nous sommes prêts, je vous répondrai que l'on mettra en tout cas tout en oeuvre pour que le pire soit évité.

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