La ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer se prononce sur sa visite en Iran

Le vendredi 31 mai 2002, Mme Lydie Polfer, ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, a informé la presse de sa récente visite en Iran. Mme Polfer n'a pas regretté d'avoir accepté l'invitation du gouvernement iranien, la visite lui aurait permis de se faire une image plus nuancée des multiples facettes de ce pays. Quant à la population iranienne, la ministre l'a qualifiée de très contradictoire: toutes sortes d'interdits mais aussi une volonté de réformer le pays.

En début de la conférence, la ministre des Affaires étrangères s'est montrée étonnée par l'apparition de la question de la légitimité de sa visite - question soulevée notamment par le député Ben Fayot dans une question parlementaire - alors que Lydie Polfer avait pourtant annoncé son déplacement lors d'un débat à la Chambre des députés début mars 2002. A l'époque, presque tous les députés auraient manifesté leur approbation à la visite.

Lydie Polfer a d'abord expliqué la situation complexe de l'Iran. D'un côté, il y a la "démocratie religieuse": le pouvoir religieux ancré dans les institutions du pays. Il peut prendre des mesures juridiques si des lois votées par le Parlement ne sont pas en accord avec l'Islam.

De l'autre côté, une société critique face à ce système, qui manifeste clairement ses positions. "La volonté de réformer le pays est présente chez une grande partie de la population", a déclaré Mme Polfer. Les dernières élections en auraient témoignées, le président Khatami se posant en faveur de réformes. Bien que les réformes promises n'aillent pas toujours aussi loin que prévues, un processus serait en cours. Les incursions dans la vie privée par exemple seraient de plus en plus rares.

La question des droits de l'homme fut aussi évoquée lors des entrevues. Mme Polfer a attiré l'attention sur le cas d'un journaliste kidnappé en novembre 2001 et condamné - en l'absence d'un juste procès - à onze ans de prison. La ministre luxembourgeoise serait intervenue auprès de son homologue iranien pour garantir un traitement médical adéquat pour le journaliste dont l'état de santé se détériore de plus en plus.

La société iranienne serait donc pleine de contradictions: toutes sortes d'interdits d'un côté et une grande créativité et volonté pour faire avancer le pays de l'autre côté.

La ministre a eu l'impression que les Iraniens ont conscience de cette complexité. Sans mettre en question la base religieuse de leur société, la population iranienne veut une société juste pour tout le monde.

L'Iran serait aussi un pays qui souffrirait de son image négative à l'étranger. Surtout les femmes auraient l'impression que leur situation, leur rôle et leur volonté réformatrice seraient méconnues. Afin de prouver que les femmes iraniennes sont bien intégrées dans les différents aspects de la vie civile, Mme Polfer a précisé que 65% des étudiants seraient des femmes.

Côté commercial, l'économie iranienne n'aurait que peu de chances pour évoluer dans un monde globalisé, 85% des produits étant fabriqués à l'intérieur des frontières de l'Iran. L'ouverture de ses marchés aux entreprises étrangères permettrait aussi une plus grande ouverture de la population. Dans ce contexte, une décision relative à l'accord commercial entre l'Iran et l'UE devra être prise lors du prochain conseil Affaires générales au Luxembourg.

La visite de la ministre luxembourgeoise s'inscrit dans la ligne de ses homologues européens. Dans les prochains jours, le ministre belge des Affaires étrangères Louis Michel est attendu en Iran. "Nous n'avons pas l'intention de conduire une politique étrangère indépendante de celle de l'UE", conclut Mme Polfer, "Or, nous avons un rôle différent à jouer. Quand nous cherchons le dialogue, ce n'est pas pour des raisons économiques".

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