Visite de travail du ministre de la Coopération et de l´Action humanitaire, Jean-Louis Schiltz, au Mali

Après ses visites au Vietnam et au Cap-Vert en 2004, le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire Jean-Louis Schiltz a effectué les 18 et 19 avril 2005 sa troisième visite de travail dans un pays cible de la Coopération luxembourgeoise, cette fois-ci en République du Mali.

La visite a comporté deux volets: un volet bilatéral consacré aux efforts de la Coopération luxembourgeoise au Mali et un volet international avec la participation de Jean-Louis Schiltz, dans le cadre de la Présidence luxembourgeoise, à l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE.

Commission de partenariat

Le 18 avril, le ministre Jean-Louis Schiltz, accompagné du ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Moctar Ouane, a d’abord assisté à l’ouverture officielle des travaux de la 3e session de la commission de partenariat entre la République du Mali et le Grand-Duché de Luxembourg.

Jean-Louis Schiltz a remercié à cette occasion la partie malienne pour la tenue de cette commission et a souligné le caractère spécifique de la réunion, qui a lieu en marge de l’Assemblée parlementaire ACP-UE et durant la Présidence luxembourgeoise du Conseil. Le ministre luxembourgeois a également salué l’engagement de tous les acteurs dans le cadre de la coopération Mali-Luxembourg. "Bien que le dialogue politique soit important, il est nécessaire aussi de faire le point sur la coopération dans un cercle large", a noté Jean-Louis Schiltz devant les participants de la commission.

Aux dires du ministre Schiltz, la commission de partenariat revêt un double objectif. D’une part, elle permet de faire le point sur les différents projets et d’examiner leur évolution. D’autre part, la commission est l’occasion de dresser les perspectives de la coopération bilatérale dans le cadre du Programme indicatif de coopération (PIC) et de valider les conclusions.

Coopération jeune mais intense

Selon le ministre luxembourgeois, les relations entre les deux pays sont excellentes. "La coopération entre le Mali et le Luxembourg est jeune, mais très intense", a-t-il dit. La signature de 4 nouveaux projets de coopération à la fin de l'année 2004 témoignerait d’ailleurs de la "maturité du partenariat", a ajouté Jean-Louis Schiltz.

Une autre preuve des bonnes relations entre les deux pays constitue la visite au Luxembourg en novembre 2005 du président malien, Amadou Toumani Touré, a noté Jean-Louis Schiltz. À cette occasion sera organisée en outre une semaine culturelle du Mali au Grand-Duché.

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Moctar Ouane, a rappelé de son côté les priorités de la Coopération luxembourgeoise au Mali: l’éducation et la formation professionnelle, la santé, l’accès à l’eau potable et le développement rural. "Les projets luxembourgeois contribuent fortement au développement du Mali, notamment auprès des groupes les plus vulnérables", a affirmé le ministre malien.

À l’issue de la commission de partenariat, les deux parties ont adopté les recommandations de la revue à mi-parcours du Programme indicatif de coopération (PIC) 2003-2006.

Le PIC en tant qu’instrument de programmation de la coopération entre le Mali et le Luxembourg a été mis en place en 2003 pour une période de 4 ans. Il permet une meilleure planification des actions de la coopération entre les deux pays. L’objectif central du PIC est la lutte contre la pauvreté. Il est en accord avec les priorités du Mali, dont la principale référence est le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté.

Visite du programme national de lutte contre l’excision

Au programme de cette première journée de la visite de travail au Mali a également figuré la visite du programme national de lutte contre l’excision des femmes (PNLE).

Ce projet est mis en œuvre par le ministère malien de la promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille en partenariat avec le UNFPA. La contribution financière du Luxembourg à ce programme, qui s’étale sur une durée de 4 ans (2004-2007), est de 500.000 euros.

L’objectif primaire du projet est de sensibiliser les populations et de mener le plaidoyer auprès des décideurs politiques, administratifs et religieux. Il s’agit notamment de contrer les nouvelles justifications à cette pratique, selon lesquelles l’excision des femmes constituerait une exigence de l’Islam et une nécessité hygiénique, ou faciliterait l’accouchement et les rapports sexuels.

L’excision est encore pratiquée par une grande majorité au Mali, du fait d’un ancrage socio-culturel fort. Elle a pour conséquence de rendre encore plus précaire la santé des femmes et contribue donc au déséquilibre homme-femme. Le gouvernement malien est fortement engagé à lutter contre cette pratique par une meilleure information et sensibilisation.

Entrevue avec le président malien ATT

En déplacement au Mali, le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Jean-Louis Schiltz, a été reçu en audience par le président de la République du Mali, Amadou Toumani Touré, au cours de la seconde journée de la visite.

Le président Touré, qui est appelé "ATT" par les Maliens, et le ministre Schiltz ont d’abord fait le point de la coopération Mali-Luxembourg. Le président a qualifié cette coopération de "coopération très efficace qui met l’accent sur les bonnes priorités, en particulier la formation professionnelle et les projets d’irrigation et d’hydraulique".

