Interview de François Bausch avec Le Quotidien

François Bausch: "France, Belgique, Allemagne, Luxembourg : nous sommes liés."

Interview: Le Qoutidien (Hubert Gamelon)

Le Quotidien : Les usagers ont le sentiment d'une crise qui a été gérée sans réelle communication entre la France et le Luxembourg. 

François Bausch : Ce n'est pas vrai. Il y a eu des moments de tension. J'ai, par exemple, dit ce que je pensais de l'attitude de la SNCF lors du refus de franchir la frontière luxembourgeoise. Mais globalement, nous entretenons de très bonnes relations avec les élus français, que ce soit avec le secrétaire d'État au Budget du gouvernement, comme au niveau local, avec les maires de Thionville ou de Longwy.

Le Quotidien :  André Rossinot, cador de la politique en Lorraine, a soudainement réclamé la construction cofinancée d'une voie ferrée supplémentaire entre Thionville et Luxembourg. Mais il y a déjà un projet du côté luxembourgeois! (NDLR : doublement des voies entre Bettembourg et Luxembourg.)

François Bausch : Il voulait probablement parler du tronçon Thionville-Bettembourg... Je ne sais pas s'il faut le dédoubler aussi. En revanche, nous sommes ouverts au cofinancement, comme nous l'avons déjà fait avec le TGV vers Luxembourg. Et la priorité pourrait être la mise en place du système européen de contrôle des trains (ETCS) jusqu'à Thionville.

Le Quotidien : Cette crise a révélé la défiance qui existe parfois du côté français. Tout d'un coup, le voisin a estimé que le Luxembourg n'était pas capable de gérer un réseau de trains, que le fonctionnement de l'instruction était opaque... Vous vous êtes retrouvé à justifier la séparation des pouvoirs politique et judiciaire dans votre pays!

François Bausch : Des propos ont été blessants mais ils n'ont pas été tenus par des autorités officielles. J'ai en revanche noté que, quelques jours après l'accident de Dudelange, un accident a eu lieu sur le rail à Louvain, sur la ligne du Paris-Bruxelles. Là, personne n'aurait eu l'idée de stopper les trains. Ce n'était pas le rail d'un petit pays.

Le Quotidien : Et le maire de Metz, qui voit le développement du Luxembourg "comme Dubai" à ses portes, ce sont des propos officiels pour le coup... 

François Bausch : Ce n'est absolument pas constructif. Est-ce qu'on pourrait regarder l'Europe avec un peu de hauteur? Le Luxembourg connaît un développement puissant, c'est certain. Mais notre point d'honneur est de permettre à un maximum d'habitants de la Grande Région de profiter de l'effet locomotive. France, Belgique, Allemagne, Luxembourg : nous sommes liés. Cela pose des problèmes concrets, comme la mobilité, mais le Luxembourg consacre beaucoup d'efforts (deux milliards d'euros sur les projets route-train-tram-bus-vélo!) et nous sommes ouverts.

Le Quotidien : Quelle vision avez-vous des frontaliers français? Ils en ont bavé avec cette crise, et on vous a senti concerné quand vous leur avez parlé.

François Bausch : Comme tous les Luxembourgeois (sic), ils ont leurs idées et leurs coups de gueule. Moi non plus je ne suis pas toujours content! (Il rit) Plus sérieusement, je pense que les frontaliers français apportent beaucoup à l'économie, qu'ils sont dynamiques et qu'ils sont les meilleurs ambassadeurs du Luxembourg dans leur pays. Voilà quelque chose de résolument positif.

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