Conseil européen extraordinaire de Lisbonne

Sous la présidence du Premier ministre portugais, Antonio Guterres, les chefs d'Etat et de gouvernements de l'Union européenne se sont réunis les 23 et 24 mars 2000 à Lisbonne, pour un Conseil européen extraordinaire consacré à l'emploi. Un tel sommet avait déjà eu lieu sous présidence luxembourgeoise, en 1997.


Jean-Claude Juncker, Premier ministre et Lydie Polfer, ministre des Affaires étrangères au Conseil européen extraordinaire de Lisbonne (23-24 mars 2000)

Le Luxembourg était représenté par le Premier ministre, Jean-Claude Juncker, Lydie Polfer, ministre des Affaires étrangères, Henri Grethen, ministre de l'Economie, et François Biltgen, ministre du Travail et de l'Emploi.

La première journée fut marquée par l'objectif que se sont fixé les Quinze de devenir, d'ici dix ans, la première puissance économique mondiale.

La nouvelle stratégie européenne repose sur quatre piliers:

  • préparation à la société et l'économie de la connaissance,
  • promotion des réformes économiques pour la compétitivité et l'innovation,
  • modernisation du système de protection sociale, lutte contre l'exclusion sociale,
  • poursuite d'un dosage des politiques macro-économiques pour favoriser une croissance durable. Unis par la volonté de créer une Europe du plein emploi, les pays européens se sont fixés des objectifs communs de croissance annuels, de 3%.

Les Quinze devraient créer 20 millions d'emplois d'ici 2010 au sein de l'Union Européenne, notamment grâce à Internet. En effet, "L'Europe de l'innovation et de la connaissance", axée sur les nouvelles technologies, figurait à l'ordre du jour comme objectif pour 2002. Aucune catégorie de la société ne devra rester en marge de la propagation d'Internet.

Et la baisse des coûts d'accès à Internet, par la création de réseaux interconnectés de faible coût, devrait faciliter le processus. Ainsi, e@Europe devrait voir le jour.

Dans le cadre d'une protection sociale mieux adaptée, la place des femmes sur le marché du travail deviendra plus réelle, le passage à la retraite devra se faire de manière plus flexible, et la formation restera une réalité tout au long de la vie. Quant aux petites entreprises, qui connaissent de réelles difficultés financières, elles seront davantage soutenues à l'avenir.

En décembre 2000 sera proposé, sous la future présidence française, un agenda social européen comprenant toutes les initiatives des pays concernés.

Au terme du sommet, Jean-Claude Juncker s'est réjoui que celui-ci ait poursuivi le processus de Luxembourg. A ce propos, un forum aura lieu, en juin 2000, rassemblant les institutions de l'Union européenne, pour faire le point sur le processus de Luxembourg.

En revanche, il a regretté que ce sommet n'ait finalement pas été ce qu'il promettait d'être, c'est à dire un sommet "spécial emploi". En effet, il y a été surtout question de réformes structurelles en vue d'une Europe à venir. Mais, le prochain sommet sous présidence française portera exclusivement sur la lutte contre le chômage avec des mesures adaptées notamment au chômage de longue durée.

Enfin, Jean-Claude Juncker a relevé que la mise en place de la société de connaissance allait certainement créer de vrais emplois pour les enfants et adolescents d'aujourd'hui, mais, a exprimé un doute quant au fait que cette nouvelle stratégie économique pourrait, à elle seule, résorber le chômage de longue durée, fortement présent aujourd'hui. En fait, Jean-Claude Juncker se montre assez sceptique concernant l'adoption unanime de l'expression "nouvelle économie".

(Publié le 27 mars 2000)

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