S.A.R. la Grande-Duchesse et Charles Goerens en visite d'amitié et de travail au Mali

Du 8 au 12 janvier 2001, une délégation du grand-duché de Luxembourg, présidée par S.A.R. la Grande-Duchesse et dirigée par Charles Goerens, ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, a effectuée une visite d'amitié et de travail au Mali.

Le Mali, avec une superficie de 1.240.000 km2 (plus que deux fois la superficie de la France) et une population de 10.7 mio d'habitants est un des pays les plus pauvres de la planète puisqu'il a été classé 165 e sur 174 par le PNUD dans son Rapport mondial sur le développement humain en 1999.

Depuis le premier janvier 1999, le Mali figure parmi les dix pays "cible" de la coopération bilatérale luxembourgeoise et bénéfice de plusieurs interventions qui s'inspirent de la Stratégie nationale de Lutte contre la Pauvreté (SNLP) élaborée par le ministère de l'Economie, du Plan et de l'Intégration du Mali. En Afrique de l'Ouest les pays cibles sont le Niger, le Burkina Faso, le Sénégal et le Cap Vert.

Les projets financés par la coopération luxembourgeoise concernent plusieurs secteurs, notamment l'éducation de base, la santé primaire, l'eau et le développement rural et ceci dans deux zones géographiques bien déterminées, à savoir les quartiers périurbains de la capitale Bamako et la région de Kidal au nord du Mali.


Quelques mots de Charles Goerens à l'issue de l'accueil de la délégation luxembourgeoise à l'aéroport de Bamako, S.A.R. la Grande-Duchesse
est
 accompagnée d'Adame Ba Konare, épouse du président de la République du Mali

Le séjour de la délégation luxembourgeoise dans la capitale, Bamako, a été marqué par une multitude d'entrevues politiques et par plusieurs visites de projets de coopération auxquels le Luxembourg participe ou participera à l'avenir.

Dès son arrivée le 8 janvier, la délégation luxembourgeoise n'a guerre eu le temps de souffler. Le ministre Charles Goerens, et son équipe se sont directement rendus à une réunion de travail au ministère des Affaires étrangères du Mali pour discuter et faire le point sur les programmes de coopération luxembourgeois en cours, en préparation ou à développer à l'avenir.


Réunion de travail au ministère des Affaires étrangères du Mali

Cette longue réunion rassemblait, du côté malien, le ministre des Affaires étrangères, Modibo Sidibe, le ministre de l'Equipement, de l'Aménagement du Territoire, de l'Environnement et de l'Urbanisme, la ministre du Développement social, de la Solidarité et des Personnes ainsi que le ministre de l'Education. Etaient présents par ailleurs des responsables de différents ministères maliens, des collaborateurs aux programmes de coopération et des représentants du PNUD et du PNUAP.

Les entretiens menés furent fructueux. Le Luxembourg rappelait les lignes directrices qui président à sa politique de coopération et assurait qu'à l'avenir son engagement allait encore croître au Mali.

La coopération luxembourgeoise s'intéresse essentiellement, au Mali, à des entreprises qui visent l'amélioration de l'éducation (combat de l'analphabétisme très répandu et accès à l'éducation pour tout le monde sur l'ensemble du territoire), le combat pour de meilleures infrastructures de santé et des soins médicaux accessibles (le Mali compte 4 médecins sur 100.000 habitants et une mortalité infantile qui dépasse les 120 sur 1000 naissances), la promotion féminine, développement rural (p.ex. par le forage du puits dans le nord quasi-désertique du Mali où l'eau vaut de l'or) et le combat de la pauvreté en général.

La journée du 9 janvier a commené par des réunions bilatérales supplémentaires entre le ministre de la Coopération et de l'Aide humanitaire luxembourgeois et respectivement le ministre du Développement rural du Mali, celui de l'Equipement, de l'Aménagement du Territoire, de l'Environnement et de l'urbanisme et le ministre de l'Education.

