Interview de Xavier Bettel avec Le Quotidien

"Le pays se porte bien mieux qu'il y a trois ans"

Interview: Le Quotidien (David Marques)

Le Quotidien: En cette fin d'année 2016, cela fait trois ans que la coalition bleue-rouge-verte est au pouvoir. Quel bilan global tirez-vous en tant que chef de cette majorité inédite?

Xavier Bettel: Ce n'est pas à moi de dire si le bilan est positif ou négatif. Il reviendra à l'électeur de nous juger. Mais les chiffres bruts disent que le pays et ses citoyens se portent mieux aujourd'hui qu'il y a trois ans. Le chômage est à la baisse, nous avons réussi à mener à bien une réforme fiscale grâce aux mesures d'équilibrage budgétaire prises en début de législature.

Il est vrai qu'on a été obligé d'entamer notre mandat avec des mesures impopulaires. On n'y est pas allé de main morte pour ficeler le paquet d'avenir, mais il s'agissait d'une nécessité. Le pays s'est retrouvé dans une spirale de la dette. On aurait risqué de perdre notre triple A. On s'est battu pour maintenir cette notation. Cela nous a permis d'attirer notamment de nouvelles banques chinoises et japonaises au Luxembourg, qui contribuent maintenant à la richesse du pays grâce à leurs impôts. Et grâce au regain de notre croissance, que tout le monde nous envie, le pays se porte aujourd'hui bien mieux qu'il y a trois ans.

Le Quotidien: Quels sont à vos yeux les principaux acquis de cette coalition?

Xavier Bettel: La liste est longue. Dans la politique familiale, même si cela a pris un peu de temps, on est prêt à lancer d'ici la prochaine rentrée la gratuité pour l'accueil des enfants dans les crèches. On a mené à bien la réforme du congé parèntal et des allocations familiales. Tous ces instruments ont été modernisés. Les progrès sont également importants dans la politique sociétale. La séparation entre l'Église et l'État est une réalité. La réforme du divorce avance aussi à grands pas. Il en va de même de la réforme de la nationalité. On est en train de moderniser ce pays en soulignant aussi sa diversité. L'onde de choc provoquée par l'affaire Lux Leaks, qui nous est tombée dessus en tout début de mandat, a été maîtrisée. Aujourd'hui, le Luxembourg ne figure plus sur aucune liste noire des paradis fiscaux sans que cela n'ait eu une répercussion négative sur nos finances publiques, qui restent au top. Je citerais encore les importants efforts consentis dans le domaine de la digitalisation où de grandes sociétés ont désormais le Grand-Duché sur leur carte. Avant, ils n'étaient chez nous que pour l'optimisation fiscale. Aujourd'hui, ils arrivent en raison des compétences que nous avons développées dans ce secteur d'avenir. C'est ça le Luxembourg que je souhaite développer à l'avenir.

Le Quotidien: Mais au vu de cet agenda chargé, comment aborder les deux années à venir, marquées par de nombreuses échéances électorales? Existe-t-il le risque d'une paralysie?

Xavier Bettel: On a un accord de coalition qu'on est décidé à transposer jusqu'au bout. On est pleinement motivé à poursuivre sur notre lancée lors des deux années qui nous restent. Et on compte aller bien au-delà! Mais les grandes réformes sont bien avancées ou même déjà une réalité.

Le Quotidien: L'unité, qui constituait un des principaux défis de cette coalition avec une courte majorité, est-elle toujours de mise si l'on considère que votre vice-Premier ministre qualifie aujourd'hui le paquet d'avenir d' "erreur"...

Xavier Bettel: (il coupe) Étienne Schneider a dit qu'il s'agissait d'une erreur si on voulait être populaire. Il a bien précisé que ce genre de politique ne permettait pas de marquer des points auprès des électeurs. Mais nous, on n'est pas là pour être populaire mais pour faire avancer le pays. Notre coalition n'est pas bleue-rouge-verte mais bien rouge-blanc-bleu (NDLR: les couleurs nationales du Luxembourg). Le paquet d'avenir n'a certes pas été populaire. Or il était indispensable pour ce pays. Je ne regrette pas une seconde qu'on ait pris cette initiative, même si ma popularité en a pris un coup. Il existe des politiciens qui pensent à l'avenir du pays et d'autres qui ne pensent qu'à la prochaine échéance électorale. Le prochain scrutin est une chose, l'avenir des prochaines générations est une chose bien plus importante.

