Sommet UE - Amérique latine et Caraïbes en présence du Premier ministre Juncker et de la ministre des Affaires étrangères Polfer

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker et le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer ont représenté le Luxembourg au sommet Union européenne - Amérique latine et Caraïbes, qui s'est déroulé du 16 au 18 mai 2002 à Madrid. La réunion qui s'est tenue dans le nouveau palais des Congrès réunissait les chefs d'Etat et de gouvernement de 48 pays.

 


Jean-Claude Juncker et le Premier ministre de l'Espagne, M. José Maria Aznar, Photos: Tom Wagner / SIP

La présidence espagnole de l'Union européenne a souhaité donner un nouvel élan au partenariat stratégique entre les deux régions qui a été lancé à Rio de Janeiro en 1999. Des réunions au sommet entre l'Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), entre la Troika UE et la communauté andine ainsi qu'avec le Mexique figuraient aussi au programme.


Les Premier ministres du Luxembourg et de la Belgique, MM. Juncker et Verhofstadt

En début de matinée du 17 mai 2002, José Maria Aznar, chef du gouvernement espagnol et président en exercice du conseil de l'UE, a inauguré le sommet, souhaitant que les travaux du sommet puissent "profiter aux citoyens qui réclament plus d'intégration, plus d'ouverture et le maintien de politiques qui attirent la confiance, la prospérité, les investissements et le progrès".

A l'occasion du sommet, l'UE a signé un acte officiel qui constate la fin des négociations pour un accord d'association qui comprend une importante coopération économique et politique. Le Chili est devenu le second pays d'Amérique latine à conclure un accord de coopération avec l'Union européenne. Jusqu'à présent, seul le Mexique avait conclu, en juillet 2000, un accord d'association avec l'UE.

Proposition Juncker retenue

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a plaidé pendant les travaux en faveur de la mise en place d'un mécanisme de gestion prévisionnelle des crises macro-économiques, financières et monétaires entre les pays européens et d'Amérique latine. Il s'agirait d'un mécanisme informel dans lequel se rencontreraient les ministres des Finances et les présidents des Banques centrales des deux pôles pour analyser en commun la situation économique et financière et pour mieux coordonner les politiques économiques et monétaires au niveau mondial.

En effet, après les récentes crises financières, tout un chacun affirmait avoir pu prédire ces crises et qu'en fait elles étaient inévitables. Or, selon M. Juncker il faut "prévenir au lieu de réagir". Le président Aznar a retenu ce point comme un des thèmes majeurs de la coopération UE-Amérique latine.


Lors de la photo de famille. (de g. à dr.) 3e rang: l'ambassadeur de Santo Lucia, M. Edwin Laurent et le vice-ministre des Affaires étrangeres de Cuba,
2e rang: le Premier ministre Jean-Claude Juncker et Said Musa, Premier ministre de Belize
1er rang: le président Jacques Chirac, le président de la République Costa Rica, M. Abel Pacheco et le président de El Salvador Francisco Flores

Le premier entretien eut lieu avec le vice-président du Conseil d'Etat de la République de Cuba, M.Carlos Lage Davila. Jean-Claude Juncker s'est félicité de cet entretien qui permettra d'amorcer le développement des relations bilatérales entre le Grand-Duché et Cuba. Il s'est référé à la visite privée récente de S.A.R. la Grande-Duchesse. M. Lage a confirmé que Cuba est très intéressé à renforcer les relations avec le Luxembourg, que la visite de la Grande-Duchesse avait été très agrèable et que les autorités cubaines avaient appris beaucoup de choses sur le Luxembourg à cette occasion.

M. Lage a proposé d'entamer une coopération triangulaire dans le domaine de la santé entre Cuba, le Luxembourg et un pays partenaire du Luxembourg sur le plan de la coopération au développement.

Le vice-président a souligné que Cuba entretient de bonnes relations avec plusieurs Etats membres de l'Union européenne, mais que la position commune de l'Union est insatisfaisante et comprend une trop forte conditionnalité. M. Lage a invité l'Union à revoir sa position.

Le Premier ministre luxembourgeois a encore souligné ne pas vouloir donner des leçons aux autorités cubaines. Il insista cependant sur l'importance du respect de toutes les libertés politiques et civiles.

M. Juncker souhaiterait que le dialogue entre l'UE et Cuba s'intensifie. Ce dialogue devra être mené sur une base très large et ne pas connaître de tabous. Le Premier ministre a encouragé son interlocuteur à développer encore davantage les relations bilatérales avec les Etats membres de l'Union européenne. Après tout, les positions communes de l'Union sont le fruit des positions nationales des Etats membres.

