Interview de Xavier Bettel avec le Lëtzebuerger Gemengen

"Ce sera une Présidence proche du citoyen(...)"

Interview: Lëtzebuerger Gemengen

Lëtzebuerger Gemengen: Monsieur le Premier ministre, le Luxembourg entend mener une politique ambitieuse au sein de l'UE: quels en sont les axes?

Xavier Bettel: L'Union européenne est avant tout un projet extraordinaire qui garantit la paix et la sécurité sur notre continent. Le Luxembourg a toujours été parmi les pays européens les plus engagés dans l'intérêt des valeurs fondamentales de l'UE, et nous continuerons à assumer ce rôle constructif. Actuellement, l'Europe se trouve dans une phase d'évolution et des questions sur le futur de l'Union se posent. Le Luxembourg veut faire avancer l'Europe, coopérer avec les partenaires et les institutions pour agir dans l'intérêt européen qui, vu les caractéristiques du Grand-Duché, se confond d'ailleurs par essence avec nos intérêts propres. Pour la Présidence de Conseil de l'Union européenne, nous avons opté pour une approche ouverte et nous serons à l'écoute des citoyens.

Lëtzebuerger Gemengen: Quels seront les principaux chantiers que vous initierez durant la présidence de l'UE?

Xavier Bettel: Plusieurs chantiers figurent à l'agenda des six mois prochains. Le futur de l'Union monétaire avec les problèmes que connaît la Grèce, la question sur l'avenir de la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne, les défis posés par les flux migratoires et la crise en Ukraine pour n'en citer que quelques-uns. Nous avons l'ambition de construire des ponts et d'assumer la fonction du médiateur pour nous permettre de nous concentrer sur les points d'intersection entre les 28 États membres de l'Union européenne. La Présidence luxembourgeoise se place dans le contexte de la mise en oeuvre du programme stratégique pour l'Union à l'ère du changement adopté par le Conseil européen des 26 et 27 juin 2014, et qui reprend les principales priorités pour l'Union européenne pour les cinq années à venir. Ainsi, les priorités de la Présidence luxembourgeoise pour le second semestre 2015 se déclinent sur sept axes: - Libérer l'investissement pour la croissance et l'emploi - Approfondir la dimension sociale européenne - Gérer la migration, allier libertés, justice et sécurité - Rendre sa dynamique au marché intérieur en misant sur le numérique - Inscrire la compétitivité européenne dans un cadre global et transparent - Promouvoir une démarche de développement durable - Renforcer la présence de l'Union européenne dans le monde

Lëtzebuerger Gemengen: Quelles actions concrètes mènerez-vous et quels messages forts souhaitez-vous diffuser pour cette occasion?

Xavier Bettel: Les actions seront décidées et mises en oeuvre de manière journalière à tous les niveaux. Pour vous donner l'exemple du dernier Conseil européen en juin: les chefs d'État et de gouvernement se sont exprimés sur la stratégie en matière de migration, et ils se sont par exemple mis d'accord sur le principe de l'admission, respectivement de la relocalisation de 60.000 réfugiés dans les États membres. Or, le plan de mise en oeuvre concret de cette stratégie reste à définir, et cette tâche reviendra maintenant entre autres à la Présidence. Cela signifie que nos fonctionnaires et les membres du gouvernement seront responsables des négociations, afin de trouver une solution qui peut réunir une majorité. Ici, comme d'ailleurs dans tous les domaines couverts par l'Union européenne, les importants travaux préparatoires se feront dans les coulisses, où l'on attend de la Présidence d'oeuvrer afin de forger des compromis pouvant se traduire en décisions concrètes. Notre message principal est que nous sommes dévoués et capables d'agir dans l'intérêt de l'Europe.

Lëtzebuerger Gemengen: Quelle(s) dimension(s) souhaitez-vous donner à cette présidence?

Xavier Bettel: Ce sera une Présidence proche du citoyen, et qui placera son action dans l'intérêt du citoyen. Cela signifie par exemple que la dimension sociale sera approfondie. La crise économique a conduit à une hausse du chômage, notamment celui des jeunes et elle a davantage creusé des inégalités. Cette réalité affaiblit l'économie européenne et affecte la stabilité socio-économique. Nous voulons mettre en avant la promotion d'une économie sociale de marché hautement compétitive. Cette approche s'inscrit dans les propos de la Commission européenne dans le sens d'une Europe "triple A social". L'accent sera mis sur l'investissement social et sur l'investissement dans les ressources humaines.

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