Le Quotidien: D'aucuns affirment que le paquet d'avenir n'a également pas eu l'impact escompté. Maintenant, vous avez pourtant changé de cap et lancé les moissons avec notamment la réforme fiscale et un budget qui tourne le dos à l'austérité. S'agit-il de cadeaux électoraux anticipés?

Xavier Bettel: Les partis de l'opposition nous reprochent aujourd'hui de ne pas mener à bien le paquet d'avenir. Auparavant, ils nous ont reproché de l'avoir mis en oeuvre. Le fait est que toutes les instances internationales nous disent qu'il faut relancer la consommation. Grâce au paquet d'avenir, on s'est donné les moyens financiers de relancer la croissance. Cela a notamment permis une réforme fiscale qui est ciblée, durable et solidaire. Et on aurait encore eu plus de marge. Mais en fin de compte, on estime qu'il est de notre devoir de donner aux gens ce qu'on leur doit. Et puis, il ne faut pas oublier qu'au départ on s'est retrouvé confronté à un trou d'un milliard d'euros en raison de la perte des recettes fiscales sur le commerce électronique. Trois ans plus tard, on rembourse régulièrement des emprunts, et d'autres mesures, comme la mise en place d'un Fonds intergénérationnel, qui constitue d'ailleurs une grande première, ont été prises.

Le Quotidien: Malgré tout, peut-on parler d'une opération reconquête de l'électeur?

Xavier Bettel: Non, il ne s'agit pas d'une reconquête. Il s'agit tout simplement de la bonne politique menée au bon moment. On ne distribue pas d'argent juste pour se faire plaisir ou pour nous acheter la confiance de l'électeur. Notre politique est avant tout ciblée. Un des objectifs est ainsi de mieux soutenir les familles monoparentales, dont la moitié se trouve dans une situation de précarité, au niveau du seuil de pauvreté. Est-ce qu'on peut rester indifférent à cela? Moi, en tant que Premier ministre, en tout cas pas. C'est pourquoi je souhaite que les jeunes, mais aussi les personnes les plus vulnérables, celles avec les épaules les moins larges, soient soutenues et deviennent les grands bénéficiaires de cette réforme fiscale.

Le Quotidien: Il est cependant indéniable que la croissance économique nettement à la hausse soutient ces moissons...

Xavier Bettel: Il est évident que la croissance nous aide beaucoup. Je pourrais maintenant affirmer que cela est le seul mérite de ce gouvernement. Mais ce serait mentir. Bien entendu, on profite tous du contexte international plus prospère. Mais le Luxembourg se porte bien mieux que d'autres pays. Cela est aussi dû aux mesures qu'on a prises, même si elles n'ont pas été populaires.

Le Quotidien: Vous vous trouvez néanmoins exposé aux reproches du CSV de ne pas profiter de la forte croissance pour justement mettre de l'argent de côté. Que répondez-vous?

Xavier Bettel: Au départ, ils ne voulaient pas du paquet d'avenir. Maintenant qu'on a la possibilité de relancer la croissance, ils nous disent de mettre de l'argent de côté. C'est une position un peu compliquée. Avec tout le respect et l'estime que j'ai pour Claude Wiseler, le CSV semble avoir autant de positions dans le parti que de sièges à la Chambre. Cela me dérange de développer des positions aussi ambiguës. Pour moi, il est important de prendre les mesures lorsqu'il faut les prendre. Aujourd'hui, tout le monde dit qu'une politique de rigueur extrême n'est plus viable. Et ceux qui peuvent se le permettre doivent changer de cap. C'est ce que nous faisons et il est dommage que certaines personnes manquent d'objectivité dans ce domaine.

Le Quotidien: Parmi les partenaires sociaux, les avis divergent aussi fortement. Alors que le camp patronal qualifie de "catastrophique" le nouvel accord salarial dans la fonction publique, le premier syndicat du pays, l'OGBL, vous félicite pour le virage budgétaire pris. Comment interprétez-vous ces deux positions?