Les discussions politiques ont d’abord porté sur la question de la Côte d’Ivoire. Le président Touré, tout en saluant les efforts de médiation du président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, s’est montré très préoccupé par la situation en Côte d’Ivoire. Le ministre Jean-Louis Schiltz l’a assuré, de son côté, du fait que l’Union européenne allait maintenir la pression sur les différentes parties ivoiriennes.

Jean-Louis Schiltz a encore salué le dynamisme de la coopération entre les deux pays tout en se félicitant qu’après 8 ans, cette coopération était arrivée à une certaine maturité.

Le dossier du coton, et notamment la chute des prix mondiaux, ainsi que la situation au Togo ont également figuré à l’ordre du jour de cette entrevue.

Finalement, l’entretien a permis d’aborder la question des récentes émeutes à Bamako qui ont suivi un match de football opposant le Mali au Togo. Selon le président malien, ces événements ne sont pas le résultat d’un malaise profond au sein de la population de Bamako. Bien que ces émeutes soient intervenues à l’occasion d’un match de football, elles s’expliquaient en partie par des difficultés sociales ponctuelles, a indiqué le ministre Schiltz. Amadou Toumani Touré a en outre précisé qu’il allait s’attacher à en déceler les causes exactes et s’y attaquer sans délai.

Visites de projets de la Coopération luxembourgeoise

Après les rendez-vous politiques, Jean-Louis Schiltz s’est rendu sur le terrain et a visité plusieurs projets de la Coopération luxembourgeoise.

La Coopération luxembourgeoise au Mali accorde la priorité aux services sociaux de base (éducation, santé, accès à l’eau potable) et aux groupes les plus vulnérables (les femmes, les jeunes et les enfants). Les thématiques transversales (genre, environnement) sont également prises en compte.

"Affaire de cœur entre le Luxembourg et le Mali"

"Entre le Luxembourg et le Mali, ce n’est pas seulement une action de solidarité, mais aussi une affaire de cœur", a souligné Jean-Louis Schiltz lors de son arrivée à Missabougou, quartier périphérique de Bamako (capitale du Mali), où la population locale est venue très nombreuse pour offrir un accueil chaleureux à la délégation luxembourgeoise.

À Missabougou, Jean-Louis Schiltz s’est informé de l’état d’avancement du projet d’alphabétisation fonctionnelle et d’appui aux initiatives de développement des femmes et des jeunes du quartier.

Ce programme a la particularité de se concentrer sur la problématique de l’alphabétisation, de la formation professionnelle et de l’insertion socioéconomique des jeunes non scolarisés ou analphabètes. Il intègre également la thématique du genre en visant à renforcer les capacités des femmes défavorisées et à les accompagner vers plus d’autonomie socioéconomique.

Le microprojet Afaffa

"Afaffa Luxembourg" a crié la population locale lors de l’arrivée à Dougourakoro de la délégation luxembourgeoise.

Afaffa (Association pour la formation et l'assistance des femmes dans les filières animales) appuie les activités génératrices de revenus des femmes dans le domaine de l’élevage. Le projet développe par ailleurs les capacités techniques et de gestion durable des groupements de femmes rurales et urbaines.

Le Centre hospitalier mère-enfant à Bamako: une réalisation à 100% luxembourgeoise

La dernière visite au programme du ministre Schiltz au Mali a été celle du Centre hospitalier mère-enfant (CHME) "Le Luxembourg" à Bamako, où Jean-Louis Schiltz a posé la première pierre en vue de l’extension de l’hôpital.

Ce centre hospitalier est une réalisation entièrement luxembourgeoise, financée par des donateurs luxembourgeois avec l’appui du ministère des Affaires étrangères. En 1996, la Fondation luxembourgeoise Raoul Follereau (FRF) a pris la décision de financer la construction et l’équipement du CHME lors d’une rencontre à Luxembourg avec Amadou Toumani Touré, l’actuel président du Mali et président, à l’époque, de la Fondation pour l’enfance (FPE).

Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE

La visite de travail du ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire a pris fin, le 19 avril, par la participation de Jean-Louis Schiltz, au nom de l’Union européenne, à l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE qui s’est réunie dans la capitale malienne.

Cette assemblée regroupe des membres du Parlement européen ainsi que des élus des pays ACP signataires de l’accord de Cotonou. Elle consacre une partie importante de ses travaux à la promotion des droits de l'Homme et de la démocratie et aux valeurs communes à l'humanité.

Le Luxembourg et le Mali

Le Mali est l’un des dix pays cibles de la Coopération luxembourgeoise. En 2003, le total des déboursements bilatéraux s’est élevé à 2,3 millions d’euros. Si l’on y ajoute les investissements dans des projets multilatéraux ou des projets avec des ONG, l’aide humanitaire et alimentaire ainsi que l’assistance technique, les déboursements du Luxembourg au Mali se sont élevés à 5,5 millions d’euros en 2003.

Le Luxembourg s’est engagé depuis 1990 dans divers programmes d’aide au Mali, pays d’Afrique subsaharienne qui compte 13 millions d’habitants. L’espérance moyenne de vie y est de 48 ans et le taux de mortalité infantile est de 141 pour 1 000 naissances vivantes. Dans le classement du PNUD sur le développement humain, le Mali s’est classé à la 172e position (sur 175 pays) en 2003.

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