Le ministre des Transports au sujet de l'accident ferroviaire à Zoufftgen le 11 octobre 2006

Le Quotidien: On tire toujours un enseignement d'une telle catastrophe. Lequel avez-vous retenu en tant que ministre des Transports?

Lucien Lux: Il faut toujours assumer dans la vie. Inutile de se cacher. L'enseignement à tirer 12 mois après le drame, il est clair pour moi: je ne me laisse pas bousculer par des décisions qui concernent la sécurité, je prends tout mon temps. Et, croyez-moi, au niveau des transports, il y a des décisions toutes les semaines qui concernent la sécurité. On vient de finaliser, lors des discussions sur le budget, les investissements relatifs aux transports, sachant que la sécurité prime tout. Alors si on me parle d'enseignement aujourd'hui, je dirai qu'il vaut mieux dormir une nuit avant de dire non. Car il faut bien dire non quelquefois quand on nous demande des investissements à droite et à gauche. Voilà pour le plan politique. Maintenant, personnellement, je dirai que la vie est ainsi faite. Le ministre que je suis a connu la joie de fêter, la veille de la catastrophe, le feu vert pour la création de CFL Cargo qui signifiait l'aboutissement des longues discussions au sein de la tripartite. Mais cette joie est vite retombée dès le lendemain.

Le Quotidien: Bien sûr, ce sont des moments extrêmement pénibles à vivre dans une carrière de ministre et les pensées des décideurs vont d'abord aux victimes. Le procès Luxair traîne en longueur. En sera-t-il pareil pour le procès des CFL?

Lucien Lux: Que dire? Depuis Montesquieu, il existe la séparation des pouvoirs. Je ne peux que me répéter en ce sens que je ne trouve pas très sain que les familles des victimes du crash de Luxair attendent toujours un procès. J'ai eu l'occasion, lors d'une récente cérémonie de recueillement au monument dédié aux victimes de rencontrer des familles qui se retrouvent dans le désarroi le plus complet face à cette situation. Après avoir vécu cet instant d'émotion, j'ai aussitôt transmis aux instances judiciaires mon sentiment sur cette lenteur de la procédure par rapport aux victimes.

Le Quotidien: Justement, le parquet a cru bon de rappeler à la presse, dans un communiqué, le principe de la présomption d'innocence qui s'applique aux 5 inculpés de ce dossier. Il s'applique à n'importe quel inculpé. Pourquoi avoir surprotégé ceux-là?

Lucien Lux: Dans ce communiqué, j'étais surtout satisfait de lire que l'enquête serait close avant la fin de l'année. Ce qui est une bonne chose. Maintenant, ces cinq inculpés sont également dans une incroyable attente. Le procès devrait avoir lieu en 2008, ce qui est un délai très raisonnable. Pour le reste, c'est vrai que la présomption d'innocence vaut pour tout inculpé mais je peux vous dire que les fonctionnaires des CFL seront jugés pour les fautes qu'ils auront éventuellement commises. Et pour rejoindre votre première question, je voudrais rajouter que cette catastrophe doit nous faire réfléchir, nous tous au niveau de la politique des transports et tous les usagers. Nous sommes chaque jour responsables et gagner une ou deux minutes sur un trajet ne nous amène à rien. Quand nous rabaissons le taux d'alcoolémie, nous le faisons pour la sécurité de toutes car les statistiques sont là pour nous convaincre. Que dire quand 24 pays sur 27 appliquent le taux de 0,5? Nous étions parmi les derniers au terme de longues discussions à l'appliquer. Je rappelle ici que 55 députés sur 60 ont donné leur feu vert à cette nouvelle disposition et que dans les autres pays, on sait que 30% des accidents sont dus à un taux se situant entre 0,5 et 0,8.

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