Xavier Bettel: Je suis habitué à ce qu'en principe personne ne soit satisfait. Cela montre que la mesure prise est équilibrée. Ici, il est un fait que la fonction publique profite aujourd'hui d'un accord salarial qu'on n'aurait pas pu se permettre au début de notre mandat. Et cette évolution des choses est tout à fait normale, il en va de même dans le secteur privé. Il faut arrêter de mener une politique où un camp tape sur l'autre: fonctionnaires contre salariés, jeunes contre vieux, Luxembourgeois contre étrangers. Je ne veux pas de cela. On ne peut être fort dans ce pays que si on fait preuve d'unité.

Le Quotidien: Dans ce contexte, comment jugez-vous la tendance à glisser de plus en plus à droite qu'on observe au CSV? Au vu de son poids électoral, cela ne risque-t-il pas de générer de nouvelles divisions?

Xavier Bettel: Il ne me revient pas de dire au CSV ce qu'il doit faire. Il s'agit d'un grand parti, doté d'une longue et riche histoire. Ils doivent eux-mêmes savoir quelle politique ils comptent mener. Je le répète: je respecte beaucoup Claude Wiseler, mais en tant que tête de liste il doit savoir vers où il veut aller. Pour l'instant, cela part dans tous les sens. On ne peut pas revendiquer tout et son contraire. Je serais en tout cas content si aucun parti établi au Luxembourg ne s'approprie le fonds de commerce du populisme.

Le Quotidien: Le monde continue de vivre des temps très agités. L'attentat de Berlin est venu l'illustrer. Quel bilan tirez-vous de cette année aux rebondissements multiples?

Xavier Bettel: On a vécu de bons et de mauvais moments. Des bons moments ont notamment eu lieu à Bruxelles, où au niveau de l'UE on a réussi à avancer sur certains points, comme par exemple Frontex (NDLR: l'Agence européenne en charge de la sécurisation des frontières extérieures) ou l'accord avec la Turquie sur les réfugiés. Je citerais aussi la reprise économique en Europe avec à la clé un chômage qui est à la baisse. Il s'agit de bonnes nouvelles. Sur le plan international par contre, on a vécu des moments terribles, Berlin n'est qu'un exemple parmi d'autres. Je pense notamment à tout ce qui se passe en Syrie. Et puis on a assisté à des surprises comme le Brexit, qui pour moi n'est pas une bonne nouvelle, ou encore l'élection à la présidence américaine de Donald Trump, mais que je ne peux pas encore juger, car on ne sait pas quelles sont ses intentions. On en saura plus dans six mois.

Le Quotidien: La liste des inquiêtudes et crises majeures reste cependant longue. L'axe Poutine-Assad-Erdogan et bientôt Trump ne comporte-t-il pas un risque majeur pour le maintien de l'équilibre international?

Xavier Bettel: Il est vrai que je me pose de nombreuses questions sur les inconnues auxquelles on doit faire face. On ne sait pas vers où va se diriger la Turquie sous son président Recep Tayyip Erdogan. Il en va de même pour la Russie sous Vladimir Poutine ou les États-Unis sous leur futur président Donald Trump. Il s'agit de trois pays qui ont toujours été des partenaires importants pour le Luxembourg. Pour moi, il reste important de continuer à chercher des solutions sur le plan diplomatique. En Syrie, la réponse à la guerre ne peut pas être la guerre. La priorité doit maintenant être de mettre en place une aide humanitaire efficace. Mais nous devons aussi citer en justice les responsables de ces actes. Il s'agit de la fichue obligation de la communauté internationale. Globalement, on peut dire que ces incertitudes provoquent des instabilités mais aussi des craintes. Cela fait que le populisme gagne en ampleur, de nombreuses personnes s'interrogent sur leur avenir. Au lieu de se livrer à la surenchère, il faudrait plutôt se demander si un autre monde est possible.

Le Quotidien: Dans ce contexte, l'UE devrait plus que jamais s'imposer. L'année 2016 aura cependant été marquée par la désunion, avec le Brexit en prime. Que faut-il changer au niveau de l'UE pour enfin inverser la tendance?

