Le modèle luxembourgeois donne des signes d'essoufflement. Jeannot Krecké au sujet de la compétitivité des entreprises luxembourgeoises

Jean-Claude Weishaar: Lors de la présentation des conclusions de la "tripartite", le Premier ministre a fait référence – et c'est nouveau – à la compétitivité du pays. À quoi est-ce dû?

Jeannot Krecké: Il y a des années que nous avons fait le constat que le modèle luxembourgeois marque des signes d'essoufflement face aux mutations de l'économie mondiale. La publication du rapport Fontagné (novembre 2004) a servi à lancer un débat constructif avec les partenaires sociaux. Il a récemment abouti à un accord tripartite sur les actions concrètes à engager pour remettre durablement l'économie sur une trajectoire de croissance plus dynamique. Et améliorer la compétitivité pour consolider et créer de l'emploi.

Jean-Claude Weishaar: Des pays de taille moyenne mesurent leur compétitivité au jour le jour. Est-le cas au Luxembourg?

Jeannot Krecké: La première tentative de mettre en place un système cohérent d'indicateurs de la situation économique et sociale et de la compétitivité des entreprises date de 1985.

L'analyse repose sur une comparaison avec les quatre principaux partenaires commerciaux (Belgique, Allemagne, France et Pays-Bas). Le Statec (Service central des statistiques et des études économiques) publie régulièrement neuf indicateurs. Mais, pour mieux appréhender les efforts engagés et les résultats obtenus, nous avons élaboré un tableau de bord "Compétitivité" en collaboration avec les partenaires sociaux.

En septembre, on disposera de sa première mise à jour détaillée depuis sa précédente publication en novembre 2004.

Jean-Claude Weishaar: Les conclusions de la tripartite prévoient une plus forte diversification de l'économie. Quels sont les secteurs à développer?

Jeannot Krecké: L'économie est en grande partie dépendante du secteur financier, même si l'industrie en reste un pilier incontournable. Pour garantir son avenir, il faut miser sur la R&D. Ce qu'ont d'ailleurs bien compris des entreprises comme Arcelor, Goodyear, SES, Delphi. La logistique est aussi un secteur d'avenir. Si certains produits ne sont plus fabriqués en Europe, ils devront toujours être commandés, emballés, distribués et livrés ici. Nous devons donc saisir l'opportunité d'intervenir aussi bien en amont qu'en aval sur les produits. Ce secteur offre des emplois de très haute qualité susceptibles de compenser ceux perdus dans l'automatisation de l'industrie.

Jean-Claude Weishaar: D'autres secteurs plus modernes aussi?

Jeannot Krecké: Le Luxembourg est en train de devenir une référence pour les technologies de l'information et de la communication. AOL, Skype, iTunes d'Apple, Amazon ou Napster ont leur siège européen ici. Nous devons offrir à ces entreprises un environnement technologique de qualité et développer une crédibilité internationale en matière de réseaux.

Les équipements médicaux, l'industrie pharmaceutique et les biotechnologies médicales ont également un potentiel énorme. Autour du Laboratoire national de santé à Dudelange, nous allons créer un site pour accueillir de petites unités actives dans ces domaines. Enfin, les écotechnologies, au cœur des enjeux écologiques et prometteuses en termes d'emplois, offrent des opportunités à saisir rapidement.

Jean-Claude Weishaar: Le Luxembourg est-il assez connu dans le monde? Quelle image comptez-vous véhiculer lors à l'étranger?

Jeannot Krecké: Le pays est souvent très mal connu à l'étranger. Les gens connaissent vaguement la place financière, quand ils n'ont pas une image erronée de paradis fiscal.

Nous essayons de présenter une économie qui accueille à bras ouverts les investisseurs étrangers et qui dispose de nombreux atouts: muitilinguisme, situation au cœur de l'Europe, facilités administratives, décideurs politiques facilement accessibles, infrastructures de haute qualité, environnement fiscal attractif pour les entreprises et haute qualité de vie pour les travailleurs et leurs familles.

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