"La coopération a fait ses preuves". Jean Asselborn au sujet de la signature du nouveau traité Benelux

Le Quotidien: Est-il plus agréable, en ce moment, de se tourner vers le Benelux, plutôt que de traiter les problèmes de l'Europe des 27?

Jean Asselborn: Certainement.

Le Quotidien: Pourtant il y a des questions délicates également, au niveau Benelux!

Jean Asselborn: Je dois dire que même s'il y a six signataires rien que pour la Belgique, il n'y a que trois États signataires, et je m'en réjouis. Pour la Belgique, le gouvernement fédéral, le gouvernement flamand, le gouvernement de la communauté française, le gouvernement wallon, le gouvernement de la région Bruxelles-capitale et le gouvernement de la communauté germanophone sont signataires. Après la signature, le processus de ratification commencera, qui devrait aboutir à la mise en vigueur le 1er janvier 2010.

Le Quotidien: Que signifie concrètement la coopération politique au niveau Benelux?

Jean Asselborn: La coopération politique, ces derniers cinquante ans, a fait ses preuves. Cela vaut aussi pour le traité de Schengen qui a réuni les trois pays Benelux, l'Allemagne et la France. Si l'on s'interroge sur l'utilité du Benelux aujourd'hui, il y a lieu de se rappeler que l'espace Schengen a été une idée développée par les pays Benelux.

Le Quotidien: Quoi de neuf dans le nouveau traité?

Jean Asselborn: À côté du "Traité portant révision du traité instituant l'union économique Benelux", il y aura une "Déclaration politique" et un "Programme de travail". Le programme de travail s'établit à trois niveaux. Ces sujets sont le marché intérieur, le développement durable, justice et affaires intérieures.

En ce qui concerne le marché intérieur et l'union économique, le sujet principal est la coopération sur le marché énergétique (électricité et gaz). Le document énumère les questions vétérinaires, la sécurité alimentaire, la coopération entre régions frontalières. J'ai longtemps été bourgmestre d'une commune frontalière; je connais bien le problème. Ce sont des questions de coopération au niveau des services de secours, des services de soins à domicile, des infrastructures médicales, des transports qui doivent être réglées. La question du péage est soulevée également.

Le Quotidien: Le Benelux est perçu parfois comme un long tronçon autoroutier - avec les raffineries au Nord et le ferroutage au Sud, qui ne fonctionne pas de manière satisfaisante.

Jean Asselborn: Le Luxembourg est un pays de transit. Pas seulement en raison des carburants. Nous avons voulu que le transit traverse notre pays. Nous avons délibérément voulu le TGV; en ce qui concerne le chemin de fer, nous n'avons pas encore réussi tout ce que nous désirions.

Evidemment ces sujets sont abordés. Le Benelux constitue un cadre. Il y a également des intérêts nationaux particuliers. Il s'agit de voir comment dégager des intérêts communs sur les questions du transport. Nous sommes directement concernés par les questions environnementales, comme la qualité de l'air. Le troisième grand volet est celui de Justice et Affaires intérieures. C'est le domaine qu'on appelle "concertation Senningen", au niveau de la police. Il y a également le domaine de la coopération transfrontalière en cas de catastrophe. Il convient de mentionner la lutte contre l'immigration clandestine, passant d'un des pays à l'autre.

Le nouveau traité comporte deux objectifs principaux: les pays du Benelux veulent préserver leur rôle de précurseur au sein de l'Union européenne et élargir la coopération transfrontalière, surtout dans les domaines du marché intérieur et de l'union économique, du développement durable et de la justice et des affaires intérieures.

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