Xavier Bettel: La solidarité ne doit pas être flexible. Je suis content que Jean-Claude Juncker soit aujourd'hui à mes côtés à Bruxelles en tant que président de la Commission européenne. Il est un allié pour trouver des solutions en commun au lieu de miser sur une réclusion nationale. Le fait est qu'une série de pays ont leur propre interprétation de la solidarité. C'est jouer avec le feu. Il ne faut en aucun cas commencer à discuter sur la définition de la solidarité. On a besoin de règles communes, notamment dans le domaine de la politique d'immigration. Mais on se retrouve dans une situation où chacun se met d'abord à calculer l'impact que cela peut avoir sur son pays au lieu de penser à l'intérêt de l'UE. En même temps, je ne souhaite pas être pris en otage par un pays. Mon souhait est de continuer à avoir aujourd'hui une Europe à 28 et demain à 27. Mais je ne suis pas prêt à accepter de rester bloqué sur un dossier parce qu'un pays bloque tous ceux qui souhaitent aller de l'avant.

Le Quotidien: On constate ces dernières semaines une renaissance du Benelux. S'agit-il de l'indice d'une future Europe à plusieurs vitesses?

Xavier Bettel: Mon souhait reste d'avoir toujours une Europe à une seule vitesse. Mais il faut éviter que l'UE ne se retrouve au point mort à cause d'un seul pays. Si ce cas se présente, il faut trouver des alternatives et réunir ceux qui souhaitent travailler ensemble. On a par exemple la zone euro ou l'espace Schengen, où les pays concernés peuvent prendre des initiatives. Il existe différentes pistes pour travailler ensemble à ce niveau.

Le Quotidien: Pourtant, ne craignez-vous pas que l'UE se désintègre au cours des années à venir?

Xavier Bettel: On oublie trop souvent tout ce que l'Europe nous apporte. Imaginez que nous fermions pendant un jour toutes les frontières, fermions l'accès aux universités européennes pour les non-résidents, mettions entre parenthèses l'euro, obligeant les gens d'échanger à nouveau de l'argent avant de se déplacer à l'étranger. Tout cela ferait comprendre aux personnes tous ces acquis, qui ne sont pas toujours appréhendés à leur juste valeur.

Le Quotidien: L'affaire "Lunghi/RTL" a fait tache cette année. Partagez-vous l'impression qu'en fin de compte tout le monde est perdant?

Xavier Bettel: En tout cas, il n'y a pas de vainqueur. Le fait est que j'ai pris connaissance, comme des milliers d'autres téléspectateurs, du comportement inacceptable de M. Lunghi. J'ai décidé de lancer une instruction à charge et à décharge. M. Lunghi a lui-même fini par avouer que son comportement avait été déplacé. Le commissaire à la discipline est arrivé à la même conclusion. Mais je dois aussi dire qu'après avoir obtenu les informations sur la façon dont le reportage avait été monté, un deuxième dossier a été ouvert. Je n'ai rien fait d'autre que mon travail. Si je ne l'avais pas fait, on m'aurait reproché de rester, en tant que ministre des Médias et de la Communication, indifférent à ce comportement en raison de ma casquette de ministre de la Culture. Mais j'ai des procédures à respecter et je ne souhaite pas encourager des guéguerres internes.

Le Quotidien: Une décision au sujet de la réintégration d'Enrico Lunghi a-t-elle déjà été prise?

Xavier Bettel: Les pourparlers sont en cours. M. Lunghi m'a envoyé une lettre, il a reçu une réponse. Il s'agit d'un dossier privé et M. Lunghi a le droit de poursuivre sa carrière sans être exposé en permanence sur la place publique.

Le Quotidien: Quel impact cette affaire aura-t-elle sur les négociations pour le prochain contrat de concession de RTL?

Xavier Bettel: Pour moi, ce qui importe est que la qualité du travail fourni prime et que le respect de la déontologie soit un principe. Mais on n'est qu'au tout début des négociations.

Le Quotidien: Dans la foulée de cette affaire, vous avez annoncé vouloir organiser un débat sur la qualité de la presse à la Chambre. Le Parlement est-il bien le lieu indiqué pour mener cette réflexion?

