Nicolas Schmit: "Un besoin de légitimation". Le ministre délégué aux Affaires étrangères au sujet du 50e anniversaire des traités de Rome et du traité constitutionnel

paperJam: L'héritage légué par les pères de l'Europe recèle-t-il des pièges?

Nicolas Schmit: Des pièges, je n'en vois pas, plutôt d'immenses opportunités et une ardente obligation de poursuivre l'œuvre commencée il y a plus de 50 ans. L'intégration européenne a été conçue comme un processus dont l'objectif était fixé dès le départ (...): la création d'une véritable Union politique entre États européens. Nous avons fait des progrès considérables, après avoir connu des échecs, traversé des périodes de stagnation et de crise. Mais le contexte dans lequel la politique européenne doit désormais être conduite a fondamentalement changé.

L'Europe est aujourd'hui une des dimensions fondamentales de notre vie quotidienne. Pensez à l'euro.... De ce fait, la légitimation démocratique de l'action européenne est devenue une exigence absolue. (...)

L'Europe a besoin d'une nouvelle légitimation, de nouvelles assises démocratiques. L'adhésion des citoyens à l'idée européenne est plus nécessaire que jamais. Nous avons besoin d'une démocratie européenne qui associe réellement les citoyens en répondant concrètement à leurs préoccupations.

paperJam: Quel héritage voulez-vous laisser à la "génération 2057"?

Nicolas Schmit: Les pères fondateurs nous ont légué une Europe en paix et démocratique ainsi qu'une économie prospère ayant une forte dimension sociale: le modèle de société européen. Une Europe fondée sur ces valeurs et solidaire doit être un acteur de la mondialisation qu'elle peut ainsi contribuer à façonner. Institutionnellement paralysée, politiquement faible, économiquement et technologiquement en perte de vitesse, elle ne sera pas capable de relever ces défis. C'est sur ce plan-là que les citoyens ont des attentes que nous ne devons pas décevoir.

paperJam: Quels sont les éléments du Traité constitutionnel qu'il convient de renégocier?

Nicolas Schmit: Je ne veux pas parler d'une véritable renégociation qui mènerait à l'échec. Nous devons préserver la substance du Traité avec ses équilibres institutionnels et ses innovations. Alléger, simplifier, restructurer, et là où le texte paraît être insuffisant, l'enrichir.

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