Wirtschaftstag 2004: le Premier ministre Jean-Claude Juncker plaide pour une Europe plus optimiste et plus laborieuse

Le 21 octobre 2004, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a été le principal invité au Wirtschaftstag 2004 à Francfort où il a tenu un discours intitulé Europa 2010: Wege europäischer Wirtschaftspolitik à la Jahrhunderthalle.

Ce colloque a été organisé par les Volksbanken et Raiffeisenbanken dans le but de constituer un lieu de réflexion autour de l’avenir politique et économique de l’Europe.

Devant un auditoire de 2.500 personnes, dont le ministre allemand de l’Économie et de l’Emploi, Wolfgang Clement, le Premier ministre a critiqué l’ambiance pessimiste en Europe. "Faire comme si rien n’allait plus n’est pas l’attitude qu’il nous faut pour relancer l’économie européenne", a-t-il déclaré. Vu la création de l’euro, la conception du marché unique et l’établissement de la paix permanente dans l’Union européenne, le pessimisme ne serait pas justifié.

Mais Jean-Claude Juncker a également prévenu que d’autres réussites doivent suivre. Il ne faudrait pas tomber dans la passivité mais agir, entre autres par des réformes. À cet égard, il a rappelé le temps où le mot 'réforme' aurait encore provoqué l’enthousiasme et non pas la suspicion. Il importerait donc de rendre les réformes plus populaires, car elles seraient nécessaires, notamment dans le domaine de l’économie européenne.

Jean-Claude Juncker a notamment cité l’agenda de Lisbonne dans ce contexte, mais il ne s’est pas montré convaincu que l’objectif de la stratégie de Lisbonne - faire en sorte que l’économie européenne de la connaissance devienne la plus compétitive et la plus dynamique au monde d’ici 2010 - pourrait être atteint dans les délais prévus. C’est pourquoi il importerait d’autant plus que tous fassent des efforts, particulièrement par la "redécouverte de la valeur du travail". "Il faut travailler plus, de façon plus intensive et plus productive", a souligné le Premier ministre. Par ailleurs, la formation professionnelle continue, la revitalisation de la recherche en Europe ainsi que l’abolition des lourdeurs administratives constitueraient d’autres défis à relever dans les années à venir.

Au cours de l’entretien que le Premier ministre a accordé sur le plateau après son discours à Udo van Kampen, chef de studio de la deuxième chaîne allemande ZDF à Bruxelles, des sujets d’actualité européenne ont été abordés.

En ce qui concerne les statistiques erronées de la Grèce, Jean-Claude Juncker s’est ainsi prononcé pour un renforcement du contrôle des offices des statistiques nationaux et pour la prise de sanctions à l’avenir.

Quant à l’élargissement de l’Union européenne vers l’Est, il s’est montré confiant, car ces pays seraient prêts à engager des réformes. Mais il a également fait remarquer qu'une adhésion trop rapide risquerait de déstabiliser l’Union européenne. Par ailleurs, le chef du gouvernement luxembourgeois regrette que le débat autour de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne n’apparaisse que maintenant. En 1997, lorsque la candidature de la Turquie n’a pas été retenue, le moment aurait été propice aux discussions. Selon les vœux du Premier ministre, les négociations ne devraient prendre en considération que les aspects économiques de l’adhésion et non les aspects culturels ou religieux qui, dans le passé, ont trop souvent donné lieu à des conflits.

À la question des frontières de l’Union européenne, le Premier ministre a répondu que la seule frontière réelle de l’Union serait "la frontière de l’ambition".

En guise de conclusion, Jean-Claude Juncker a déploré que les institutions européennes soient trop souvent le bouc émissaire pour toutes les difficultés politiques alors que la vraie responsabilité incomberait souvent aux États nationaux.

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