Une majorité au Luxembourg pour un élargissement progressif ou sélectif

Deux tiers des citoyens européens (66%) sont favorables à un élargissement de l’Union européenne alors que 22% y sont opposés, ce qui représente une légère augmentation de 4 points de pourcentage depuis septembre 2002. Au Luxembourg, le taux des réponses positives atteint au total 64%, taux similaire donc à la moyenne communautaire; il faut cependant signaler que, depuis septembre, ce taux a baissé de 5 points de pourcentage. 23% y sont opposés, taux en augmentation de 3 points. Les taux les plus favorables sont enregistrés en Italie (82%) et en Irlande (79%). Concernant les treize pays candidats actuels, les citoyens européens préfèrent, soit un élargissement progressif, soit un élargissement sélectif.

Autre fait particulier: les craintes exprimées comme suites d’effets potentiellement négatifs de l’élargissement ont augmenté. Il est cependant impossible d’évaluer si cette évolution est imputable directement à l’élargissement ou à l’environnement général, marqué par un net ralentissement de la croissance économique et une hausse du chômage.

Tels sont les résultats d’un "Flash Eurobaromètre" que la Commission européenne a réalisé en novembre 2002. 15 007 citoyens ont été consultés par téléphone dans les États membres, dont 938 au Luxembourg.

Niveau d’information variable

Trois quarts des citoyens européens ont déjà entendu parler de l’élargissement. Avec 90% (+10 points), le Luxembourg se trouve dans le peloton de tête.

Au niveau de l’UE, près d’un quart des personnes peuvent citer correctement trois pays candidats, 13% deux pays et 17% un pays. Quatre répondants sur dix n’ont fourni aucune réponse correcte. Au Luxembourg, 52% (+9 points) des sondés ont pu citer trois pays candidats, 13% (+1 point) deux pays et 11% (-2 points) un pays, tandis que 24% (-7 points) n’ont pu donner aucune réponse correcte. Avec une moyenne de réponses correctes de 1,9, le Luxembourg se retrouve en troisième position, après l’Autriche et le Danemark.

La notoriété des pays candidats dépend de la proximité géographique, des affinités culturelles ou historiques ainsi que des intérêts touristiques. Au niveau de l’UE, la Pologne, la Turquie, la République tchèque et la Hongrie sont les pays les plus connus. Ordre légèrement inversé au Luxembourg: 45% (-3 points) des sondés citent la Pologne en premier lieu, suivie de la Turquie (30%, +3 points) et de la République tchèque (28%, invarié) liée au Luxembourg par des liens traditionnels.

Près de deux tiers des citoyens européens situent le calendrier de l’élargissement entre les années 2003 et 2005. La catégorie de réponse ayant obtenu le plus de suffrages est celle proposant 2004, année déterminée officiellement pour l’élargissement. Plus de 40% des personnes au Luxembourg citent la date correcte, le pays se trouvant ainsi dans le peloton de tête avec le Danemark, l’Autriche et l’Irlande.

Pour un élargissement progressif ou sélectif

Tant au niveau européen que dans l’ensemble des pays de l’Union, deux options retiennent toujours les faveurs d’une grande majorité des personnes interrogées. Elles souhaitent

  • soit un élargissement progressif (39% des citoyens de l’Union),

  • soit un élargissement sélectif (36%).

Au Luxembourg plus spécifiquement, 8% (+2 points) des personnes interrogées sont en faveur d’un élargissement immédiat à l’ensemble des pays candidats actuels, 43% (-2 points) des sondés préfèrent une adhésion progressive dans le temps, 41% (inchangé) un élargissement sélectif, limité à quelques pays. 5% (-1 point) sont opposés à l’adhésion d’autre pays. Les personnes interrogées ont une opinion bien déterminée sur le sujet, puisque 3% (inchangé) seulement, le taux le plus bas de toute l’UE, "ne savent pas".

Impact majeur au niveau national

Les citoyens de l’UE sont convaincus que l’élargissement aura un impact surtout au niveau national, et moins au niveau personnel.

