"La nation, un avenir partagé." Le ministre de la Justice, Luc Frieden, au sujet de l'identité luxembourgeoise

Le Jeudi: Êtes-vous surpris par les chiffres concernant la double nationalité?

Luc Frieden: Non, une bonne partie des sondés y est opposée et c'est compréhensible.

La vraie question est de savoir si les enfants d'immigrés portugais peuvent être luxembourgeois sans renoncer à leur passeport et à la culture qui va avec. D'où les critères de langue et de durée de résidence qui s'adressent avant tout à la deuxième génération. Il s'agit d'en faire des Luxembourgeois qui veulent bâtir ensemble l'avenir du pays. Je ne m'attends pas à une grande demande.

Le Jeudi: Être Luxembourgeois, c'est parler luxembourgeois?

Luc Frieden: Il n'est pas question que d'identité, mais aussi de solidarité, qui entraîne la cohésion sociale. Sans langue commune, cette cohésion est difficile à obtenir. Au mot identité, je préfère la notion de nation. Ce sentiment d'appartenance, de passé et d'avenir partagés. Ce n'est pas qu'une question de texte, mais aussi de cœur. C'est le sentiment d'être "doheem", chez soi, d'y être bien et qu'on y défend ses intérêts.

Il est normal de vouloir garder cela, mais il ne doit pas en découler un sentiment de supériorité. Il faut pouvoir s'ouvrir aux nouveaux arrivants.

Le Jeudi: Justement, il se dégage du sondage une peur pour l'identité.

Luc Frieden: Les Luxembourgeois ne doivent pas avoir peur que la nation disparaisse. Elle restera, dans un contexte européen.

Le Jeudi: Et quand la peur est due aux étrangers résidents?

Luc Frieden: Ce sentiment est à reporter à l'augmentation du nombre d'étrangers. Mais nous l'avons voulue pour des raisons économiques! Il faut rester ouvert à l'immigration légale. J'insiste sur le terme "légale". Pour vivre ensemble sur de bonnes bases.

Peut-être vaut-il mieux expliquer le rôle du Grand-Duché dans un monde globalisé, mettre en avant les avantages de l'ouverture des frontières. L'internationalisation, ce n'est pas que des fusions et des fermetures d'usines, c'est aussi le développement économique qui nous permet de financer entre autres notre politique sociale.

Le Jeudi: 50% des interrogés disent que les politiques ne véhiculent pas assez l'identité, l'histoire et la culture.

Luc Frieden: Je ne me sens pas concerné personnellement. Je mets l'accent sur ce qui nous unit en tant que nation.

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