Le ministre des Affaires étrangères au sujet du principe d' "une seule Chine" et de l'adhésion de Taïwan à l'Onu

Marcel Kieffer: Monsieur le ministre, le Luxembourg fait partie des pays qui privilégient les intérêts d'une forte dictature communiste au détriment des modestes aspirations d'une jeune et petite démocratie florissante. Et vous y souscrivez...?

Jean Asselborn: Ecoutez, le gouvernement ne fait qu'appliquer la politique définie au sein de l'Union européenne en ce qui concerne la Chine mais également tous les Etats officiellement reconnus en tant que tels par la communauté des Nations unies selon les principes et les règlements que celle-ci s'est données. Sans vouloir nous immiscer dans des affaires tout à fait internes de quelque nation que ce soit, je voudrais souligner que les pays membres de l'Union européenne, et donc y compris le Luxembourg, appliquent dans toutes leurs décisions concernant la République populaire de Chine le principe de l'unicité et de la souveraineté de celle-ci, c'est-à-dire d' "une seule Chine".

Marcel Kieffer: Mais la réalité politique est une tout autre. De facto, Taïwan est une nation non seulement souveraine mais également indépendante et qui plus est, une démocratie et une économie exemplaires...

Jean Asselborn: La réalité peut être celle qu'elle est. Il n'est pas moins vrai que pour devenir membre des Nations unies deux conditions préalables doivent être remplies. D'abord le candidat doit répondre à toutes les attentes qui peuvent être adressées à un Etat - il doit en réunir toutes les qualités, les capacités et en assurer toutes les fonctions. Ensuite, il doit être reconnu en tant que tel par la communauté internationale. Je constate que ceci n'est pas le cas pour l'lle de Taïwan. Donc, en toute logique, une appartenance de celle-ci à l'Onu ne saurait être soutenue ni par l'Union européenne, ni par le Luxembourg.

Marcel Kieffer: La logique n'est-elle pas difficilement concevable? Comment refuser à un Etat factuellement souverain et indépendant une reconnaissance et en même temps faire de cette reconnaissance un préalable à l'adhésion à l'Onu?

Jean Asselborn: Rien ne s'oppose à des relations économiques et culturelles avec Taïwan. Mais au niveau politique le principe d' "une seule Chiné" reste notre seule ligne de conduite.

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