Après ces entretiens la délégation luxembourgeoise, présidée par S.A.R la Grande-Duchesse, qui est aussi Ambassadrice de bonne volonté de l'UNESCO, et dirigée par Charles Goerens, fut reçue en audience par le président de la République du Mali, Alpha Oumar Konare.


Entrevue avec le président de la République du Mali, Alpha Oumar Konare

M. Konare est président depuis 1992 et finira son deuxième mandat en 2002. Il est connu pour son attachement à la démocratie et à ses valeurs. Dans son entretien avec la grande-duchesse et M. Goerens, il a développé sa vision de l'avenir du Mali et a clairement esquissé les problèmes du Mali actuel, les défis qui attendent le pays, mais aussi les chances qu'on voit poindre à l'horizon.

Quelques grandes orientations de la politique du Mali d'aujourd'hui sont:

  • la décentralisation, c.à.d. la délégation de plus de pouvoirs aux communes et par la même la responsabilisation et l'implication des communautés locales;
  • une politique d'apaisement qui, suite aux quelques conflits qui ont eu lieu dans les années précédentes entre des minorités (notamment les touaregs) et le gouvernement central, vise a concilier l'unité avec la diversité et à interpréter cette dernière non pas comme une menace à combattre mais comme une richesse à cultiver;
  • la poursuite d'une politique d'intégration dans des ensembles supra-nationaux tels que l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) et de CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) avec en point de mire l'émergence d'une nouvelle citoyenneté ouest-africaine comme l'a indiqué le président du Mali lors des entretiens.

Charles Goerens a salué, lors de l'entrevue avec le président Konare, l'existence d'une vision pour le Mali contagieuse par son enthousiasme, sa clairvoyance et sa cohérence. Il a considéré que la collaboration avec le Mali était caractérisée par un esprit de vrai partenariat et que le Luxembourg qui consacre, depuis l'année 2000, 0,7% de son revenu national brut à la politique de coopération et y consacrera normalement 1% à partir de 2005 - allait sûrement accentuer ses efforts au Mali à l'avenir.

Le reste de la journée de mardi était consacrée à la visite des programmes de coopération auxquels le Luxembourg participe ou va participer et à celle de la DNAFLA. La direction nationale de l'alphabétisation fonctionnelle et de linguistique appliquée du ministère de l'Education du Mali est l'agence d'exécution du projet cofinancé par la coopération luxembourgeoise dans le quartier de Lassa à Bamako. Ce projet, qui lui aussi a été visité, vise à l'amélioration des conditions de vie et de travail de 300 femmes et jeunes filles défavorisées. Ceci par le biais d'une alphabétisation progressive, de mesures d'éducation et de formation inscrites dans un cadre pratique (santé, environnement, agriculture, élevage, gestion etc.), d'octrois de micro-crédits et en général, d'une incitation au développement d'activités génératrices de revenu qui permettent aux femmes de se prendre en charge elles-mêmes, de développer leurs propres initiatives, d'acquérir plus d'autonomie.

Un autre projet traité est celui du quartier de Missira. Ce projet n'est pour l'instant qu'en cours de formulation mais le ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire a lors de la visite donné des assurances à la population que le Luxembourg soutiendra le projet.

A Missira les buts poursuivis sont aussi l'alphabétisation de la population, mais une attention particulière y est donnée aux aspects de l'assainissement, de la gestion des déchets et du pavage des rues. La population locale est étroitement impliquée dans les activités entreprises à Missira. Les habitants font eux-mêmes l'essentiel du travail de réaménagement de leur quartier. Tout le monde est mobilisé et le projet devient ainsi d'abord celui de la population du quartier elle-même. L'idée du projet de Missira remonte à Mme Aminata Traore, ex-ministre de la culture du Mali.


