Visite du ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, au Proche-Orient

Le président du Conseil de l'Union européenne et ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a effectué une visite au Proche-Orient les 19 et 20 janvier 2005. Il s'est rendu en Israël et dans les Territoires palestiniens.

Le 19 janvier, le Président du Conseil de l'Union européenne et ministre des Affaires étrangères luxembourgeois Jean Asselborn a rencontré le président israélien Moshe Katzav, le Premier ministre Ariel Sharon et le ministre des Affaires étrangères Sylvan Shalom. Suite à ses entretiens, Jean Asselborn a fait la déclaration suivante lors d'une conférence de presse au ministère des Affaires étrangères israélien:

Déclaration à la presse de Jean Asselborn suite à ses entretiens en Israël

"Je me réjouis tout particulièrement d`être aujourd’hui ici en Israël. Il s’agit de mon premier déplacement à l'étranger en tant que Président en exercice du Conseil de l’Union européenne. J’ai tenu à venir dès le début de la Présidence luxembourgeoise pour dire une fois de plus aux autorités israéliennes l’importance que l’UE attache à ses relations avec Israël ainsi qu'à la recherche d'une solution juste et durable au Proche-Orient.

L’Union européenne voit en Israël un ami et un partenaire important. Nos relations reposent sur des assises solides. Des liens historiques et culturels nous unissent. L’Union européenne est le premier partenaire commercial d’Israël. Une nouvelle étape dans nos relations a été franchie en décembre dernier avec l’adoption d’un plan d’action UE-Israël dans le cadre de la Politique européenne de voisinage. Ce plan d’action, basé sur l’accord d’association entré en vigueur en 2000, vise à renforcer encore nos relations politiques, sécuritaires, économiques, scientifiques et culturels. Je suis persuadé que sur cette base, nous saurons dans les mois et années à venir, nous rapprocher encore davantage.

A côté de ces relations bilatérales, le processus de paix a, bien sûr, été au centre de nos discussions. J’ai assuré le ministre Shalom du plein soutien de l’Union européenne et de ses Etats membres dans la recherche d’une solution négociée, juste et durable au conflit qui perdure depuis déjà trop longtemps.

Je souhaite être très clair: l'Union européenne condamne sans réserve le terrorisme. Il ne saurait y avoir de justification à des actes terroristes. Il est impératif d’y mettre un terme. Personne ne devrait devoir vivre sous la menace d’attaques ou de tirs de roquettes Qassam.

Nous avons pris bonne note des déclarations très claires à ce sujet du nouveau président de l’Autorité palestinienne. Nous comptons sur une action déterminée de sa part.

Malgré les récentes attaques terroristes, il nous semble cependant important de saisir l`opportunité qui s’offre aux parties pour relancer le processus de paix. Il ne faut pas permettre à de tels actes terroristes de saboter les aspirations légitimes des peuples israélien et palestinien à la paix.

L’Union européenne va continuer à soutenir tous ceux qui aspirent à la sécurité et à la paix.

Nous continuerons d'œuvrer dans le cadre du Quartet et de la feuille de route pour assurer qu'Israël puisse tabler sur un avenir prospère et sûr, dans la paix et la coopération avec ses voisins. L'intégration européenne montre que la réconciliation et la construction d’un avenir commun sont possibles après des générations de guerre et de souffrance.

La position de l’Union européenne sur le plan de retrait de Gaza  est claire: c’est une opportunité qui devra être saisie par les parties. Je me félicite à cet égard du soutien dont jouit ce plan auprès d’une majorité d’Israéliens.

Le désengagement doit être un succès, c’est pourquoi nous avons souligné l`importance que le désengagement tienne compte de certains paramètres: le retrait doit être complet signifiant notamment qu’il doit se situer dans le contexte de la feuille de route, qu’il doit être négocié avec l’Autorité palestinienne et présenter un pas vers la vision de deux Etats, vivant côté à côté en paix et en sécurité, qu’il ne doit surtout pas être accompagné par un transfert des colonies en Cisjordanie et qu’Israel devra faciliter la réhabilitation économique de Gaza. Je rends hommage au gouvernement israélien pour les efforts déjà réalisés en ce sens, et je suis confiant qu’il continuera à avoir la détermination nécessaire pour réaliser cette tâche importante.

L’Union européenne ne peut et ne veut se désintéresser de questions qui touchent directement à la stabilité des régions voisines de l’Europe élargie. Vous pouvez compter sur le soutien continu de l’Union européenne."

