"Un outil pour la compétitivité". Le ministre des Communications, Jean-Louis Schiltz, au sujet du projet de loi sur la construction d'autoroutes de l'information

Noël Labelle: Comment est né ce projet de loi?

Jean-Louis Schiltz: II y a deux ans, j'ai commandité une étude pour examiner les besoins du Luxembourg au niveau des installations de fibres nécessaires en matière de communications électroniques. Cette étude a révélé que les capacités nationales étaient insuffisantes en vue des applications habituelles. Elle mettait également en vue une absence de diversité en ce qui concerne les fournisseurs. Les connexions en place étaient peu ou point redondantes et les prix de vente pratiqués par les opérateurs pour la mise à disposition de liaisons large bande étaient très élevés si on les comparait avec les prix pratiqués dans les pays limitrophes.

Mais, de plus, on a constaté que ces liaisons privilégient surtout la Belgique comme pays de connexion. Pourtant, Bruxelles n'est qu'un centre secondaire de connexion, puisque les centres d'accès primaires les plus proches, c'est-à-dire les grandes portes d'entrées, se trouvent en Allemagne et aux Pays-Bas.

Noël Labelle: Bref, vous voulez-dire que le Luxembourg n'est pas incontournable dans le réseau des autoroutes de l'information...

Jean-Louis Schiltz: Aujourd'hui, si vous prenez une carte de l'Europe indiquant les grands centres de connexions, le Luxembourg n'apparaît pas. Or, je veux que le Luxembourg y apparaisse en gros!

Noël Labelle: D'où le projet de loi?

Jean-Louis Schiltz: Exactement. Car cette situation est préoccupante quand on connaît l'importance du développement de la place e-business dans l'économie du pays. Des entreprises de la stature d'Amazon ou d'AOL ont décidé de s'installer ici. C'est la preuve de nos compétences dans le secteur du e-business. Mais, maintenant, il faut que nous nous donnions les moyens de transformer l'essai... C'est pourquoi, j'ai décidé d'agir. J'ai proposé que l'État puisse charger un organisme, Lux-Connection, de fournir ce qui ne peut pas être fourni à l'heure actuelle. De plus, cette action s'inscrit dans le cadre du processus révisé de Lisbonne et des priorités reprises par la lignée directrice n° 9 du plan national pour l'innovation et le plein emploi, qui veut faciliter la diffusion et l'usage efficace des technologies de l'information et des télécommunications. Tout comme elle s'inscrit dans le cadre du programme "i 2010" de la Commission européenne qui vise à contribuer au développement d'une économie numérique ouverte et compétitive.

Noël Labelle: Quand cette société sera-t-elle opérationnelle?

Jean-Louis Schiltz: Dès la rentrée. Elle ne pourra pas encore l'être dans la plénitude de ses capacités, car il faudra attendre le vote de la Chambre des députés. Mais j'ai bon espoir que le projet de loi soit voté très rapidement.

Noël Labelle: Cette société s'occupera-t-elle des besoins des particuliers?

Jean-Louis Schiltz: Il s'agit des besoins en la matière de tous les résidents luxembourgeois. Mais cette loi est surtout un outil essentiel pour assurer sur le long terme la compétitivité du Luxembourg dans le domaine du e-business.

Noël Labelle: Pensez-vous que cette loi aura des répercussions rapides sur l'économie luxembourgeoise?

Jean-Louis Schiltz: On ne peut jamais garantir que telle ou telle entreprise viendra s'installer ici. Mais je peux vous dire qu'un certain nombre d'entreprises sont intéressées. Et je ne voudrais pas que ces entreprises ne s'implantent pas ici parce que le pays ne leur offre pas la connectivité suffisante. Cette loi sera un atout supplémentaire, c'est certain.

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