"Il faut fixer des objectifs plus précis". Mady Delvaux-Stehres au sujet des résultats du baccalauréat 2006

Jérôme Quiqueret: Quels enseignements tirez-vous des résultats du baccalauréat 2006?

Mady Delvaux-Stehres: Pour le classique, les résultats sont constants. Le technique n'est pas très bon. Ce qui m'inquiète le plus, c'est que les taux d'échec sont plus élevés tout au long de la carrière scolaire. En 10e, 11e, 12e... Ça me confirme dans l'idée de fixer des objectifs plus précis. Il y a manifestement une inadéquation entre les programmes et les compétences des élèves. Il faut plus de rigueur dans la définition mais aussi déceler le plus tôt possible les difficultés pour y remédier.

Globalement, le nombre de diplômés n'augmente pas. Pourtant, les observateurs internationaux nous recommandent de former davantage de gens qualifiés. Mon but depuis le début de mon mandat est d'atteindre des objectifs plus précis: définir clairement les compétences nécessaires à l'élève pour passer au niveau supérieur. Toutes les études nationales et internationales disent que notre programme est très ambitieux. Il faut passer d'une logique de programme à une logique de compétences. Les études nous confirment que beaucoup de choses sont faites mais que ce qui est vu n'est pas maîtrisé. Il faut faire la différence entre les choses qu'on a vues et celles dont on a besoin dans sa carrière future: savoir écrire, s'exprimer, comprendre et interpréter un texte.

Jérôme Quiqueret: Comment expliquer l'échec plus important de la nouvelle filière sciences humaines et sociales (368 élèves, 72,3% d'admis)?

Mady Delvaux-Stehres: La filière a été lancée il y a quatre ans. C'est la première année du baccalauréat. Il faudra voir l'évolution. C'est la filière la plus généraliste. Il y a des élèves qui ne sont pas très fixés sur ce qu'ils veulent faire par la suite.

Peut-être leur motivation est-elle moins prononcée. Mais ce n'est qu'une impression.

Jérôme Quiqueret: Le bac international, introduit l'année prochaine dans l'école publique, concurrencera-t-il le baccalauréat luxembourgeois?

Mady Delvaux-Stehres: On peut appeler ça de la concurrence. Mais je suis surtout favorable à ce que l'école publique ouvre des alternatives à une population scolaire très hétérogène. Nous avons un système scolaire pour enfants bilingues. Nous nous devions de proposer ce baccalauréat à des élèves qui arrivent au Luxembourg à un âge avancé, qui font énormément d'efforts en français, qui sont très doués mais ne peuvent réussir le bac classique. C'est une question d'égalité des chances. Nous verrons par la suite si des élèves luxembourgeois se dirigent vers ces baccalauréats.

Jérôme Quiqueret: Pourriez-vous vous inspirer de ce baccalauréat plus généraliste?

Mady Delvaux-Stehres: A l'instar de la filière sciences humaines et sociales, le baccalauréat international est moins spécialisé. Il demande aussi une autonomie de travail plus grande de l'élève. Il faudra suivre l'évolution. Rien ne nous empêche de nous en inspirer en partie

Jérôme Quiqueret: Le technique bénéficiera-t-il d'initiatives similaires, au vu des difficultés linguistiques qui y sont rencontrées?

Mady Delvaux-Stehres: Nous continuons le travail de notre prédécesseur en multipliant les filières francophones. Nous avons aussi une réflexion pour les élèves qui parlent davantage l'allemand et éprouvent des difficultés en français. Le lycée commun avec la Sarre, y sera consacré. Une convention sera signée à la rentrée. Une loi devra suivre.

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