Suite du programme

Jean Asselborn a rencontré le 20 janvier à Gaza le Président palestinien Mahmoud Abbas et son ministre des Affaires étrangères Nabil Chaath.

Jean Asselborn a invité le Président Abbas au Conseil "Affaires générales et relations extérieures" qui se tiendra le 21 février à Bruxelles. A l'issue de ces entretiens, Jean Asselborn a fait la déclaration suivante à la presse:

"Cette réunion a été très fructueuse. Nous avons discuté un grand nombre de thèmes, notamment les relations avec l’UE et le processus de paix.

J’aimerais tout d’abord féliciter le peuple palestinien pour le bon déroulement des élections présidentielles, qui représentent un premier pas important vers la consolidation de la démocratisation et le renforcement des institutions. Le processus électoral et les élections se sont tenus dans des circonstances difficiles, mais la façon dont ils ont été gérés nous a impressionnés et a apporté la preuve d’une maturité politique.

Il est important que le Président de l’Autorité palestinienne qui vient d'être élu soit un partenaire pour la recherche de la paix. Nous comprenons les difficultés des Palestiniens mais la violence et la terreur ne seront jamais acceptables et ménerons à une impasse. Un État démocratique ne peut être construit qu’avec des moyens pacifiques et par le biais de négociations. Les Palestiniens doivent une fois pour toutes faire un choix, et renoncer complètement à la violence et s’engager pleinement sur la voie politique: il n’y a pas d’autre solution.

La sécurité pour les Palestiniens et les Israéliens demeure par conséquent la clé du progrès. Ce point ressort très clairement de toutes les réunions que j’ai eues hier, que ce soit avec le Président israélien, le Premier ministre ou le Ministre des Affaires étrangères. Assurer la sécurité constitue la priorité absolue. Les attentats-suicides doivent cesser ; les attaques à la roquette aussi.

C’est pourquoi je me réjouis de la décision prise par le Président Abbas de déployer des forces de sécurité palestiniennes aux abords de la frontière et d'agir avec fermeté. Il ne faut pas concéder aux extrémistes un droit de veto dans le cadre du processus de paix.

Seule une Autorité palestinienne forte sur son territoire peut apporter la sécurité et la paix. C’est la raison pour laquelle il est de la plus grande importance de maintenir le processus de réforme.

L’UE est prête à vous aider en offrant un soutien politique, financier et technique. Nous continuerons à le faire. Nos objectifs et l’aide financière de l’UE, s’élevant à environ 200-300 millions  d’euros par an, sont globalement répartis entre le renforcement des institutions et l’aide au développement, tout en répondant aux besoins d’urgence et humanitaires de la population palestinienne.

La relation entre l’UE et les Palestiniens recèle un potentiel encore plus important et devrait être développée, notamment dans le cadre de la Politique européenne de voisinage, qui contient des mesures à la fois politiques et économiques qui peuvent contribuer à soutenir le processus de paix.

En 2004, environ 250 millions d’euros ont été attribués par l’UE, qui distribuera une somme similaire en 2005 – dont une contribution au Fonds fiduciaire de la Banque mondiale et à l’UNRWA (et 20 millions d’euros supplémentaires pour Gaza).

Nous devons également travailler avec les deux parties pour créer les conditions nécessaires à la réussite du plan de désengagement de Gaza.  Les dirigeants des deux parties doivent impérativement commencer à discuter prochainement de tous les aspects du désengagement, et en particulier d’une transmission de contrôle qui se fasse dans les règles. Nous travaillons en étroite collaboration avec la Banque mondiale afin de définir pour les deux parties des recommandations concrètes pour assurer la relance économique dans le cadre du désengagement.

Suite aux discussions que nous avons menées ce matin, j’ai bon espoir que l’on retrouvera enfin le chemin de la paix. Soyez assurés que l’Union européenne et ses États membres continueront à soutenir ceux qui travaillent pour la paix et la sécurité."

Dans la soirée du 20 janvier, Jean Asselborn a prononcé un discours au Centre interdisciplinaire Herzliya sur le thème de "l'Union européenne, acteur sur la scène internationale".

Préparation de la visite

En préparation de ce déplacement, Jean Asselborn s'était entretenu par téléphone le 6 janvier 2005 avec ses homologues palestinien et israélien, Nabil Shaath et Sylvan Shalom. Au cours de ces entretiens, Jean Asselborn avait réitéré l'importance que l'UE attachait au processus de paix israélo-palestinien.

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