''Aider le peuple palestinien''. Jean Asselborn au sujet de la politique européenne envers le nouveau gouvernement palestinien

Noël Labelle: Aujourd'hui, vous allez débattre avec vos homologues européens des orientations à donner à l'aide de l'Union européenne aux Palestiniens, à la suite des élections et de la constitution du gouvernement. Quelle est la position du Luxembourg?

Jean Asselborn: Jusqu'à présent, nous avons laissé une "période de grâce" au Hamas. C'était normal. La communauté internationale a réclamé des élections en Palestine et, maintenant qu'elles ont eu lieu, on doit en accepter le résultat. Il y a d'ailleurs des signes positifs. Le nouveau ministre palestinien des Affaires étrangères, Mahmoud Zahar, a pour la première fois évoqué la coexistence de deux États, même si, par la suite, il a précisé qu'il s'agissait d'une erreur. Cette position se différencie des affirmations précédentes du Hamas. Même si on n'en est pas encore à trouver une solution, on se doit de laisser la porte ouverte.

Noël Labelle: Selon vous, aucune solution de paix entre Israël et la Palestine n'est envisageable?

Jean Asselborn: Une solution pourrait être avancée. Elle serait calquée sur celle proposée lors du sommet arabe de 2002. Il s'agit de la reconnaissance d'lsraël, d'un côté, et de la création d'un État palestinien, de l'autre.

Noël Labelle: Qu'est-ce qui empêche cette solution d'être appliquée?

Jean Asselborn: Beaucoup d'éléments... Nous devons encourager Israël à abandonner sa politique de colonisation des territoires arabes et à stopper la construction du mur. Il faut aussi trouver un système de pression sur le Hamas pour qu'il revoit son programme, basé sur une grande violence.

Noël Labelle: En suspendant l'aide internationale?

Jean Asselborn: L'Union européenne ne peut pas financer un gouvernement qui souhaite la destruction d'un autre État. Mais nous ne pouvons pas laisser tomber le peuple palestinien dont la souffrance est immense.

Noël Labelle: Comment faire alors?

Jean Asselborn: Pour aider le peuple palestinien, il faut trouver le moyen de contourner le Hamas par un système de financement direct. Par exemple, en versant les salaires directement, mais c'est très difficile. Il faut aussi encourager le gouvernement israélien à ne plus bloquer des sommes d'argent dues aux Palestiniens. Peut-être Israël pourrait payer directement les factures d'eau et d'énergie?

De toute manière, le gel de l'assistance internationale envers la Palestine est une très mauvaise chose. Car il créerait un vide qui serait vite comblé par des gouvernements islamistes. Ce qui ruinerait toute possibilité de paix.

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