"Tributaires de nos fournisseurs". Lucien Lux au sujet des biocarburants

Patrick Théry: La France vient d'annoncer l'installation de 500 pompes de bioéthanol au 1er janvier 2007. Où en est le Luxembourg au niveau des biocarburants?

Lucien Lux: D'abord un constat: nous sommes énormément tributaires des pays qui nous fournissent comme la Belgique ou les Pays-Bas. Par ailleurs, nous sommes actuellement en discussion pour transposer la directive européenne qui veut surtout l'exonération de taxes sur les biocarburants. À noter que le budget 2006 a déjà instauré cette détaxation. Aujourd'hui, cependant, le ministère de l'Économie est en train de discuter avec nos fournisseurs en carburant pour les forcer à offrir un certain pourcentage de biocarburants aux Luxembourgeois.

Patrick Théry: Pourrait-on, dès lors, voir apparaître prochainement les premières pompes de biocarburant au Grand-Duché?

Lucien Lux: Le biocarburant sera d'abord mélangé avec les carburants classiques. Mais l'arrivée de pompes de biocarburant n'est pas à l'ordre du jour à court terme. Toutefois, il existe déjà un producteur de céréales pour faire du biocarburant au Luxembourg. Ses produits sont ensuite transformés en France et le biocarburant obtenu alimente les autobus de la ville de Luxembourg.

Patrick Théry: Le Mondial de l'auto à Paris fait la part belle aux véhicules flexifuel. Après avoir donné le bâton aux automobilistes pollueurs, peut-on s'attendre à des mesures incitatives du gouvernement pour l'achat de ces voitures écologiques?

Lucien Lux: Il faut d'abord faire le premier pas. La nouvelle taxation des véhicules commence tout juste à entrer dans les esprits des résidents luxembourgeois. À ce niveau, nous avons pris une décision extrêmement importante en versant toutes les recettes au fonds Kyoto. Cet argent, environ 35 millions d'euros, servira peut-être à des incitations mais aucune décision n'a été prise.

Patrick Théry: Bruxelles attend un taux d'incorporation en énergie de 5,75 % d'éthanol dès 2010. Luxembourg ira-t-il, comme la France ou la Suède, au-delà de ce taux indicatif?

Lucien Lux: Nous sommes maintenant à 0 %. Je serais déjà content lorsqu'on touchera au but. Cela dit, je suis preneur si on peut aller plus loin.

Patrick Théry: Le gouvernement va-t-il soutenir les initiatives de collectivités locales ou de privés pour l'installation de pompes à biocarburant destinées à des flottes captives?

Lucien Lux: Oui, bien sûr! Nous avons mis en place un groupe de travail avec tous les acteurs concernés pour une meilleure utilisation de la biomasse au niveau de l'énergie. Alors toutes les initiatives sont les bienvenues.

Patrick Théry: Dans la lutte contre la congestion dans les villes, est-il imaginable que Luxembourg se dote d'un système de péage urbain comme Londres ou Stockholm?

Lucien Lux: À court terme, non. Mais à moyen ou long terme tout est possible. Je regarde d'un œil vigilant ce qui se passe dans les pays limitrophes. Mais je crois davantage à une meilleure organisation des transports publics et individuels pour décongestionner nos villes plutôt que d'instaurer le péage urbain.

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