Conseil européen sous Présidence autrichienne à Bruxelles

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker et le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, ont représenté le gouvernement luxembourgeois au Conseil européen, qui s'est tenu à Bruxelles, sous Présidence autrichienne, les 23 et 24 mars 2006.

Le ministre de l'Économie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké, et le ministre délégué aux Affaires étrangères et à l'Immigration, Nicolas Schmit, ont également fait partie de la délégation luxembourgeoise.

À l'ordre du jour du Conseil européen ont figuré:

  • la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne, y inclus les lignes directrices intégrées pour l’emploi et la croissance 2005-2008 ainsi que les programmes nationaux de réformes, de la recherche et de l’innovation;
  • la politique énergétique.

Stratégie de Lisbonne

Ce Conseil européen de printemps 2006 marque ainsi la première année de mise en oeuvre de la stratégie révisée de Lisbonne telle qu’adoptée au Conseil européen de mars 2005 sous Présidence luxembourgeoise.

La Présidence luxembourgeois avait à ce moment-là réussi à donner un nouvel élan et une nouvelle orientation à la stratégie pour l’emploi et la croissance tout en gardant les trois piliers, à savoir les dimensions économique, sociale et environnementale.

À la lumière de cette concentration ont été adoptées en juin 2005 les 21 lignes directrices intégrées (LDI). C’est sur ces lignes directrices que se sont basés les États membres pour présenter en automne 2005 leur programme national de réformes. Ces programmes nationaux ont été établis en concertation avec les parlements nationaux et les partenaires sociaux, comme ce fut aussi le cas au Luxembourg (Programme national de réforme 2005-2008: Plan national pour l'innovation et le plein emploi).

Le Conseil européen a donc établi un premier bilan des programmes nationaux de réformes et a confirmé les lignes directrices intégrées pour l’emploi et la croissance.

Il a défini de commun accord certains domaines d’actions prioritaires:

  • investir davantage dans la connaissance et l’innovation;
  • exploiter le potentiel des entreprises, notamment des PME;
  • augmenter les possibilités d’emploi pour les catégories prioritaires.

Politique de l’emploi au centre des discussions

Lors de la conférence de presse à l’issue du Conseil européen, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a souligné que les chefs d’État et de gouvernement avaient longtemps discuté de la politique d’emploi.

"Ainsi nous nous sommes mis d’accord de consentir tous les efforts pour créer en Europe au moins 2 millions de postes de travail par an jusqu’en 2010". Il serait également urgent "d’améliorer la situation des jeunes sur le marché du travail et de réduire sensiblement le taux de chômage parmi les jeunes".

"D’ici la fin 2007, chaque jeune ayant quitté l’école et se trouvant au chômage, devrait, dans un délai de 6 mois, se voir offrir un emploi, un apprentissage, une formation complémentaire ou une autre mesure propre à améliorer sa capacité d’insertion professionnelle", a indiqué Jean-Claude Juncker.

Le Premier ministre a par ailleurs relevé la création de l’Institut européen de technologie, qui vise à combler le décalage existant entre l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation, parallèlement à d’autres mesures qui favorisent les réseaux et les synergies entre les pôles d’excellence en matière d’innovation et de recherche en Europe.

"Il n’y a pas de diplomatie moderne, sans composante énergétique"

Dans le domaine de l’énergie, le Conseil européen préconise une politique énergétique coordonnée pour l’Europe afin d’assurer l’efficacité de la politique communautaire, la cohésion entre les États membres et la cohérence entre les actions menées dans différents domaines et d’atteindre, tout en les équilibrant, les trois objectifs suivants:

  • la sécurité de l’approvisionnement;
  • la compétitivité;
  • la viabilité économique.

Il s’agit de relever tout un ensemble de défis dans le domaine de l’énergie, notamment la situation difficile des marchés du pétrole et du gaz, la dépendance croissante à l’égard des importations, la hausse et la volatilité des prix de l’énergie, la croissance de la demande mondiale d’énergie, les menaces croissantes liées aux changements climatiques, etc.. Ne pas relever ces défis aurait des incidences directes sur l’environnement dans l’UE, ainsi que sur l’emploi et le potentiel de croissance, note le Conseil européen.

Citant le mémorandum du Benelux, Jean-Claude Juncker a souligné dans ce contexte qu'il avait attiré l’attention de ses collègues sur l’importance du volet externe de la politique énergétique: "Il n’y a pas de diplomatie moderne, sans composante énergétique", a estimé Jean-Claude Juncker, "c’est une dimension qui a toute son importance".

Conseil européen et "zone euro"

Finalement le Premier ministre a mis en exergue que c’est la première fois qu’un Conseil européen reconnaît qu’un traitement particulier devra être apporté aux douze pays qui constituent la zone euro. Le Premier ministre renvoya notamment au point 14 des conclusions du Conseil européen (.pdf) qui stipulent "Le Conseil européen considère qu'il est particulièrement important d'entreprendre des réformes structurelles plus soutenues dans les États membres de la zone euro et souligne la nécessité d'une véritable coordination des politiques au sein de cette zone, ce qui constitue entre autres une condition pour réagir avec une efficacité accrue aux évolutions économiques asymétriques à l'intérieur de l'union monétaire."

Avenir de l'Europe

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont fait le point sur le débat sur l'avenir de l'Europe, avant de se pencher sur la situation en Biélorussie après les élections présidentielles du 19 mars 2006.

En conclusion de leur échange de vues sur l'avenir du Traité constitutionnel, les chefs de la diplomatie européenne ont décidé de tenir une réunion ministérielle extraordinaire au cours des prochaines semaines consacrée à l'avenir de l'Europe.

"Cette réunion sera l'occasion de faire une appréciation des débats en cours dans les différents pays dans le cadre de la période de réflexion décidée lors du Conseil européen de juin 2005. À la lumière de cette évaluation, les ministres des Affaires étrangères réfléchiront ensemble sur la suite à donner à ce processus", a précisé Jean Asselborn.

Parlant de la Biélorussie, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a fait part de la condamnation unanime par les dirigeants européens des arrestations en masse qui ont eu lieu à l'occasion d'une manifestation antigouvernementale à Minsk dans la nuit du 23 au 24 mars. "Nous insisterons sur la libération de tous les prisonniers politiques, et condamnons avec la plus grande fermeté toute atteinte à la liberté d'expression", a déclaré le Vice-Premier ministre.

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