Actions du ministère de l'Environnement dans le contexte de la disparition de biotopes au Luxembourg

À l’occasion d’une conférence de presse organisée le 24 octobre 2006, le ministre Lucien Lux a informé sur l’action du ministère de l’Environnement dans le contexte de la disparition de biotopes au Luxembourg. Le ministre a présenté une étude paysagère comparative entre 1962 et 1999 et s’est prononcé sur l’article 17 de la loi du 19 janvier 2004 concernant la protection de la nature et des ressources naturelles.

L’étude en question porte sur l’évolution de la biodiversité au Luxembourg au cours des trente dernières années, notamment sur les changements de la structure et de la composition des paysages. Elle révèle que certains biotopes d’une grande valeur d’un point de vue écologique ont considérablement régressé:

  • réduction des zones humides (prairies humides, mares, roselières) de 82%,
  • réduction des vergers ("Bongerten") de 58,5%,
  • réduction des pelouses sèches et landes de 34,9%,
  • réduction des haies et rangées d’arbres de 28,5%,
  • réduction des arbres solitaires et groupes d’arbres de 55%.

De l’autre côté, des biotopes pionniers, de moindre importance biologique, ont augmenté entre 1962 et 1999 notamment le long des axe routiers ou des terrains abandonnés: les friches, les buissons ou encore les forêts secondaires.

Selon le ministre de l’Environnement, l’on assiste ainsi à une banalisation de la composition et à une uniformisation de la structure des paysages: augmentation de biotopes secondaires de succession et réduction alarmante de biotopes dépendant de conditions écologiques spécifiques. Les principaux facteurs responsables de cette évolution sont l’intensification de l’agriculture, un doublement de la surface bâtie ainsi qu’un abandon de certaines pratiques agricoles traditionnelles.

Avec cette évolution négative, il sera difficile pour le Luxembourg de remplir ses obligations européennes et internationales, notamment d’enrayer la perte de la biodiversité d’ici 2010, a averti Lucien Lux.

"Au Luxembourg, il nous faut non pas moins, mais plus de protection de la nature", a signalé le ministre avant d’appeler, dans la perspective du développement durable, à une évolution équilibrée entre protection de la nature, développement économique, agriculture et viticulture.

La conservation de biotopes est réglée au Luxembourg par la loi sur la protection de la nature et des ressources naturelles, votée en 2004, qui dit dans son article 17 qu’il est "interdit de réduire, de détruire ou de changer les biotopes tels que mares, marécages, marais, sources, pelouses sèches, landes, tourbières, …. Le ministre peut exceptionnellement déroger à ces interdictions pour des motifs d’intérêt général."

Dans ce contexte, le ministre de l’Environnement a appelé à l’élaboration de règles claires et transparentes pour ce qui est de l’application de la loi de 2004 et en particulier de l’application de son article 17. L’élaboration d’un guide d’interprétation relatif à l’article 17 a d’ores et déjà été lancée dans le cadre d’une consultation de tous les acteurs concernés et, comme l’a souligné Lucien Lux, un document définitif sera présenté fin novembre.

Une cellule de suivi veillera par la suite à la bonne application des règles dans l’esprit de d’accélérer les procédures et d’agir dans la transparence et en partenariat avec les milieux concernés. Dans cette optique, le ministre de l’Environnement entend en outre établir un inventaire complet qui énumère l’ensemble des biotopes écologiquement importants.

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