Visite officielle de la ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer en Iran

Mme Lydie Polfer, ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, a effectué une visite officielle en Iran du 27 au 30 mai 2002 sur invitation de son homologue iranien, M. Kamal Kharrazi.

Intensifier le dialogue pour une meilleure compréhension mutuelle

Au cours de la première journée de sa visite officielle en Iran, Mme Lydie Polfer a été reçue successivement par son homologue iranien, le Dr Kamal Kharrazi, le président de la République, M. Mohammad Khatami, le ministre du Commerce, M. Mohammad Shariatmadari, le président du Parlement, M. Mehdi Karroubi, et par une délégation de femmes parlementaires.


Lydie Polfer et le président Khatami

Au centre des discussions figurait, en plus des relations bilatérales, la recherche par les parties iranienne et luxembourgeoise d'une meilleure compréhension mutuelle, basée sur le respect des valeurs et traditions des uns et des autres. Afin d'appuyer ce processus, Mme Lydie Polfer a invité le président Khatami, qui est à l'origine de l'initiative sur le dialogue des civilisations initié dans le cadre des Nations Unies, à venir s'exprimer au cours de la présidence luxembourgeoise devant le Conseil de l'Europe.


Lydie Polfer et son homologue iranien, M. Kamal Kharrazi

Compte tenu du rôle important que l'Iran joue dans une région particulièrement volatile du globe, tous les intervenants étaient d'accord pour constater qu'il est d'autant plus important qu'à travers des contacts renforcés, Européens et Iraniens tentent de rapprocher leurs points de vues et leur analyse des problèmes auxquels nos sociétés doivent faire face.

Avec le ministre du Commerce, Mme Polfer a également évoqué les possibilités pour renforcer les échanges bilatéraux et pour intensifier les relations commerciales.

Dans ce cadre, les ministres ont également évoqué la question de l'adhésion de l'Iran à l'Organisation mondiale du commerce et la négociation d'un accord de commerce et de coopération entre l'Union européenne et l'Iran.

Lydie Polfer devant l'Institut iranien d'études politiques

Défendre les droits de chaque homme, de chaque femme, de chaque enfant signifie renforcer le lien de solidarité qui unit l'humanité.

Telle était la conclusion du discours (pdf) que Lydie Polfer a prononcé, sur invitation de l'Institut des études politiques, devant les représentants du monde académique et politique ainsi que de la société civile auxquels s'était jointe la communauté diplomatique de Téhéran. Après avoir retracé brièvement le processus d'unification européenne, Lydie Polfer a développé devant son auditoire la finalité politique première de l'unification européenne: être un promoteur de paix, de développement et de dialogue en Europe et dans le monde.


Mme Polfer avec à ses côtés, le ministre des Affaires étrangères Seyed Kharrazi, Mme Kulaei, députée d'Isfahan, connue pour ses interventions critiques au Parlement et Mme Haztei, directeur du département des droits de l'homme

Après avoir garanti pendant plus d'un demi siècle, le progrès social et économique en Europe, grâce à une méthode de travail novatrice, qui ne repose plus sur le principe des rapports de force, mais sur des institutions communes, basées sur l'égalité et le respect mutuel de l'état de droit. Le succès de ce processus impose aux Etats membres de l'Union européenne un devoir moral de partager ce modèle de coopération avec les autres partenaires de la communauté internationale. L'Europe unie, le plus grand bloc commercial du monde, premier fournisseur d'aide au développement, se doit de jouer un rôle plus actif sur la scène internationale et elle est en train de se doter des instruments nécessaires à cette fin.

Parmi les instruments que le chef de la diplomatie luxembourgeoise a mentionné, figurent certes l'élargissement comme facteur puissant de stabilité en Europe, mais également, et sur une échelle plus vaste, la coopération au développement, l'instauration de relations commerciales plus justes, permettant aux pays moins avancés de trouver leur place dans la répartition internationale du travail, et la coopération renforcée des Etats du monde pour maîtriser, dans un effort conjoint, les effets néfastes de la mondialisation, trafic de drogues, blanchiment d'argent, criminalité internationale, terrorisme, notamment.

La pierre angulaire de l'ouvrage, tant au niveau de l'Union qu'au niveau des relations internationales doit cependant être la recherche constante d'une meilleure compréhension et d'un dialogue renforcé, tant entre pays qu'à l'intérieur de ceux-ci.

L'Europe qui fédère différentes sensibilités culturelles se doit aussi d'être un promoteur actif d'un dialogue plus vaste entre nations et civilisations dans l'esprit de l'initiative du dialogue des cultures initié par le président Khatami sous les auspices des Nations-Unies. Lydie Polfer a plaidé pour une intensification de ce dialogue qui ne devrait pas se limiter à un dialogue entre religion ou entre pays développés et pays moins prospères, mais englober toutes les composantes de nos sociétés et être mené à tous les niveaux.

Toutefois, pour réussir ce dialogue, plusieurs conditions doivent être remplies pour le ministre luxembourgeois. Pour garantir la réussite, elle a plaidé pour un engagement conjoint pour plus de justice et de solidarité dans les relations entre hommes et nations, puisque "sans améliorations des conditions de vie, le dialogue ne restera qu'une coquille vide". Par ailleurs, la tolérance et le respect face aux convictions des autres sont autant de conditions du succès que l'humilité qui doit présider au dialogue entre cultures, car aucun pays et aucune civilisation n'a été à l'abri de manquements. Finalement, Lydie Polfer a plaidé pour un dialogue "qui s'inspire des valeurs éthiques universelles, puisque aucune culture et aucun pays ne peut être construit sur la négation de valeurs et des droits de l'homme."

Information transmise par le ministère des Affaires étrangères

Au préalable de la visite en Iran, le député Ben Fayot avait adressé une question parlementaire à la ministre Lydie Polfer quant à l'opportunité de sa visite en Iran. M. Fayot se demandait si la visite arrive à un moment opportun, et s'il ne serait pas plus indiqué d'exprimer sa réprobation face à l'atteinte à la dignité humaine qui caractérise le régime actuel iranien.

Dans sa réponse, Mme Polfer a noté que "le gouvernement luxembourgeois estime qu'il y a lieu d'intensifier les contacts avec les autorités iraniennes en vue de les encourager dans leur détermination de rapprocher la société et les institutions de l'Iran des normes internationales en vigueur".

En effet, le président Khatami jouissait d'un soutien populaire massif depuis les élections présidentielles du 8 juin 2001 à sa politique de réforme visant à adapter progressivement le système politique iranien aux normes universelles en matière de respect de l'Etat de droit, de libertés publiques et de protection des droits de la personne humaine.

Selon la ministre des Affaires étrangères, l'attitude du Luxembourg s'apparente à celle de l'Union européenne. Les Etats membres de l'UE avaient décidé d'appuyer le mouvement d'ouverture au sein de la société iranienne. Depuis 1998, ils ont engagé un dialogue constructif avec les autorités de l'Iran. Par ailleurs, les ministres des Affaires étrangères de l'Espagne, de l'Autriche et de la Suède s'étaient déjà rendus à Téhéran et les hauts responsables iraniens ont été reçus en Grèce, en Italie, en Autriche et au Danemark.

Mme Polfer entend aussi soulever la question des droits de l'homme et avoir des entrevues avec des représentants de la société civile, y compris des femmes. Il importe à Mme Polfer de se faire une meilleure idée des évolutions en cours au sein de la société iranienne, afin d'apprécier par la suite l'attitude à adopter à l'égard de l'Iran.

 

 

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