Jean-Claude Juncker et Octavie Modert aux "Rencontres pour l'Europe de la culture"

Le Premier ministre luxembourgeois et actuel président du Conseil européen, Jean-Claude Juncker, accompagné par la secrétaire d'État à la Culture, Octavie Modert, était à Paris le 3 mai 2005 en tant qu’orateur dans le cadre des "Rencontres pour l'Europe de la culture".

Jean-Claude Juncker, accueilli à la Comédie française par Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication français, s'y est adressé à des artistes en provenance des 25 États membres de l'Union européenne.

"Simul et singularis – Semblable et singulier"

La journée était placée sous la devise de la Comédie française "Simul et singularis – Semblable et singulier". Lors de son discours à la Comédie française, Jean-Claude Juncker a constaté que "cette devise épouse à merveille celle que le projet de Constitution pour l'Europe se propose de donner à l'Union européenne: 'unie dans la diversité'".

"C'est une folie à nulle autre seconde, que vouloir se mêler de corriger le monde». Le Premier ministre a cité Le Misanthrope de Molière pour rappeler que « les pères fondateurs de l'Europe avaient fait fi de ce conseil: ils ont voulu corriger le monde, et ils l'ont fait."

"Oui" au Traité établissant une Constitution pour l’Europe

Dans son intervention, Jean-Claude Juncker a également défendu le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, qui sera soumis au référendum français le 29 mai 2005 et s’est déclaré en faveur d’une protection de la diversité culturelle et des subventions étatiques aux créateurs. Le président du Conseil a ainsi félicité la France d’avoir "lourdement insisté sur l’inscription dans le texte du traité du principe que les aides étatiques à la création sont compatibles avec le marché intérieur". "La culture n’est pas un produit commercial, c’est une attitude devant la vie", a dit le Premier ministre en insistant qu’"il ne voudrait pas d’une Europe qui interdirait aux Etats, aux régions, aux collectivités locales, d’appuyer l’action culturelle".Le Premier ministre a ainsi plaidé pour un "oui" au traité constitutionnel, dont le texte apporte des garanties à la diversité culturelle et aux aides étatiques en faveur des créateurs.

Le président du Conseil européen a qualifié de "simplification outrageuse » la tendance à réduire l'Union européenne à l'Europe du marché. Le marché est un "outil qui a permis aux peuples européens de se rapprocher les uns des autres, tout comme l'euro a été un essai de pacification de l'Europe par d'autres moyens". Il a regretté que les Européens semblent "incapables d'éprouver de la fierté de ce qu'ils ont accompli depuis un demi-siècle". Il a en même temps mis en garde ceux qui veulent limiter l'Europe à une simple zone de libre-échange, une approche qu'il a qualifiée d' "insuffisante pour un continent aussi complexe que l'Europe".

Jean-Claude Juncker a en outre souligné que "tout en faisant référence au principe de la concurrence libre, le traité constitutionnel précise bien que ce principe-là doit respecter la diversité culturelle". "La Constitution dit même – j’ai apporté le texte, parce que je n’arrive pas à le croire – que les aides destinées à promouvoir la culture et la conservation du patrimoine sont compatibles avec le marché intérieur", a précisé le Premier ministre. "Qu’on ne nous dise pas que la Constitution dit le contraire !", a-t-il poursuivi. Jean-Claude Juncker a estimé qu'"il ne faut jamais oublier que la Constitution est le résultat d'un compromis entre 25 États » et qu' "il faut mesurer le résultat à cette réalité européenne plutôt qu'à un idéal personnel".

"Diversité dans l'unité"

Le Premier ministre a exprimé son soutien à une politique culturelle européenne pleinement respectueuse de la diversité culturelle et linguistique. "Les Luxembourgeois sont particulièrement bien situés pour savoir que la diversité de l'Europe constitue aussi sa richesse", a-t-il précisé. Dans ce contexte, le président en exercice du Conseil européen a exprimé son souhait que les pays membres de l’Union européenne dédient au moins 1% de leur budget national à la culture afin de "sortir le budget culturel de sa médiocrit". "Dans mon pays, le budget de la culture représente plus de 1% du budget général. Je voudrais qu’en Europe nous sortions le budget culturel de sa médiocrité, que nous ne restions pas au 0,12% du budget européen dédié à la culture", a plaidé Jean-Claude Juncker sous les applaudissements de l'assistance.

Le président du Conseil européen a jugé "évident que nous devons mettre à la disposition de l’Europe des volumes financiers autrement plus importants". "Je dis oui à un budget culturel européen plus important", a déclaré Jean-Claude Juncker, en soulignant que "ce montant insignifiant traduit mal les ambitions culturelles de la nouvelle Constitution".

"Oui" à une bibliothèque numérique européenne

Par ailleurs, le Premier ministre a affirmé que "l’Union européenne dit "oui" à une bibliothèque numérique européenne". "Il s’agit avant tout d’agir", a déclaré Jean-Claude Juncker en précisant qu’il dit " 'oui' à l’initiative du président de la République française consistant à lancer une bibliothèque numérique européenne parce que l’Europe ne doit pas se soumettre devant la virulence de l’attaque des autres".

"Il est de la culture européenne comme il est de l'Europe tout court", a dit le président du Conseil européen. "Il y a ceux qui en veulent plus et ceux qui en veulent moins", a-t-il poursuivi. Jean-Claude Juncker a ainsi appelé ceux qui vivent mal l’élargissement de l’Union européenne à de nouveaux membres à reconnaître que les cultures "lettone et estonienne" appartiennent tant à la culture européenne que les cultures "française ou italienne".

800 artistes européens et 25 ministres des pays membres de l’UE réunis à Paris

Les Rencontres pour l'Europe de la culture ont réuni les 2 et 3 mai 2005 à Paris 800 artistes européens et 25 ministres des pays membres de l'Union européenne pour participer par leurs témoignages, leurs contributions et leurs propositions à l'édification d'une Europe de la culture. Parmi les nombreuses personnalités du monde artistique et les intellectuels présents figuraient, du côté luxembourgeois, entre autres Anise Koltz, Jean Portante, Lambert Schlechter, Robert Brandy et Claude Lenners. Sur le plan international, on pouvait noter les présences de Jeanne Moreau, Herbert Grönemeyer, Jorge Semprun, Pierre Mertens, Isabelle Adjani ou encore Marianne Faithful.

Emission sur France 3 au sujet du traité constitutionnel de l’UE

En soirée, Jean-Claude Juncker a été l’invité de Christine Ockrent dans l’émission "France Europe Express" sur France 3. L’émission, qui a porté sur le traité constitutionnel de l’Union européenne, a accueilli également Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, José Bové, syndicaliste et porte-parole de Via Campesina, et Christine Boutin, députée UMP des Yvelines. "France Europe Express" a été diffusée à 23 h 30 sur France 3.

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