Jean-Claude Juncker au sujet du résultat du référendum français sur la Constitution pour l'Europe

La France a voté.

Et la France a dit non.

Une majorité de Français a rejeté le traité constitutionnel dans sa forme proposée.

Nous en avons, je dois le dire, le cœur gros.

Mais nous en prenons acte, avec le respect qu’inspire l’expression du suffrage universel.

Le débat français des derniers mois fut instructif à plusieurs égards.

Tout d’abord, ce fut un grand moment de la démocratie. Avoir vu débattre tous les Français de façon intense, voir trois Français sur quatre participer au scrutin: voilà ce qui fut fait pour nous impressionner. Si tous les peuples d’Europe prenaient le même intérêt à la chose européenne que les Français, nous assisterions enfin à l’émergence de cette opinion publique européenne qui nous fait si cruellement défaut aujourd’hui.

Je suis convaincu que les Français, une fois saisis, ne se dessaisiront plus - demain - des affaires européennes. Ils continueront le débat entre eux et ils écouteront les débats des autres Européens.

Ensuite, le débat a vu s’affronter plusieurs conceptions de l’Europe, naviguant entre la position de ceux qui veulent plus d’Europe et celle de ceux qui pensent que l’Europe d’aujourd’hui, déjà, va trop loin.

Nous avons écouté les uns et les autres, et de cette écoute nous sortons perplexes. Parmi ceux qui ont dit non, il y a ceux qui veulent tout arrêter et ceux qui veulent aller plus loin. Difficile de mettre d’accord entre elles ces deux conceptions de l’Europe.

Impossible donc de renégocier le traité dans ces conditions. Nous avons besoin de réfléchir à ces contradictions qui sont françaises et qui peut-être sont européennes.

Enfin, il importe de savoir quelle sera l’attitude des autres Européens. Le débat constitutionnel est français, oui. Mais il est aussi européen.

J’estime donc que les procédures de ratification doivent se poursuivre. Neuf pays ont ratifié. D’autres devront faire leur choix. Le débat français alimentera le débat dans les autres pays, les débats des autres vont nourrir les débats français à venir. Nous évaluerons la situation lors de la rencontre normale prévue du Conseil européen vers la mi-juin. Je préparerai cette évaluation, tout comme les autres points à l’ordre du jour du Conseil européen, à partir de demain matin, en recevant l’un après l’autre les autres membres du Conseil européen.

La construction européenne ne s’arrête pas aujourd’hui.

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