Xavier Bettel: Il est indéniable que cette affaire a porté un coup au monde médiatique. Les gens se posent beaucoup de questions. Ma demande de mener un débat sur la qualité de la presse n'est en rien une attaque contre la liberté de la presse, comme cela a été suggéré dans vos colonnes. Ma volonté n'est pas de placer la presse sous tutelle. Ce qui m'importe, c'est d'insister sur la crédibilité de la presse. Chacun a son rôle à jouer, que ce soit l'ALIA ou le Conseil de presse. Le gouvernement ne compte pas s'immiscer dans le travail de la presse. Mais l'objectif est de permettre aux gens de faire la part des choses. Avec internet, la vitesse prend souvent le dessus sur la qualité de l'information. Et puis, il existe de très nombreux faux portails d'information. Mon but est de contribuer à un éveil pour renforcer à nouveau un esprit critique, particulièrement auprès des jeunes.

Le Quotidien: Les couacs de communication étaient nombreux au début de votre mandat. Même si la situation s'est améliorée, des incidents sont toujours à noter. L'impression d'un différend au sujet de vos compétences avec le ministre des Affaires étrangères persiste. Est-ce plus qu'une impression?

Xavier Bettel: On tente souvent de provoquer des couacs au niveau de notre communication où il n'y en a pas. Le ministre Asselborn et moi-même, on est sur la même ligne. Des gens tentent toujours de nous diviser. C'est leur choix. On ne peut cependant pas parler de querelle sur nos compétences. En tant que Premier ministre, j'ai une compétence horizontale et lorsque je suis invité par d'autres chefs d'État et de gouvernement je dois pouvoir évoquer tous les sujets. En fin de compte, ce qui frustre le plus l'opposition, c'est que leurs tentatives de nous diviser ne sont pas couronnées de succès.

Le Quotidien: Un couac majeur s'est pourtant produit cet automne avec le remaniement gouvernemental "raté". Le dossier "Grethen" a-t-il été préparé trop naïvement?

Xavier Bettel: Je reste convaincu qu'Henri Grethen aurait été un bon candidat pour prendre la présidence de la Banque et Caisse d'épargne de l'État. Mais il est un fait que M. Grethen a été laissé dans le doute pendant de longues semaines. Il a finalement décidé d'arrêter les frais. C'est sa décision et je dois la respecter.

Le Quotidien: Le ministre Nicolas Schmit, finalement maintenu, mais qui, à plusieurs reprises, a fait part de ses envies européennes, n'a-t-il pas trop perdu en crédibilité?

Xavier Bettel: Je suis très content que Nicolas Schmit reste à mes côtés. Il est toujours pleinement motivé. On ne peut donc en rien parler de perte de crédibilité.

Le Quotidien: La promotion du pays à l'extérieur est à nouveau ternie par le procès LuxLeaks et surtout l'absence du principal témoin Marius Kohl, l'ancien préposé du fisc à la base de centaines de rescrits fiscaux. Quelle est votre réaction à cette évolution des choses?

Xavier Bettel: Le procès est en cours, je m'abstiendrai de tout commentaire.

Le Quotidien: Quels sont les dossiers politiques prioritaires pour cette année à venir?

Xavier Bettel: La politique familiale reste une grande priorité. Il en va de même pour la mise en oeuvre de la politique fiscale. Je citerais aussi la réforme de la loi sur la nationalité ou la poursuite de la séparation entre l'Église et l'État. La modernisation du pays n'est pas un simple mot-clé, il s'agit d'une réalité. Le 16 janvier aura lieu à la Chambre le double débat sur le rôle de la langue luxembourgeoise.

Le Quotidien: Ce repli identitaire est-il inquiétant dans la mesure où il risque de cloisonner encore plus la société?

Xavier Bettel: Mon plus grand défi, c'est de maintenir l'unité de ce pays. Le luxembourgeois est une langue d'intégration. On ne peut pas s'en passer. Le luxembourgeois reste notre langue nationale. Or il est un fait qu'on a une force qui est jalousée de toutes parts: c'est notre multilinguisme. On parle couramment français, allemand et aussi anglais. C'est très rare, pas uniquement en Europe mais dans le monde entier. Ceux qui pensent maintenant promouvoir le luxembourgeois aux dépens d'autres langues font une erreur. Les langues qu'on pratique sont complémentaires. C'est ce message qui importe. Il nous faut soutenir au mieux les gens qui souhaitent apprendre le luxembourgeois. Mais on ne peut pas dénigrer nos efforts pour encourager l'immersion précoce dans d'autres langues que le luxembourgeois. Il faut allier le luxembourgeois et les autres langues et ne pas exclure l'une pour promouvoir l'autre.

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