S.A.R. la Grande-Duchesse et le ministre Goerens devant le bâtiment du centre hospitalier "Le Luxembourg"

La dernière visite de la journée du mardi était celle de l'Hôpital Mère et Enfant "Le Luxembourg". Cette clinique est spécialisée comme en gynécologie et en traitement des bébés. La création de cette clinique remonte à une initiative de l'association malienne "Fondation pour l'enfance" qui a trouvé comme partenaires luxembourgeois la Fondation Raoul Follereau et le gouvernement luxembourgeois. Ces derniers ont financé l'équipement médical de l'hôpital.

En parallèle à certains entretiens et à certaines visites du ministre Charles Goerens, la grande-duchesse a de son côté rendu une visite de courtoisie à Adame Konare, l'épouse du président de la République.

Elle a par ailleurs visité le Musée national et la Maison des Artisans à Bamako. Finalement la délégation du Luxembourg a aussi encore eu l'occasion mardi de visiter le musée de la femme "Muso Kunda".

Les deux premières journées de la visite luxembourgeoise au Mali se sont déroulées dans un climat très chaleureux et ont connu aussi un vaste écho dans les médias maliens (télévision, radio, presse).

Le 10 janvier, au petit matin, s'est terminée la première partie de la visite officielle de S.A.R. la Grande-duchesse Maria Teresa et du ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, Charles Goerens, au Mali. L'avion de l'armée malienne a pris son envol du tarmac de l'aéroport de Bamako pour amener la délégation luxembourgeoise à Kidal, une ville malienne située à environ 1.700 kilomètres de la capitale.


Sous une tente Touareg à Kidal

A Kidal, tout est finalement une question d'eau. Cette ville située au nord du Mali, aux confins du Sahara, est peuplée de touaregs qui vivent essentiellement de l'élevage et pour lesquels le combat contre la pénurie d'eau est quotidien. De l'eau pour les hommes, de l'eau pour le bétail, de l'eau pour les pâturages ils n'en trouvent, en dehors de la très courte période de pluies, essentiellement qu'en un nombre limité de points d'eau situés la plupart du temps à des distances très importantes.

C'est ici qu'intervient le projet "Développement durable dans la Région de Kidal" lancé en novembre 1999 par le ministère de la coopération luxembourgeois.Vu que la disponibilité de l'eau est dans la région la conditio sine qua non pour pouvoir attaquer les autres problèmes (structures déficientes en ce qui concerne le commerce de bétail, problèmes de santé et d'éducation), ce projet cherche à contribuer à créer un réseau de puits assez dense (environ tous les 50 km) pour qu'en période de sécheresse le bétail ait toujours de l'eau à disposition à des distances franchissables.

L'accueil à Kidal pour la délégation luxembourgeoise était des plus chaleureux. Une grande fête en l'honneur des hôtes luxembourgeois avait été organisée pendant laquelle des touaregs défilaient sur leurs chameaux devant les invités (Carrousel des chameaux). Cette fête fut précédée par une visite de la Maison des artisans de Kidal et de la clinique locale. Jeudi matin la délégation a visité, près de Takalott, dans la région de Kidal, un des puits forés par les soins de l'équipe de coopération sur place. Jusqu'à ce jour 7 puits ont été forés, dont 2 qui fournissent suffisamment d'eau et peuvent être exploités de manière durable. Le projet doit en principe se terminer en 2003.

Après la visite du forage de Takalott la grande-duchesse et le ministre de la Coopération et de l'Aide humanitaire ont pu rencontrer les représentants d'une tribu de touaregs qui avait ses campements dans la région et ont discuté sous la tente avec ces derniers des problèmes qu'ils rencontrent dans leur vie quotidienne (sécheresses, malnutrition, infrastructures de santé et d'éducation rudimentaires et déficientes). Les touaregs ont fait preuve lors de ces entretiens, comme ils l'avaient déjà fait le jour précédent, d'une grande lucidité dans leur analyse des défis auxquels ils sont exposés et d'une rare cohérence dans les stratégies et les visions qu'ils proposent pour attaquer les problèmes existants et rendre possible un développement dans la région qui permette d'échapper aux pénuries de toutes sortes tout en s'inscrivant dans la pérennité.

