Xavier Bettel au sujet de la rentrée

"Sans cesse, de nouvelles pistes pour le budget"

Interview: Michel Petit

Le Jeudi: Récemment, à l'occasion d'une interview parue dans nos colonnes, la ministre Corinne Ca hen faisait allusion à un texte bis, parallèle au programme de coalition. Ou'en est-il exactement?

Xavier Bettel: Non, on ne peut parler d'un programme ou d'un texte bis. Il n'y a pas un programme secret. En revanche, sans cesse, nous avons des pistes, des projets. Lorsque, par exemple, nous nous réunissons au château de Senningen, nous parlons de projets. Il y a sans cesse de nouvelles pistes, pour le budget notamment. Et l'on se dit que nous allons les analyser. Ce n'est pas pour autant un texte bis. Il est quand même normal que tout ne soit pas public.

Le Jeudi: En juin dernier, le gouvernement annonçait qu'il enverrait des propositions précises aux cultes, reconnus ou non. L'Eglise catholique dit aujourd'hui qu'il n'y a pas de réelles propositions. Propositions ou pas propositions?

Xavier Bettel: C'est faux, il y a des propositions que je leur ai soumises, à tous. Nous leur demandons de se consulter. Si, il y a un dialogue. Nous ne faisons que notre devoir. Nous nous retrouverons fin septembre ou début octobre. J'ai rencontré l'ensemble des représentants de tous les cultes, tous ensemble. Mais nous ne mettons pas ces propositions sur la place publique. Je leur ai demandé de débattre ensemble.

Le Jeudi: De nouvelles relations entre les cultes et l'Etat ne répondent qu'à un objectif économique?

Xavier Bettel: Non, pas seulement. Mais les croyants doivent intervenir, participer davantage dans le financement. Les relations sont soumises à la loi, à la Constitution mais aussi à des conventions. Il n'y a aucune guerre à l'égard des cultes, que je respecte. Je ne nie pas les liens entre les cultes et la société. Mais il y a des habitudes à modifier. Par exemple, des fabriques d'église sont dans le besoin tandis que d'autres, dans une même ville comme Luxembourg, ont beaucoup d'argent. Il faut une vue d'ensemble. Il s'agit de composer avec les deniers publics dont je suis le garant.

Le Jeudi: S'ajoute le problème de l'enseignement de la religion.

Xavier Bettel: Certes, et le ministre compétent, Claude Meisch, s'en occupe. Mais d'autres problèmes subsistent. Par exemple, à l'heure actuelle, les musulmans éprouvent des difficultés à enterrer leurs morts au Luxembourg. Dan Kersch (Intérieur) étudie ce problème des cimetières et de la crémation. Si le respect s'installe de part et d'autre, il n'y aura pas de difficultés à résoudre les relations avec l'Etat. Sans quoi nous recourrons au référendum. Là c'est le citoyen qui sera souverain. Nous avons envie de faire participer le citoyen.

Le Jeudi: D'autres référendums sont prévus...

Xavier Bettel: Nous souhaitons faire participer le citoyen. Sont prévus aussi un référendum sur le vote à partir de 16 ans, le cumul des mandats et la participation des étrangers à la vie politique. Il s'agit de définir comment le citoyen étranger peut participer à la vie publique. Mais il s'agira avant tout d'un débat qui sera soumis à la Chambre des députés. C'est là qu'on débattra du droit de vote à accorder ou non aux étrangers.

Le Jeudi: Au point de vue fiscal, il y a autre chose au programme que les 0,5% visant à favoriser l'intégration multilingue préscolaire?

Xavier Bettel: Un paquet de mesures sera pré-Sans esclandre senté en octobre. Ces 0,5% sont une contribution pour l'avenir du pays. Le paquet n'est pas encore ficelé. On y travaille. Mais les grandes lignes qui ne sont pas inscrites dans le programme de coalition sont tracées. Une partie sera reprise dans le budget 2015. Parmi ces mesures, la TVA sur le logement dont on a déjà parlé aussi.

Le Jeudi: Le gouvernement a une idée des recettes complémentaires prévues ou des dépenses en moins?

Xavier Bettel: Il n'y a pas de réponses maintenant. Nous devons analyser régulièrement la situation des finances publiques _qui reste précaire. Et il n'est pas question de dire que la situation n'est pas grave. Le Luxembourg doit rester attractif pour les entreprises. Il faut éviter que celles-ci ne quittent le pays. Les mesures seront réalistes, équilibrées, équitables. La dette publique n'a jamais été aussi élevée, le chômage non plus, même s'il y a des créations d'emplois. C'est le paradoxe du pays. Nous vivons avec un déficit structurel. Certes, certains chiffres sont positifs. Il y a une embellie. Mais rien ne permet de dire que nous sommes sortis de la crise. Nous n'en sommes pas sortis. Simplement, aujourd'hui, j'espère en sortir. Pas question de se reposer sur nos lauriers.

Le Jeudi: Bientôt le retour de la tripartite?

Xavier Bettel: Nous nous rencontrerons en septembre dans le cadre du budget. Puis il y aura une tripartite sur la compétitivité et la relance économique. Mais je n'irai pas à la tripartite comme simple observateur, avec un chéquier à la main. Ça ne se passe plus comme ça.

Le Jeudi: Oue pense le Premier ministre de la proposition des jeunes libéraux sur la légalisation du cannabis?

Xavier Bettel: La répression de l'usage du cannabis est à peu près terminée. Mais la légalisation n'est pas prévue. C'est un problème délicat qui n'entre pas dans mes priorités, même si je suis ouvert au débat. Il y a de la marge entre la fin de la répression et la libéralisation. Lorsque j'étais président des jeunes libéraux, j'y étais d'ailleurs opposé. Notamment en raison de mon expérience professionnelle où je remarquais que beaucoup de fumeurs passaient de l'herbe aux drogues dures.

Le Jeudi: La libéralisation du cannabis et, par exemple, l'autorisation de production ouvrent des recettes économiques...

Xavier Bettel: Pour moi, la libéralisation n'est pas un bon message. Par ailleurs, l'herbe d'aujourd'hui n'est plus la même que celle des années 70.

Le Jeudi: Les départs programmés, certains suggérés par le procureur général Biever, de Nettgen et Zovilé (police), Solagna (RI), Stebens (Protection nationale)... C'est la grande lessive à la police?

Xavier Bettel: Une précision, il ne s'agit pas de limogeages. Simplement, des policiers ou fonctionnaires ne seront pas renouvelés à leur poste. Le maintien d'un fonctionnaire à un poste ne peut plus être automatique. Etienne Schneider a annoncé une nouvelle police pour l'an prochain.»

Le Jeudi: Le gouvernement accuse-t-il un déficit de communication?

Xavier Bettel: Non, mais je m'aperçois que les demandes sont énormes. On nous demande même des renseignements sur ce que nous n'avons pas décidé. Nous défendons la transparence mais je ne veux pas mettre sur la place publique des propositions qui doivent être analysées et débattues, comme pour les cultes par exemple. Et sans esclandre préalable. Quoi qu'il en soit, le pays a besoin de réformes et je les mènerai avec mon équipe dont je suis très content.

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