Au Luxembourg, 61% (+4 points) estiment que l’élargissement est important au niveau national, le pays se situant ainsi plutôt en bas de l’échelle. Plus d’un quart (34%, -3 points) estime qu’il n’est pas important. 51% pensent que l’élargissement est un événement important pour eux personnellement, par rapport à 45% qui estiment le contraire.

L’élargissement présente des implications politiques certaines et reconnues comme telles par les citoyens européens. Il renforce le rôle politique de l’UE sur la scène internationale, réduit le risque de guerre et de conflits en Europe, participe d’une logique historique, mais pèse par contre sur le processus décisionnel et risque de coûter très cher aux pays.

Au Luxembourg, les citoyens s’accordent largement sur le facteur de paix: 73% (-3 points; UE: 70%) pensent que l’élargissement réduit les risques de conflit. Pour 65% (-5 points; UE: 66%), il existe un devoir moral de réunifier l’Europe; pour 70% (-4 points; UE: 66%) l’élargissement est géographiquement et historiquement justifié. Le principal intérêt dégagé: pour 79% (-3 points) des personnes (UE: 81%), l’Union sera plus forte sur la scène internationale.

Le processus décisionnel deviendra-t-il plus difficile? 88% (+3 points), taux le plus élevé dans l’UE, éprouvent ce sentiment au Luxembourg (UE: 76%). 70% (+3 points; UE: 65%) craignent que l’élargissement ne coûte très cher au pays, 58% (+4 points; UE: 48%) qu’une Union plus grande ne soit forcément plus éloignée des citoyens. Par contre, les citoyens sont relativement peu nombreux à appréhender une diminution du rôle de leur pays. Les taux varient entre 22% en Espagne et 49% au Portugal; ils atteignent 38% (+1 point) au Luxembourg, petit pays par essence. L’inquiétude est évidemment moindre dans les grands pays.

De nouvelles opportunités au niveau socio-économique

De nombreux citoyens européens se montrent positifs voire très positifs quant à l’impact favorable de l’élargissement sur certains aspects socio-économiques.

  • Pour 84% (-2 points) des citoyens au Luxembourg (UE: 84%), les entreprises pourront se développer sur de nouveaux marchés,

  • pour 83% (UE: 78%), l’Union élargie sera plus riche culturellement,

  • pour 55% (-6 points; UE: 65%), il sera plus facile de trouver des solutions aux problèmes d’environnement.

Les résultats sont très contrastés en ce qui concerne l’affirmation que beaucoup de citoyens des pays candidats vont s’installer dans les Etats membres actuels. Le nombre de personnes se disant plutôt d’accord varie entre 41% en Finlande et 80% en Espagne. La crainte est généralisée dans les pays méditerranéens, mais aussi au Luxembourg (73%; -3 points).

Question corollaire à la précédente: dans dix pays sur quinze, l’opinion prévaut que l’élargissement ne facilitera pas le contrôle de l’immigration. Le Luxembourg (54%), avec un taux similaire à celui de la moyenne UE, se retrouve parmi les pays sceptiques.

Majoritairement, les citoyens de l’UE pensent que l’élargissement rendra la lutte contre la criminalité et le trafic de la drogue plus difficile. Cette appréhension s’exprime particulièrement dans les pays scandinaves, en Autriche et au Luxembourg, constatant, avec 74% (+1 point), le taux le plus élevé, après la Finlande (75%).

Dans cinq Etats membres sur quinze à savoir la Grèce (58%), le Portugal (57%), l’Allemagne (56%), l’Autriche (54%) et le Luxembourg (53%; +3 points), une augmentation potentielle du chômage constitue une appréhension réelle. Dans les autres, elle est moins redoutée.

Dans douze Etats membres, le taux des répondants craignant une baisse du niveau des avantages sociaux, a augmenté, la croissance étant particulièrement marquée en Allemagne (59%; +8 points), en Grèce (47%; +8 points), en Autriche (43%; +7 points), en France (51%; +6 points) et au Luxembourg (50%; +6 points).

(Source: Commission européenne, Représentation au Luxembourg)

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