Le Premier ministre Juncker ainsi que Lydie Polfer, ministre des Affaires étrangères, ont rencontré ensuite le président du Chili, M. Ricardo Lagos. Ce dernier a réitéré l'invitation au Grand-Duc à se rendre en visite d'Etat au Chili. M. Juncker a rappelé que le Grand-Duc s'était rendu au Chili à la tête d'une mission économique quand il était encore Grand-Duc héritier.

Jean-Claude Juncker s'est rappelé avoir rencontré M. Lagos quand il était encore ministre des Travaux publics. Il a remercié les autorités chiliennes d'avoir répondu si rapidement à la demande luxembourgeoise de conclure un accord aérien.

Le Premier ministre a aussi rappelé l'intérêt luxembourgeois à conclure un accord de non-double imposition. Il en avait déjà parlé à Mme la ministre Alvear en juin 2001. Le président Lagos a expliqué alors que le Chili avait entamé des pourparlers avec plusieurs pays européens.

En ce qui concerne la mission économique qui aurait dû se faire en novembre 2002, la ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer a proposé de la faire pour la 2e moitié de l'année en cours respectivement au printemps 2003. Le Premier ministre insista sur l'importance de cette mission, d'autant plus que les relations commerciales avec le Chili seraient trop peu développées.

Le président Lagos a expliqué qu'il est confiant que la situation économique du Chili s'améliorera. Pour l'an 2002, un taux de croissance de 3% est attendu et un taux d'inflation inférieur à 3%. Le chômage - qui est de l'ordre de 9 à 10% - constitue le problème majeur. Le Chili est fortement dépendant du développement économique de ses principaux partenaires commerciaux, à savoir l'Europe (30% du commerce chilien), l'Asie (25%) et les Etats-Unis (20%). Pour l'an 2003, le FMI prédit une croissance de 6%. Le président a estimé cependant qu'une telle prédiction serait très optimiste.

La seconde journée du sommet de Madrid fut surtout consacrée aux relations bilatérales.

C'est ainsi que le Premier ministre Jean-Claude Juncker a rencontré le président de la République du Nicaragua, M. Enrique Bolanos Geyer, investi en janvier 2002. A l'occasion de son investiture, le président Bolanos a proclamé un programme visant à encourager l'initiative privée, à moderniser les structures économiques, à créer un cadre favorable à l'investissement étranger, à réformer les institutions et à moraliser la vie publique.

Les relations bilatérales avec le Nicaragua sont très bonnes, le Nicaragua comptant parmi les pays cible de la coopération au développement du Luxembourg. Le ministre Charles Goerens s'est d'ailleurs rendu en visite officielle au Nicaragua en février 2001. Visite au cours de laquelle il a pu évaluer sur place l'impact de nos projets.

Le président Bolanos a remercié le Premier ministre Juncker de l'aide que le Luxembourg a apporté à son pays, et il a cité plus particulièrement le domaine de l'éducation qu'il a qualifié de "colonne vertébrale" du développement. Il a par ailleurs décrit le combat contre la corruption et a détaillé les difficultés économiques de son pays et de ses habitants.

M. Juncker de son côté a assuré le président Bolanos de la détermination du gouvernement luxembourgeois à apporter son aide au gouvernement du Nicaragua.

Les entretiens ont par ailleurs porté sur l'aide apporté par le FMI et la Banque mondiale dont il y aurait lieu de mieux adapter les critères aux réalités des pays concernés. Jean-Claude Juncker s'est dit persuadé que le changement est en cours. Il en veut pour preuve l'action de M. Horst Köhler qui selon lui est "un homme de l'espoir".

Le Premier ministre Juncker et la ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer ont eu ensuite un entretien avec le président des Etats Unis mexicains, M. Vicente Fox. Ce dernier s'est dit très intéressé par la proposition émise la veille par le Premier ministre luxembourgeois concernant un mécanisme de gestion prévisionnel des crises macroéconomiques, financières et monétaires et qui avait été retenu par le président du sommet Aznar comme un des thèmes majeurs de la coopération UE - Amérique latine.

Dans le contexte des relations économiques, la création d'un groupe d'entreprises belgo-luxembourgeoises amies du Mexique a été particulièrement saluée.

Il y a lieu de signaler aussi qu'un accord a été trouvé quant à la période à laquelle une mission de promotion économique conduite par Mme Polfer se rendra au Mexique au cours de cette année 2002. 

 

 

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