Le ministre du Travail et de l'Emploi, François Biltgen, ouvre la Luxembourg HR Convention

Le 24 octobre 2007 a eu la 6 e édition de la Luxembourg HR Convention, un rendez-vous annuel de référence à l’hémicycle de Luxembourg-Kirchberg en présence de 800 professionnels des ressources humaines.

Cette manifestation qui, d’année en année, prend de l'ampleur dans le monde des ressources humaines au Grand-Duché, se compose de plusieurs événements:

  • une conférence au cours de laquelle ont été abordés les sujets des besoins en main d’œuvre et de la pénurie de compétences, de l’image employeur et de la gestion de la diversité,
  • une série de tables rondes spécifiques,
  • un "networking cocktail" et finalement
  • un dîner de gala au cours duquel étaient remis les HR Awards - 15 prix au total, remis aux meilleurs prestataires du secteur des ressources humaines.

Conférence

François Biltgen a eu l’honneur de prononcer le discours d’ouverture de la conférence. À cette occasion, le ministre a souhaité thématiser de manière constructive le sujet de la flexicurité, concept visant à flexibiliser le marché de l'emploi en gardant la sécurité non plus de l'emploi, mais de l'employabilité du salarié, en insistant notamment sur les objectifs de la stratégie de Lisbonne visant à faire de l'Union européenne à terme l'économie la plus compétitive du monde.

Ainsi, le ministre a accentué le fait que ce débat entre dans la dernière ligne droite, tant au niveau européen, où le sommet des chefs d’État et de gouvernement de décembre sera appelé à formuler ses recommandations, qu’au niveau national, où le Conseil économique et social, organe tripartite, est saisi du sujet et travaille actuellement sur son avis.

Par ailleurs, François Biltgen a insisté sur la nécessité d’aborder ce sujet dans le cadre du dialogue social en général et sur cette tribune consacrée aux ressources humaines en particulier, étant donné que le débat semble assez biaisé au Luxembourg, en ce que tant les employeurs que les syndicats semblent défendre des positions divergentes à cet égard.

En effet, les employeurs et leurs fédérations réduisent souvent la notion au seul aspect de flexibilité, et notamment à la manipulation du droit du travail, tandis que les syndicats ressentent la notion de flexibilité comme voie à sens unique dans l’intérêt des employeurs et redoutent précisément le démantèlement du droit du travail par le biais de la flexicurité.

Aux yeux de François Biltgen, la notion de flexicurité ne peut en aucun cas être le simple prétexte à un démantèlement du droit du travail, avec l’argument que les entreprises ont besoin de plus de flexibilité. Étant donné que l’analyse des chiffres luxembourgeois sur le marché du travail démontre que le chômage au Grand-Duché est structurel et non conjoncturel, ce ne sera pas une libéralisation de la législation sur les licenciements qui créera plus d’emplois, ni ne réduira le taux de chômage.

En ce qui concerne la sollicitation par les entreprises d’une plus grand flexibilité, le ministre a renvoyé aux dispositifs législatifs existant en matière d’organisation du travail et de temps du travail, aux possibilités assez larges d’ouverture à un contrat à durée déterminée, ainsi qu’au travail intérimaire, tout en insistant que le partenariat et le dialogue social sont de toute évidence les seuls leviers viables dans toute la discussion sur la flexicurité. D’après François Biltgen, vu les contextes historiques et socio-culturels, et les problèmes bien différents d’un pays à l’autre, la flexicurité ne peut pas non plus être une simple transposition d’un modèle étranger, comme le modèle danois auquel est fréquemment fait référence.

Dans ce contexte, le ministre a également renvoyé à la communication de la Commission européenne du 27 juin 2007: "Vers des principes communs de flexicurité" qui pourrait être considérée comme base des discussions actuelles. Ainsi, la Commission considère la flexicurité comme un instrument destiné à trouver la bonne balance entre des situations d’emploi flexibles et des transitions sécurisées entre emplois, notamment en vue de créer des emplois et des emplois de meilleure qualité, l’idée étant de ne plus considérer flexibilité et sécurité comme opposées mais comme complémentaires.

