Nicolas Schmit: "L'immigration par le partenariat"

Patrick Théry: Quels ont été les principaux sujets de discussion de ce Conseil "Justice et affaires intérieures"?

Nicolas Schmit: La présidence finlandaise a voulu préparer le bilan intermédiaire du programme de La Haye pour bien montrer que l'immigration et la sécurité sont au cœur des préoccupations au niveau européen comme elles sont au cœur des attentes des citoyens européens.

Nous avons, dans un premier temps, abordé la question de la coopération judiciaire et policière qui pourrait être transférée pour être votée à la majorité qualifiée plutôt qu'à l'unanimité comme c'est le cas maintenant. Le Luxembourg est d'ailleurs favorable à cette passerelle, comme on appelle cela.

Le second sujet a bien sûr été l'immigration. Nous sommes tous sous le choc permanent des événements en mer Méditerranée et dans l'océan Atlantique autour des îles Canaries. Nous sommes notamment revenus sur les discussions qui avaient eu lieu à Rabat il y a deux semaines avec les pays d'où sont originaires, ces flux migratoires. Nous sommes d'accord pour résoudre cette question de l'immigration clandestine par un partenariat avec les pays concernés notamment en les aidant à se développer.

Par ailleurs, le ministre maltais nous a présenté un rapport alarmant dans lequel il affirme que 9000 réfugiés clandestins ont échoué à Malte en l'espace de huit mois. Avec le ministre Frieden nous avons décidé de réfléchir à une participation pour aider Malte à résoudre cette crise.

Enfin, l'idée d'une conférence avec l'Union africaine à Tripoli en Libye fait son chemin et devrait être organisée d'ici la fin de l'année.

Patrick Théry: Avec la crise qui secoue le Proche-Orient, Chypre est dépassée par l'afflux de personnes déplacées. Avez-vous trouvé des alternatives pour le rapatriement de ces personnes?

Nicolas Schmit: La bonne nouvelle c'est que tous les ressortissants luxembourgeois qui souhaitaient quitter le Liban ont été évacués. Maintenant il faut aider Chypre en apportant une aide logistique afin que le pays soit capable d'accueillir ce flux de personnes. Mais maintenant, qu'un grand nombre de ressortissants de l'Union européenne ont quitté le Liban, on va pouvoir mieux gérer la situation. Se pose toutefois la question des ressortissants des pays tiers et notamment des Philippins qui sont plusieurs milliers au Liban.

Patrick Théry: Comment la parole du Luxembourg peut-elle peser au sein de ce Conseil alors que ce sont principalement les pays côtiers de l'espace Schengen qui souffrent de l'immigration clandestine?

Nicolas Schmit: Les pays côtiers sont bien sûr les premiers concernés. Mais nous sommes tous concernés même si chez nous c'est un peu moins spectaculaire. Une fois les personnes arrivées dans l'espace Schengen, tout peut aller très vite. On peut aller de l'ltalie au Luxembourg sans contrôle douanier.

C'est une question de solidarité. Nous nous devons de soutenir les pays aux avant-postes comme Malte, Chypre, l'ltalie ou encore l'Espagne mais il faut aussi développer une politique cohérente en matière d'immigration au niveau européen.

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