"Pas de concession sur le tabac". Mars Di Bartolomeo au sujet du projet de loi restreignant le tabagisme dans les lieux publics

Noël Labelle: Les députés doivent débattre, aujourd'hui, de votre projet de loi sur la consommation de tabac dans les lieux publics...

Mars Di Bartolomeo: Ma première constatation, c'est que ce projet nous fait gagner un round décisif dans notre objectif santé. Car il faut bien préciser que ce n'est pas un projet antifumeurs, mais un projet proposant plus de liberté à ceux qui ne veulent pas être gênés par la fumée des autres. Et puis, au niveau de la santé, c'est également incitatif pour les rumeurs. Dans ce domaine, je crois que nous avons marqué des points décisifs.

Noël Labelle: S'agit-il de faire du Luxembourg un pays sans tabac?

Mars Di Bartolomeo: Pas du tout. Ce projet de loi n'est pas l'aboutissement d'un engagement vers une société sans tabac. Mais que ce soit dans le domaine de la publicité, pour les bâtiments publics, les grandes surfaces, les écoles, etc., aucune concession ne sera faite.

Noël Labelle: Y compris pour l'Horesca?

Mars Di Bartolomeo: Dans les restaurants, la règle non-fumeur sera stricte. La cigarette sera autorisée dans un "département" fumeur hermétique et répondant à des consignes précises pour la superficie ou encore le système d'évacuation des fumées.

Quant aux cafés, le projet n'interdit pas le tabac. Sauf pour ceux qui proposent un service de restauration; plus étendu. Dans ce cas, ils seront soumis à la même législation que les restaurants.

Ce projet cherche donc à responsabiliser les patrons qui se doivent de protéger leurs employés du tabagisme passif.

Noël Labelle: Pensez-vous que les députés vont voter ce projet de loi?

Mars Di Bartolomeo: Le projet sera voté. Je le pense sincèrement. D'après les différentes discussions dans les commissions, beaucoup semblent soutenir le projet. Mais ce qui m'a le plus frappé dans ces discussions, c'est l'évolution des débats publics. Il faut préciser qu'il y a deux ans, le Luxembourg refusait encore de signer la convention-cadre de l'Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac. Alors qu'aujourd'hui, il y a un consensus pour donner priorité à la santé. C'est un chemin considérable. D'autant que cela s'est fait en seulement une année, contrairement à l'Irlande ou à l'Italie où cela a pris 5 ans. J'ai même constaté, ces derniers jours, une volonté de tirer ce projet de loi vers la pratique.

Ce bilan est donc très positif et dépasse de loin ce qui se fait dans les pays voisins. En Allemagne, le débat vient seulement d'être engagé et en France, il a été abandonné...

Noël Labelle: Une loi antitabac ne risquerait-elle pas d'avoir un impact sur la vente de tabac dans le pays?

Mars Di Bartolomeo: Mais l'impact est déjà là. En 2005, le pourcentage de fumeurs au Grand-Duché a déjà fortement diminué. Et la consommation de cigarettes suit naturellement. L'année dernière, elle a baissé de 10 %. Les mentalités changent...

Noël Labelle: Vous avez vous-même arrêté de fumer récemment...

Mars Di Bartolomeo: Oui, dès que j'ai été assermenté ministre de la Santé. Je n'étais pas un gros fumeur, mais en voyant ce que la cigarette fait comme ravage, je ne regrette pas ma décision. Ça a été parfois difficile au début, mais aujourd'hui, je me sens beaucoup plus libre.

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