D’après François Biltgen, le débat sur la flexicurité au Luxembourg, qui sera entamé par le Conseil économique et social et aura sans doute des suites au niveau du dialogue social bi- et tripartite, devrait se construire autour de quatre constatations essentielles:

  1. La flexicurité n’est pas un simple "trade off" entre flexibilité et sécurité, un marchandage bon marché entre les deux composantes, mais est conditionnée par des arrangements négociés où flexibilité et sécurité sont les deux côtés d’une médaille, donc nécessairement complémentaires.
  2. La flexicurité n’est pas faisable suivant le schéma "one size fits all". La Commission le reconnaît dorénavant elle-même; le schéma de flexicurité doit être adapté à chaque cas, à chaque problème, à chaque pays.
  3. La flexicurité est nécessairement dans l’intérêt des deux parties: une entreprise peut avoir besoin de flexibilité, le travailleur certainement aussi (conciliation vie familiale et professionnelle, formations à faire, éléments de vie privée, comme congé sabbatique, etc.
  4. Finalement la flexicurité, pour qu’elle fonctionne, ne peut être imposée mais doit être négociée entre partenaires sociaux aux niveaux appropriés.

Ainsi, le ministre a conclu son intervention en appuyant le constat que la flexicurité ne peut être apportée par les lois, et que cet instrument devrait se décliner en quatre grands principes que chaque État doit mettre en œuvre selon ses problèmes et son approche politique:

  1. La recherche de relations contractuelles assez flexibles, mais fiables, et ce dans l’intérêt des deux parties, selon les problèmes constatés dans chaque situation précise.
  2. Des stratégies cohérentes de life long learning; la formation tant initiale que continue étant un élément indispensable dans toute discussion sur la flexicurité.
  3. Des politiques actives de l’emploi performantes.
  4. Un système de sécurité sociale performant, la sécurité du revenu étant évidemment essentielle dans un modèle de flexicurité visant notamment les transitions et la sécurité dans l’emploi.

L'invité d'honneur de la conférence était Neil Roden, directeur du groupe HR de la Royal Bank of Scotland, par ailleurs classé deuxième personnalité RH la plus influente au monde par le réputé HR Magazine. Il a notamment thématisé la contribution des ressources humaines au service des objectifs de l'entreprise en expliquant que les RH doivent être en ligne avec ce que l'entreprise souhaite faire tout en générant de la valeur ajoutée pour les clients, les actionnaires et les salariés.

Le discours de clôture a été prononcé par Christiane Martin, commissaire du gouvernement aux étrangers.

Remise des HR Awards 2007 et du prix "Luxembourg HR Manager of the Year"

La manifestation fut également l’occasion de la traditionnelle remise des HR Awards 2007 au cours d’un dîner de gala: 15 prix ont été remis aux meilleurs prestataires du secteur des ressources humaines au Grand-Duché de Luxembourg, ainsi que de l’attribution du titre de "Luxembourg HR Manager of the Year" élu par un jury disposant d’un vote de 50%, qui était présidé par Jean Zahlen, secrétaire général et Premier conseiller de gouvernement au ministère du Travail et de l'Emploi et composé de 2 autres membres: Neil Roden, directeur du groupe HR de la Royal Bank of Scotland et Vinciane Istace, PriceWaterhouseCoopers, HR Manager Of The Year 2006.

L’autre vote de 50% était attribué par l’ensemble des adhérents à la Communauté HROne.

La récompense du directeur des ressources humaines de l’année 2007 était ainsi décernée à Viviane Harnois (ABN AMRO Group, 27,02%, lauréate). Les autres candidats éligibles étaient Roland Thill (Cactus, 21,84%, nominé), Etienne Planchard (Banque de Luxembourg, 21,18%, nominé), Wendy Evans (Lombard International, 17,94%, nominée) et Martine Leseigne (Fortis Assurances Luxembourg, 12,01%, nominée).

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