La prochaine étape du voyage au Mali était Tombouctou. Cette ville mythique, qui d'après les anciennes légendes jouissait autrefois d'une richesse fabuleuse, est aujourd'hui une cité relativement isolée mais qui connaît toutefois déjà des débuts de tourisme. Tombouctou, caractérisée par des bâtisses en torchis et le sable fin du Sahara omniprésent, était au 15e et au 16e siècle un centre très important d'érudition et de sagesse islamique. Les écoles coraniques y étaient légion et des étudiants y suivaient dans des mosquées des cours d'universités.

La délégation luxembourgeoise a pu se faire une idée de la gloire passée de la ville en visitant les deux mosquées les plus importantes et surtout en contemplant dans le Centre Ahmed Baba (un érudit arabe qui fut déporté à l'époque par l'occupant marocain) une partie des manuscrits qui ont survécu jusqu'à nos jours et témoignent du passé illustre de Tombouctou. Malheureusement ce centre manque cruellement de moyens pour conserver et sauver pour la postérité, d'une part, pour exploiter et mettre à disposition des chercheurs (notamment par une informatisation des manuscrits), d'autre part, les trésors qu'il héberge. Cet état de fait a interpellé les représentants luxembourgeois qui veulent analyser si et dans quelle mesure le Luxembourg pourrait fournir une aide aux maliens pour préserver et faire connaître ce patrimoine de l'humanité qui sommeille à Tombouctou. Le séjour de S.A.R. la grande-duchesse et du ministre Goerens dans cette ville du Sahara s'est terminée vendredi dernier par le retour par avion vers la capitale du Mali.

A Bamako, le ministre luxembourgeois de la Coopération et de l'Aide humanitaire a encore dans l'après-midi du 12 janvier 2001 signé dans les locaux du ministère des Affaires étrangères malien deux accords de coopération. Le premier de ces accords couvre un programme d'alphabétisation dans le quartier de Missabougou à Bamako (Programme d'alphabétisation fonctionnelle et d'appui aux initiatives de développement des femmes et des jeunes du quartier de Missabougou). Les mesures prévues dans ce cadre sont: la formation professionnelle, l'éducation préscolaire, l'alphabétisation, l'appui à l'émergence d'activités génératrices de revenus et d'emplois et l'amélioration des conditions sanitaires. Le second accord concerne l'appui à l'éducation de base des filles et des femmes dans les régions du nord (Gao-Tombouctou-Kidal).

Ce projet cofinancé par le Luxembourg est exécuté sur place par l'UNESCO. C'est aussi dans les locaux de l'UNESCO que s'est déroulée la dernière réunion de cette visite au Mali. La grande-duchesse, ambassadrice de bonne volonté de l'UNESCO, y a discutée avec les représentants de différents organismes des Nations Unies (UNESCO, PNUD, FNUAP, FMI, OMS, HCR, ...) des défis auxquels est confronté le Mali et des activités de ces organismes internationaux au Mali. Elle a aussi encore une fois exprimée son souhait qu'on puisse d'une manière ou d'une autre aider le Centre Ahmed Baba de Tombouctou pour la conservation et la diffusion de ses manuscrits précieux. Une agence comme l'UNESCO est évidemment directement concernée par un tel projet.

La grande-duchesse fut rejointe plus tard par Charles Goerens qui a discuté des priorités de la coopération luxembourgeoise avec les représentants des organisations de l'ONU. La visite de la délégation luxembourgeoise au Mali a définitivement pris fin vendredi soir par une réception offerte par le Luxembourg. Elle fut l'occasion de raffermir les liens encore jeunes entre le Mali et le Luxembourg, de se faire une idée du chemin déjà parcouru par la coopération luxembourgeoise au Mali et de poser les jalons pour une collaboration qui se renforcera encore quantitativement et qualitativement à l'avenir.

Communiqué par le SIP

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